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DESCRIPTION
Au sud du département du Jura, la région naturelle de la Petite Montagne se situe entre la plaine de Bresse et le cours de l’Ain. Ce territoire est ainsi dénommé d’après la fréquence des reliefs tourmentés. La structure géologique est constituée de trois faisceaux associés à deux étroites bandes de plateaux, ce qui se traduit par une alternance de crêtes et de dépressions orientées globalement nord-sud.
Le Suran est un affluent de l’Ain en rive droite qui s’écoule vers le sud, suivant l’axe des reliefs. Sur le tronçon considéré (de Loisia, où il prend sa source, à Montfleur, soit un linéaire d’environ 16 kilomètres), le Suran emprunte une vallée relativement large au regard de la taille du cours d’eau, ce qui permet une grande extension du lit majeur. Le paysage y est dominé par des prairies entrecoupées de haies et ponctuées de quelques bosquets de faible surface. Les groupements prairiaux présents témoignent de l’utilisation agricole intensive de cette zone et d’une eutrophisation certaine (enrichissement en éléments minéraux) : pâtures à ray-grass et crételle et prairies de fauche à berce et brome mou. La rivière est généralement bordée par une étroite ripisylve formée de saules blancs de grande taille mêlés de peupliers, d’une saulaie pourpre ou plus rarement, d’une aulnaie-frênaie. Des groupements herbacés exubérants à grandes laîches (cariçaies à laîche aiguë) et des roselières (à roseau phragmite et à baldingère faux-roseau) se développent sur les rives du Suran ou dans des zones non fauchées plusieurs années de suite.
La végétation aquatique du cours d’eau est diversifiée : des herbiers à myriophylle et nénuphar, à potamot noueux, à ache nodiflore ou à véronique mouron d’eau et berle dressée apparaissent ça et là dans la rivière, ainsi que des groupements de mousses sur les gros blocs. Toutefois, ces formations sont sérieusement concurrencées et étouffées par d'importants développements d'algues.
La structure paysagère de cette vallée et sa grande naturalité sont favorables à l’installation du castor d’Europe. Il faut souligner que le Suran est la seule rivière de Franche-Comté à bénéficier de la présence régulière de cette espèce, en dehors de la basse vallée du Doubs. Cette zone revêt donc un intérêt faunistique majeur, puisque cinq familles de ce rongeur, le plus gros d’Europe, s’y sont installées et s’y reproduisent. Très discret et de mœurs nocturnes, il vit au bord des eaux et s’en éloigne peu. Sa présence est révélée par des traces d’alimentation (arbres sectionnés avec une taille en « pointe de crayon », branches coupées nettement en biseau).
STATUT DE PROTECTION
Cette zone est incluse dans le réseau Natura 2000 « Petite Montagne du Jura ». En outre, la présence d’un mammifère protégé confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 23/04/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Dans ce contexte alluvial, la gestion agro-pastorale traditionnelle a contribué à créer des milieux à forte valeur intrinsèque. En effet, ces habitats sont en régression généralisée au plan national. Dans cette zone, l’intensification des pratiques (fertilisation, augmentation du chargement) entraîne un enrichissement en éléments nutritifs des prairies, qui se traduit notamment par une banalisation de la flore.
Compte tenu des enjeux de conservation de la flore et de la faune, la préservation durable des cours d’eau et des habitats associés passe par différentes actions, notamment celles prévues dans le cadre du document d’objectifs Natura 2000 :
- contrôler la qualité des eaux grâce à la réduction et la maîtrise des effluents d'origine domestique et agricole. Les rejets excessifs de matières polluantes (de phosphore, notamment) favorisent les proliférations algales ;
- poursuivre l'exploitation herbagère dans la vallée, en instaurant des pratiques plus extensives ;
- préserver les habitats naturels les plus remarquables : boisements riverains, zones humides et milieux aquatiques.
