Commentaire général
Située sur le territoire communal de Loray, au centre du département du Doubs et à une altitude d’environ 750 mètres, la pelouse de « Sous la Meule » s’étend sur une bonne dizaine d’hectares. Elle s’inscrit dans cette vaste entité naturelle du Plateau de Pierrefontaine où de grandes surfaces de prairies et de pelouses sont animées par des réseaux de haies encore conséquents.
Le socle de ce plateau est composé principalement de calcaires durs du Jurassique moyen et supérieur, alternant le plus souvent avec des interlits marneux ou de minces couches de calcaires marneux. L’éventail des sols y est alors assez diversifié, depuis des sols très superficiels jusqu’à des sols profonds, parfois carbonatés, parfois hydromorphes à la faveur de niveaux imperméables en profondeur. Cette diversité des sols et du substrat va de pair avec la diversité des communautés végétales qui les ont colonisés.
Le site de « Sous la Meule » repose justement sur des calcaires durs du Jurassique supérieur, donnant naissance à des sols généralement assez peu profonds. Par endroits, les dalles affleurantes, dénuées de végétation, n’en reste pas moins capitales dans la diversité des habitats du site. Ainsi, malgré des pluies relativement abondantes subsistent des communautés végétales marquées par des conditions de sécheresse une grande partie de l’année (réservoir utile faible, topographie favorable au drainage) que sont les pelouses. D’un intérêt assez limité pour l’agriculture, ces terrains ne sont plus exploités ou de façon très extensive. Dès lors, l’enfrichement gagne peu à peu sur les faciès ras, limitant encore davantage les pratiques agricoles et notamment le pâturage (accessibilité malaisée pour le bétail). Prunelliers, aubépines et autres arbustes des fruticées se développent aisément à la faveur de telles situations alors que les secteurs les moins contraignants d’un point de vue morphologique sont voués à la prairie de fauche. Orpins, thym serpolet…, accompagnés d’autres plantes de pelouses composent l’essentiel de la végétation sur les coteaux « séchards ».
La physionomie du site « Sous la Meule » et la composition de ses communautés végétales mésoxérophiles alternant avec les friches buissonneuses sont favorables à un large éventail d’espèces animales et notamment de papillons qui font l’intérêt patrimonial du site. En effet, vingt-cinq espèces inscrites sur la liste rouge des espèces menacées en Franche-Comté ont été observées : fadet de la mélique, tristan, moiré franconien, petite tortue… Parmi elles, l’hespérie de la mauve, considérée comme prioritaire pour la conservation dans la région franc-comtoise, y a été observée.
Statut de protection
L’inscription du site « Sous la Meule » au réseau Natura 2000 implique que soient préservés les espèces et les habitats menacés ou remarquables. C’est ici le seul moyen réglementaire permettant de protéger cette pelouse et son cortège exceptionnel de papillons.
Objectifs de préservation
Actuellement, la pelouse « Sous la Meule » fait l’objet, dans les secteurs les plus accessibles, d’un pâturage bovin parfois assez intensif comme sur le haut du coteau, ou d’opérations de fauche d’entretien sur les zones de « refus ». À l’opposé, sur les secteurs les plus escarpés, moins favorables aux pratiques et aux objectifs agricoles actuels, les buissons gagnent peu à peu du terrain sur les zones ouvertes.
Afin de maintenir un état favorable à la population d’insectes, il serait judicieux de maintenir le site dans son état actuel, en favorisant l’alternance de faciès ras (pelouse) et de petits îlots de fruticées, mesure d’autant plus judicieuse que le milieu s’avère potentiellement favorable à l’azuré du serpolet, espèce protégée au niveau national. Il serait également intéressant de rechercher dans les communes environnantes des secteurs de même composition végétale afin de pouvoir assurer le maintien à plus grande échelle d’une richesse entomologique d’un intérêt patrimonial indéniable.