DESCRIPTION
Dans sa haute vallée, la Loue incise profondément les plateaux calcaires ondulés du Jurassique. De part et d’autre de la vallée, le plateau d’Ornans est entaillé par de nombreuses reculées annexes, très digitées, telles que celle du ruisseau d’Amatay. Celles-ci-ayant été creusées dans des assises à dominante marneuse, leurs versants ont une pente relativement douce. Seuls les calcaires massifs du faciès Rauracien ont résisté et forment un escarpement bien visible qui domine le coteau de l’Echaule.
Ce grand coteau, situé au nord-ouest de Montgesoye, est occupé en majeure partie par des formations herbacées de type pelouse et prairies très sèches, installées à la faveur de facteurs particuliers : sols superficiels, relative pauvreté en éléments nutritifs, réserves en eau limitées et ensoleillement important. Divers types de pelouse se répartissent selon la nature et l’épaisseur du sol : groupement mésoxérophile acidicline à danthonie retombante et brachypode penné, marnicole à plantain serpentant et lotier maritime, à caractère montagnard, ou encore mésophile à brome dressé et sainfoin. Des pâtures mésophiles et humides complètent cette mosaïque d’habitats. La dynamique d’évolution tend vers une recolonisation par la forêt, ce qui se traduit par la présence d'ourlets (groupements à aigremoine eupatoire), de buissons de genévriers et de lisières thermophiles, surtout en haut de pente. Ces formations sont riches en insectes, et notamment en papillons de jour : la présence de la bacchante, protégée au plan national, y est attestée. Ce papillon recherche des faciès boisés thermophiles et riches en graminées (lisières, ourlets, bois clairs).
En tête de bassin, le ruisseau d’Amatay se caractérise par des eaux froides dont la qualité devrait être optimale, c'est-à-dire fraîches et oxygénées, pauvres en éléments nutritifs et non polluées. Dans ce cas, les cours d'eau abritent tout un cortège d'espèces indicatrices, qui y trouvent des zones de frayères, comme la lamproie de Planer, le chabot, la truite fario ou encore la salamandre et le sonneur à ventre jaune. Ils sont également riches d'une faune invertébrée variée et très sensible aux pollutions diverses : écrevisses à pattes blanches, certains genres ou familles de perles (Perlidae, Perlodidae, Chloroperlidae…), d’éphémères (Epeorus, Habrophlebia) et de trichoptères (Odontoceridae, Brachycentridae…). La présence d’une population d'écrevisses à pattes blanches témoigne de la bonne qualité du ruisseau d’Amatay.
STATUT DE PROTECTION
Cette zone est incluse dans le réseau Natura 2000 « Vallée de la Loue » et le ruisseau d’Amatay fait l’objet d’un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope en vue de la protection réglementaire de l’écrevisse à pattes blanches et des espèces patrimoniales associées. En outre, la présence de plusieurs espèces citées dans les arrêtés ministériels des 21/07/83 et 23/04/07 assure la protection de cette zone puisque tout acte de destruction à l'encontre de ces espèces et de leur milieu de vie est interdit. Enfin, cette zone fait partie du site inscrit « Haute et Moyenne Vallée de la Loue » au titre de la loi de 1930.
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Le ruisseau d’Amatay fait partie de ces écosystèmes remarquables qui se sont considérablement raréfiés en Franche-Comté. D’une manière générale, ces ruisseaux de tête de bassin font trop souvent l'objet de pollutions diffuses (d’origine parfois lointaine dans ces systèmes karstiques), de travaux anarchiques dans le lit mineur ou en bordure immédiate, de braconnage et d'alevinages intempestifs (notamment en espèces non indigènes) ou encore d'agressions diverses sur le bassin versant.
Concernant les pelouses, une fermeture excessive du milieu risquerait d’être préjudiciable à la population de bacchante. Les orientations conservatoires doivent s'attacher à ménager des lisières progressives et des parties boisées claires. Enfin, le maintien d'îlots de buissons dans les zones pâturées constitue un élément favorable sur le plan de la biodiversité.