DESCRIPTION
Le réseau de mares d’Arc-et-Senans se situe dans la région naturelle de la basse vallée de la Loue et de la plaine doloise, en bordure du faisceau de Quingey. Il constitue lui-même une sous-partie d'un ensemble plus vaste qui s’étend à cheval sur les départements du Doubs et du Jura.
Eléments paysagers autrefois caractéristiques de notre pays, les mares ont subi un déclin accéléré au cours du XXe siècle. L’intérêt de ces hydrosystèmes - d’une grande complexité - dépasse largement leur taille restreinte. Ces espaces de transition, où les milieux terrestre et aquatique sont étroitement imbriqués, possèdent une productivité importante et un potentiel biologique élevé. Surtout, ils revêtent un intérêt primordial pour la conservation des amphibiens : ils constituent des lieux de reproduction privilégiés où la prédation des œufs et têtards par les poissons est limitée. C’est le cas du réseau de mares d’Arc-et-Senans, qui héberge des batraciens de grand intérêt patrimonial, devenus rares et menacés.
Cet ensemble regroupe cinq entités. Au nord, deux mares sont implantées en limite de la forêt de Chaux. Elles abritent chacune une population de triton crêté, espèce d’intérêt européen ; la grenouille agile est également relevée dans la mare du Canton d'Amont. Au sud, une zone humide pâturée située à 500 mètres de la Loue comprend cinq mares ou dépressions régulièrement inondables, non loin d’un lotissement. Ces points d’eau sont entourés de buissons de saules et de groupements de roseaux phragmites. Ils hébergent une population de rainette verte, espèce dont la découverte est récente dans la basse vallée de la Loue. Forte d’une petite vingtaine de chanteurs, elle se répartit entre la zone humide principale et les secteurs périodiquement inondés (à quelques dizaines de mètres en prairie). Enfin, une autre mare se localise à proximité de la gare. Après la reproduction, les batraciens se dispersent dans les milieux diversifiés alentours (prairies, haies, bosquets).
L’intérêt botanique est également remarquable : ces mares hébergent en effet deux plantes peu communes, la laîche faux-souchet (protégée en Franche-Comté) et la lentille d’eau à trois lobes.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 22/06/92 et 19/11/07).
OBJECTIFS DE PRÉSERVATION
L’état de conservation est jugé moyen à bon pour la majorité de ces mares et mauvais pour deux d’entre elles. En raison de leurs particularités, d ces points d’eau présentent une grande fragilité. Victimes de la modernisation de l’agriculture, de l’urbanisation croissante, d’un certain désintérêt ou d’a priori négatifs, ces plan d’eau subissent de nombreuses atteintes et disparaissent, et avec eux de nombreuses espèces. L’implantation de plusieurs de ces mares en milieu prairial et l’utilisation de la plupart d’entre elles comme abreuvoir est garante de leur pérennité. Le maintien de la vocation prairiale aux alentours est à préconiser. Plus globalement, le maintien du fonctionnement hydrologique de la zone humide proche de la Loue et de son caractère inondable semble primordial à moyen terme. Il est à noter que le contexte d’urbanisation diffuse peut constituer une menace potentielle pour ces mares.
Enfin, cette zone fait partie intégrante d’un réseau écologique autorisant des échanges entre populations : cette notion est essentielle pour la conservation de la rainette verte notamment. Par exemple, il est probable que la mare située à proximité de la gare serve de lien entre cette sous-population et celle de Champagne-sur-Loue ; la végétation bordant la voie ferrée constituerait ainsi un corridor pour le déplacement des individus. De nos jours, les amphibiens présentent généralement une répartition localisée, due à la raréfaction des lieux de reproduction et à la simplification des paysages.