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Description
Au sud du département du Jura, la région naturelle de la Petite Montagne se situe entre la plaine de Bresse et le cours de l’Ain. Ce territoire est ainsi dénommé d’après la fréquence des reliefs tourmentés. La structure géologique est constituée de trois faisceaux associés à deux étroites bandes de plateaux, ce qui se traduit par une alternance de crêtes et de dépressions orientées globalement nord-sud. La zone « En Chamarande » se situe dans un pli, sur les marges du plateau d’Orgelet, en contrebas du rebord oriental du faisceau externe. A l’est, le faisceau d’Orgelet-Poncin correspond à l’extrémité méridionale de la chaîne de l’Euthe. La dépression est colmatée par d’épais dépôts imperméables glacio-lacustres résultant de la dernière glaciation. Elle constitue ainsi un vaste secteur marécageux où serpente la Thoreigne, cours d’eau karstique alimenté par un réseau souterrain complexe, qui se perd lui-même dans plusieurs entonnoirs après un parcours de 9 kilomètres.
Au sud de Dompierre-sur-Mont, cette zone humide correspond au bassin amont de la Thoreigne. Elle se démarque nettement dans un contexte de prairies pâturées et de cultures intensives. Deux situations très contrastées se rencontrent sur ce site :
la partie orientale, toujours exploitée par l’agriculture, est occupée par des communautés pâturées humides eutrophes à jonc, ainsi que des groupements de friche dérivant d’une ancienne culture. Ces milieux abritent en particulier le silène de nuit, plante très rare redécouverte récemment, en danger critique d’extinction en Franche-Comté ; parmi les trois stations contemporaines régionales, celle-ci est la seule du département du Jura. Cette plante, dont les fleurs odorantes rose pâle ou blanc jaunâtre ne s’ouvrent que le soir et la nuit, se rencontre dans les champs, friches et décombres ;
la partie ouest du site, en situation de déprise agricole, évolue spontanément et présente une végétation beaucoup plus dense : mégaphorbiaies (groupements humides de hautes herbes) à reine-des-prés et cirse maraîcher, fourrés hygrophiles (saulaie marécageuse à saule cendré), cariçaies à laîche aigüe et roselières à phragmites.
La structure paysagère semi-ouverte, diversifiée et hétérogène, est favorable à l’accueil d’une faune typique. En particulier, parmi les oiseaux, il faut souligner la présence régulière de la pie-grièche grise. Ce passereau, qui est en voie de régression alarmante en France, est aussi l’un des plus menacés de Franche-Comté. Sur ce site, l’existence de trois couples reproducteurs constitue l’enjeu majeur de conservation.
Statut de protection
La zone est incluse dans le réseau Natura 2000 « Petite Montagne du Jura ». En outre, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels du 23/04/07 et du29/10/09).
Objectifs de préservation
Comme pour l’ensemble des zones humides, les fonctions de ce secteur dans le cycle de l’eau sont importantes : rétention pendant les périodes pluvieuses, alimentation des nappes souterraines, auto-épuration des eaux de surface. La zone « En Chamarande », autrefois nettement plus étendue, est soumise à des menaces actives. D’un côté, l’intensification des pratiques agricoles (drainage, retournement pour mise en culture) entraîne une régression des prairies humides, comme c’est le cas d’une manière générale. A l’inverse, l’abandon des usages agro-pastoraux dans les secteurs les plus difficiles à exploiter conduit à l’enfrichement, évolution naturelle de ces milieux en l’absence d’entretien. Dans ce contexte, le maintien de la vocation prairiale de cette zone et la poursuite d’un mode d’exploitation extensif (en évitant les intrants) sont essentiels.
Cette zone est située à proximité de la combe de Présilly, où niche également la pie-grièche grise. Il est probable que ces deux sites constituent des maillons d’un réseau favorable à des échanges entre populations.
