ZNIEFF 430020470
LE MORAY

(n° régional : 46000054)

Commentaires généraux

COMMENTAIRE GENERAL

La vallée du Drugeon occupe une large cuvette qui repose sur des dépôts glaciaires où alternent des couches plus ou moins imperméables. Celles-ci sont à l’origine de la formation de vastes zones humides, notamment des tourbières. En effet, dans le massif du Jura, en altitude, les facteurs climatiques sont propices à leur installation. Dans son ensemble, ce bassin, où les milieux juxtaposés en mosaïque se complètent, constitue une unité écologique d’une valeur exceptionnelle, unique dans toute la chaîne jurassienne et en France. Au nord de Pontarlier, de part et d’autre de la route N5, la zone du Moray correspond à ce qui subsiste d’un vaste marais en rive gauche du Drugeon. La superficie de cette dernière zone humide avant la confluence avec le Doubs a beaucoup régressé suite à des extractions de matériaux alluvionnaires.

 

Cet ensemble réunit une grande variété de formations végétales contrastées disposées en mosaïque, ce qui rehausse son intérêt écologique : du fait de la topographie hétérogène, des zones humides et tourbeuses sont étroitement juxtaposées à des formations plus sèches.

 

Le marais renferme des groupements tourbeux à différents stades d’évolution : bas-marais alcalins et acides, marais de transition et tourbières boisées. Des prairies humides à trolle d’Europe et des mégaphorbiaies (formations humides de hautes herbes) s’étendent en périphérie, ainsi que quelques lambeaux de saulaies riveraines. Les conditions contraignantes de ces milieux entraînent la sélection d’un cortège floristique original, riche en éléments rares et menacés, dont plusieurs sont protégés en France ou dans la région : la laîche en touffe, qui présente une belle population au niveau du Pont Rouge, la polémoine bleue, qui anime les mégaphorbiaies de sa floraison abondante et colorée ainsi que le rumex aquatique.

 

En outre, des pelouses mésophiles (assez sèches) à gentiane printanière et brome dressé viennent compléter l’ensemble. Cette association caractérise les pâturages d'altitude extensifs jurassiens. La richesse floristique y est généralement très élevée, à la fois en termes de diversité et d’abondance de plantes rares et menacées. C’est le cas de cette pelouse, où l’on note la présence d’une petite population d’une espèce protégée dans la région.

 

STATUT DE PROTECTION

Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence de plantes protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 20/01/82 et 22/06/92).

 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

Les zones humides (tourbières et prairies humides notamment) sont des réservoirs de biodiversité et jouent également un rôle régulateur important dans la circulation des eaux superficielles et souterraines de la région. Dans le cas du bassin du Drugeon, cet intérêt est rehaussé par la qualité exceptionnelle de cet immense secteur. Toutefois, ces habitats sont particulièrement fragiles et sensibles aux perturbations. L’environnement immédiat de la zone du Moray est très marqué par des activités humaines (extraction de granulats, axe routier très fréquenté) qui influent sur la fonctionnalité hydrologique (niveau de la nappe) et la qualité des eaux. L’impact peut être préjudiciable pour la conservation des habitats humides et des espèces.

Concernant les pelouses sèches, l’arrêt du pâturage sur ce secteur s’est traduit par une densification du couvert végétal (colonisation par des graminées sociales telles que le brome dressé et le brachypode penné), préjudiciable au maintien des espèces patrimoniales. Compte tenu des enjeux botaniques majeurs, il convient de mettre en place un programme de gestion, comprenant une phase de restauration (fauche au début du printemps, afin de rouvrir le milieu), suivie d’un entretien régulier (pâturage très extensif, voire fauche tardive annuelle), avec exportation des produits de fauche, et ce, afin d’éviter tout enrichissement en éléments nutritifs.

Commentaires sur la délimitation
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