ZNIEFF 430020448
LE MONTORGE

(n° régional : 46000055)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Le relief jurassien est fortement marqué par des phénomènes karstiques issus du pouvoir de dissolution par l’eau des roches calcaires. Outre l’existence de formes particulières (dolines, gouffres, grottes, etc.), la morphologie karstique se caractérise par la rareté des écoulements superficiels, ce qui traduit une infiltration rapide des eaux dans le réseau souterrain. C’est le cas du Montorge et de son affluent, sur la commune de Villers-sous-Chalamont. De nombreuses sources forestières sont à l’origine de ce cours d’eau qui disparaît dans une perte. Au-delà, son régime devient intermittent. Il s’écoule en contexte majoritairement forestier, excepté dans sa partie aval (à partir de la confluence), où il traverse des prairies pâturées. Il est alors bordé d’une ripisylve continue.

 

La Franche-Comté montre une grande richesse en cours d'eau aux caractéristiques diversifiées. Selon la nature géologique du sous-sol, la topographie, la climatologie et la couverture végétale, on peut ainsi établir une typologie des cours d'eau et définir une zonation amont-aval à laquelle correspondent des peuplements distincts.

 

Le Montorge présente une très faible pente (1,5 %). Ce type de cours d’eau de tête de bassin se caractérise par des fonds grossiers et des eaux froides dont la qualité devrait être optimale, c'est-à-dire fraîches et oxygénées, pauvres en éléments nutritifs et non polluées. Dans ce cas, les cours d'eau abritent tout un cortège d'espèces indicatrices, qui y trouvent des zones de frayères, comme la lamproie de Planer, le chabot, la truite fario ou encore les larves de salamandre et le sonneur à ventre jaune. Ils sont également riches d'une faune invertébrée variée et très sensible aux pollutions diverses : écrevisses à pattes blanches, certains genres ou familles de perles (Perlidae, Perlodidae, Chloroperlidae…), d’éphémères (Epeorus, Habrophlebia) et de trichoptères (Odontoceridae, Brachycentridae…). Ce ruisseau et son affluent hébergent une population d’écrevisses à pattes blanches. Il faut souligner que cette espèce possède un caractère indicateur en regard de la qualité de l’eau et de l’habitat aquatique. Sachant que 80 % de ses populations ont disparu depuis le milieu du XXe siècle en Franche-Comté, la préservation de cette espèce et des ruisseaux qui l’abritent apparaît comme un enjeu majeur.

 

STATUT DE PROTECTION

Un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope en date du 19/08/09 assure la protection réglementaire des habitats de l’écrevisse à pattes blanches et des espèces de faune et de flore patrimoniales associées. En outre, la présence d'une espèce citée dans l'arrêté ministériel du 22/06/92 assure la protection de cette zone puisque tout acte de destruction à l'encontre de cette espèce et de son milieu de vie est interdit.

 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

Les cours d’eau de tête de bassin comme le Montorge font partie de ces écosystèmes remarquables qui se sont considérablement raréfiés en Franche-Comté, de sorte qu'il n'en subsiste qu'un peu plus d’une centaine aujourd'hui. Ils sont particulièrement fragiles et sensibles à toute dégradation. D’une manière générale, ils font trop souvent l'objet de pollutions chimiques ou organiques diffuses, de travaux anarchiques dans le lit mineur (creusement, calibrage ou élargissement) ou en bordure immédiate (réalisation d'étangs, captage d'eau, aménagement de piste ou de chemin revêtu ou non d'une émulsion), de braconnage et d'alevinages intempestifs (notamment en espèces non indigènes) ou encore d'agressions diverses dues à l'exploitation sylvicole et agricole intensives sur le bassin versant.

 

Le maintien du bon état de conservation du Montorge est lié à la préservation du bassin versant. Plusieurs causes potentielles de pollution peuvent être identifiées : route forestière surplombant les sources en amont, habitations isolées et exploitations agricoles aux alentours. En outre, il convient de proscrire toute extension des plantations de résineux à proximité immédiate des cours d’eau. Enfin, outre les menaces et dégradations déjà évoquées, il convient d'attirer l'attention sur la présence d'une espèce invasive, Glyceria striata subsp. striata, omniprésente dans les secteurs perturbés ou remués.

Commentaires sur la délimitation
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