DESCRIPTION
Au sud du département du Jura, la région naturelle de la Petite Montagne se situe entre la plaine de Bresse et le cours de l’Ain. Ce territoire est ainsi dénommé d’après la fréquence des reliefs tourmentés. La structure géologique est constituée de trois faisceaux associés à deux étroites bandes de plateaux, ce qui se traduit par une alternance de crêtes et de dépressions orientées globalement nord-sud.
En contrebas du village d’Onoz, une mare est implantée dans une prairie de fauche. Ce point d’eau présentait autrefois une richesse écologique élevée et était connu comme un lieu de reproduction majeur pour les batraciens. Des travaux de comblement conduits en 1996 l'ont en grande partie détruit. Actuellement, l’assèchement est total en période estivale. Le secteur est colonisé par une végétation herbacée haute différenciée selon le degré d’humidité : roselière et cariçaie au centre, mégaphorbiaie à ortie et liseron à l’extérieur. Quelques buissons de saules cendrés sont également présents.
Cette mare fortement dégradée par l'homme présente une végétation uniforme sur son pourtour. L'eutrophisation du milieu est trahie par la présence d'une végétation nitrophile importante (orties, algues) et par l'apport d'eaux usées en provenance du village.
La mare d'Onoz est accolée à l'est à un coteau sec en voie d'enfrichement. Elle est séparée de celui-ci par une haie de frênes, de noisetiers et de ronces. Juste derrière cette haie se trouve une végétation herbacée mésophile à xérophile de type pelouse pâturée extensivement par quelques poneys. Colonisée par des fourrés de buis et de pruneliers, elle est entourée par une formation arbustive thermophile de buis et de chênes pubescents, entrecoupée par quelques noisetiers et tilleuls. Au nord-est de site se trouve une pelouse qui n'est plus pâturés et forme une clairière envahie par le brachypode penné.
Eléments paysagers autrefois caractéristiques de notre pays, les mares ont subi un déclin accéléré au cours du XXe siècle. Implantés dans des dépressions imperméables, ces points d’eau d’étendue réduite, de faible profondeur et dont le renouvellement en eau (souvent d’origine pluviale) est limité, sont en grande majorité d’origine humaine. Ces systèmes subissent de fortes interactions avec le milieu environnant, ce qui leur confère une forte variabilité hydrologique, physico-chimique et biologique interannuelle.
L’intérêt de ces hydrosystèmes - d’une grande complexité - dépasse largement leur taille restreinte. Ces espaces de transition, où les milieux terrestre et aquatique sont étroitement imbriqués, possèdent en général une productivité importante et un potentiel biologique élevé. Selon leur typologie, les mares abritent des espèces typiques et diverses, en majorité à caractère pionnier. Certaines sont aquatiques, d’autres amphibies et d’autres encore n’utilisent ce milieu que pour leur reproduction ou leur alimentation. Surtout, les mares revêtent un intérêt primordial pour la conservation des amphibiens : elles constituent des lieux de reproduction privilégiés où la prédation des œufs et têtards par les poissons est limitée.
A Onoz, l’intérêt du site est essentiellement d’ordre faunistique, puisqu’il héberge encore plusieurs amphibiens protégés et d’intérêt patrimonial en période de reproduction. Le crapaud sonneur à ventre jaune, la grenouille agile et le triton crêté viennent pondre dans les flaques persistant entre les blocs. La rainette verte était mentionnée autrefois, mais a disparu du site. Après la reproduction, les batraciens se dispersent dans les milieux diversifiés adjacents (prairies, haies, bosquets). Ces espèces présentent une répartition localisée, due à la raréfaction des lieux de reproduction et à la simplification des paysages. Les milieux humides sont rares en Petite Montagne, ce qui confirme d’autant plus la valeur de ce site.
STATUT DE PROTECTION
Cette zone est incluse dans le réseau Natura 2000 « Petite Montagne du Jura ». De plus, elle est soumise aux dispositions de la loi Littoral qui s'appliquent aux communes limitrophes du lac de Vouglans. En outre, la présence d’amphibiens et d'insectes protégés confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels du 23/04/07 et du 19/11/07).
OBJECTIFS DE PRÉSERVATION
Les particularités des mares leur confèrent une grande fragilité. Victimes de la modernisation de l’agriculture, de l’urbanisation croissante, d’un certain désintérêt ou d’a priori négatifs, ces plans d’eau subissent de nombreuses atteintes et disparaissent, et avec eux de nombreuses espèces.
D’ailleurs, la mare sous Onoz apparaît bien dégradée. Si sa situation dans une prairie de fauche est un facteur favorable, il faut néanmoins souligner les dégradations physiques importantes qu’elle a subies (comblement par de gros blocs de pierre) mais également celles plus insidieuses liées à la qualité de l’eau. On peut en effet supposer une pollution liée à des rejets domestiques.