DESCRIPTION
La source de la Loue est une résurgence dont les eaux jaillissent des calcaires du Jurassique supérieur à l’extrémité amont d’une reculée encaissée et sinueuse. Les gorges de Nouailles, qui entaillent le plateau de Levier, forment ainsi un canyon profond de plus de 150 mètres. Par son aspect sauvage, la portion de vallée qui s’étend de la source jusqu'à la grotte des Faux-Monnayeurs présente un très fort intérêt paysager.
Le fond de la vallée, très étroit, est intégralement occupé par la rivière. Les versants sont essentiellement couverts de forêts, la plupart étant reconnues d’intérêt européen :
hêtraies chaudes sur les versants d'adret et les rebords du plateau. Plusieurs types (à laîche blanche ou à seslérie) s’expriment selon les conditions de sécheresse et de thermophilie ;
tiliaie-érablaie à feuilles d’obier, sur gros blocs et fortes pentes, en conditions sèches ;
hêtraie à tilleuls, fréquente sur les versants froids à mésothermes ;
érablaie à scolopendre sur éboulis grossiers et mobiles, présentant deux faciès, l'un dominé par l'érable sycomore et la scolopendre, l'autre par le frêne, l'orme de montagne et la lunaire vivace. Les fourrés à noisetier et sureau noir constituent les stades pionniers, plus ou moins stables selon les conditions, de cette forêt froide de ravins et de pentes ;
frênaie-érablaie à corydale de fond de vallon ;
frénaie-érablaie riveraine mésohygrophile en bordure du cours d’eau.
Les milieux ouverts sont peu représentés mais très particuliers. Par exemple, des tufières plus ou moins construites apparaissent au niveau des suintements, notamment sur les versants d'ubac. La conservation de ces habitats remarquables structurés par des mousses du genre Cratoneuron, est prioritaire en Europe. Plusieurs associations dominées par les fougères se développent sur les parois confinées. Des lambeaux de pelouses sèches apparaissent sur les vires, escarpements et éboulis : formations xérophiles à laîche humble et anthyllide des montagnes sur les secteurs les plus exposés, plus rarement à œillet de Grenoble et fétuque des rochers, ou encore à koelérie pyramidale et seslérie en situation plus froide. Les éboulis sont colonisés par une végétation spécifique. On note également des pelouses mésophiles, des ourlets thermophiles ou encore des lisières hygrophiles à hautes herbes.
Plusieurs plantes patrimoniales sont associées à ces habitats : la potentille caulescente, l’anthyllide des montagnes, l’œillet de Grenoble (toutes trois protégées dans la région), ainsi que la fétuque de Patzke (quasi-endémique en France) et le cynoglosse d'Allemagne.
De plus, ce site présente une grande valeur faunistique : les gorges de Nouailles sont connues de longue date pour la nidification du faucon pèlerin, et, plus récemment, du hibou grand duc, ce qui confère à cette zone un intérêt ornithologique majeur. Les parois escarpées constituent en effet le biotope de prédilection de ces oiseaux emblématiques.
Deux grottes sont aussi implantées dans cette zone, sièges de l'hibernation d'au moins dix espèces différentes de chauves-souris. Les indices chiroptérologiques de ces grottes sont de 18 et 22.
STATUT DE PROTECTION
Cette zone est incluse dans le réseau Natura 2000 « Vallée de la Loue » et fait l’objet d’un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope en vue de la protection réglementaire des habitats du faucon pèlerin. De plus, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels du 29/10/09, du 23/04/07 et du 22/06/92). Enfin, ce secteur fait partie du site classé « Gorges de Nouailles et sources de la Loue à Mouthier-Haute-Pierre » et du site inscrit « Haute et Moyenne Vallée de la Loue » au titre de la loi de 1930.
OBJECTIFS DE PRÉSERVATION
Du fait de la nature forestière et escarpée du site, la forte fréquentation touristique semble avoir un impact relativement limité sur la flore et la végétation. Pour les mêmes raisons d’inaccessibilité, les forêts ne sont pas exploitées, ce qui rehausse leur intérêt écologique.
Le dérangement et la fermeture des accès des gîtes constituent des menaces pour les colonies de chauves-souris.
Enfin, il est à noter que la plus grande tranquillité doit être assurée aux oiseaux rupestres, notamment en période de nidification, ainsi qu'aux colonies de chauves souris en période hivernale.