DESCRIPTION
Dans sa haute vallée, la Loue incise profondément les plateaux calcaires ondulés du Jurassique. A Mouthier-Haute-Pierre, au débouché des gorges de Nouailles, la vallée s’élargit un peu et traverse des séries chevauchantes et faillées de l’extrémité nord du faisceau salinois. Dominant le village, et surplombant la route RD 67 de toute sa verticalité, la falaise de la Baume constitue un spectaculaire linéaire rocheux exposé du sud-ouest au nord-ouest. Elle révèle la superposition de couches géologiques calcaires du Jurassique inférieur à moyen : marnes et calcaires marneux de l’Aalénien, surmontés par les bancs calcaires massifs et puissants du Bajocien et du Bathonien. Lorsque ce dernier niveau affleure en falaise, l’érosion isole des blocs verticaux, car la masse compacte est fracturée par de grandes diaclases verticales. La cascade de Syratu dévale au milieu de cette falaise, d’où la présence d’une végétation des sources incrustantes, dominée par des mousses.
Les conditions écologiques drastiques (thermophilie et sécheresse extrême) entraînent la sélection de groupements et d’une flore très spécialisée, très peu recouvrante. Les formations boisées se déclinent en chênaies-hêtraies calcicoles xérophiles et même en chênaies pubescentes en haut de corniche, ou encore en hêtraies-chênaies sur les fortes pentes caillouteuses.
Les groupements ouverts sont également remarquables : une pelouse xérophile d’affinité montagnarde relevant de l’association à laîche humble et anthyllide des montagnes s’exprime sur les rebords de corniche. Son extension est toujours limitée compte tenu de ses caractéristiques. La paroi proprement dite est colonisée par un groupement très spécialisé, s’installant à la faveur des fentes de la roche. Enfin, des éboulis fins à moyens sont colonisés par une formation à galéopsis à feuilles étroites, typique des pentes bien exposées, assez répandue dans le massif jurassien au-dessus de 600 mètres, mais toujours très localisée.
Outre l’intérêt écologique lié à présence de ces habitats étroitement juxtaposés, ce site présente une grande valeur faunistique : la présence d’un couple de faucon pèlerin lui confère en effet un intérêt ornithologique majeur. Cet oiseau niche régulièrement dans les anfractuosités et sur les vires de cette falaise. Les parois escarpées constituent le biotope de prédilection de ce rapace emblématique qui a failli disparaître en France. D’autres espèces liées à ces milieux nichent également sur ce site : l'hirondelle des rochers et le martinet à ventre blanc, dont les aptitudes au vol et aux acrobaties aériennes sont remarquables, atteignent dans le massif jurassien leur limite septentrionale de répartition. C’est également le cas du bruant fou, passereau en danger sur la liste rouge régionale. Il se reproduit sur les versants rocailleux, ensoleillés et bien dégagés des zones montagneuses, où il construit son nid au sol.
STATUT DE PROTECTION
Cette zone est incluse dans le réseau Natura 2000 « Vallée de la Loue » et la falaise fait l’objet d’un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope en vue de la protection réglementaire des habitats du faucon pèlerin. Les pratiques de l'escalade, du delta-plane et du vol libre y sont ainsi interdites du 15 février au 15 juin, de même que les travaux d'équipement forestier et routier dans une zone de 200 mètres au pied des falaises et de 50 mètres en retrait du sommet. En outre, cette zone héberge des oiseaux protégés au plan national (arrêté ministériel du 29/10/09). Enfin, ce secteur fait partie du site inscrit « Haute et Moyenne Vallée de la Loue » au titre de la loi de 1930.
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Compte tenu de sa situation et de son inaccessibilité, ce site ne semble pas menacé à l'heure actuelle.
Il faut souligner que la plus grande tranquillité doit être assurée aux oiseaux rupestres, notamment lors de la période de nidification. A cet effet, la protection réglementaire vise à éviter tout dérangement, que ce soit lors de pratiques de loisirs ou au cours de travaux forestiers.