ZNIEFF 430020479
PELOUSES ROCHEUSES DE GRANDE-RIVIERE ET DE SAINT-PIERRE

(n° régional : 41047014)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Dans le Haut-Jura plissé, la région naturelle du Grandvaux correspond à une vaste étendue déprimée et marquée par l’érosion et les accumulations glaciaires. Ce secteur comprend un remarquable ensemble de milieux humides (lacs, tourbières et prairies humides) auquel sont juxtaposées des pelouses et prairies montagnardes.

 

Au nord-ouest du lac de l’Abbaye, la zone des pelouses de Grande-Rivière et de Saint-Pierre comprend cinq entités de pelouses rocailleuses, en situation bien exposée, plus ou moins embroussaillées selon les cas. Ces secteurs se situent sur une côte d’orientation nord‑est/sud‑ouest dominant la dépression occupée par le lac de l’Abbaye. Les zones écorchées où affleure fréquemment un sol nu et caillouteux sont colonisées par une végétation maigre et bien fleurie dominée par des orpins et par le thym serpolet. Des groupements de pelouses plus mésophiles apparaissent sur sol plus épais. La plupart des sites (En Demourey, Combe aux Clercs), parsemés de quelques arbres et arbustes (buissons de genévriers, notamment), restent bien ouverts, tout comme la vaste zone des Putets, très écorchée, qui présente un paysage atypique. Par contre, le secteur des Richards est nettement plus embroussaillé : des bosquets arbustifs ou arborés bordés de lisières thermophiles se développent localement.

 

Divers facteurs sont favorables à l’expression de groupements de pelouses dans ce secteur où le substrat calcaire du Crétacé inférieur et du Jurassique supérieur est très filtrant : sols superficiels à squelettiques, relative pauvreté en éléments nutritifs, réserves en eau limitées, ensoleillement important. Ces conditions contraignantes entraînent la sélection d’une flore diversifiée, riche en espèces patrimoniales et comprenant de nombreux éléments d’affinité méditerranéenne.

 

Ces milieux très ouverts et fleuris sont favorables à l’accueil de cortèges d’insectes spécialisés. Concernant les papillons de jour, plusieurs de ces zones accueillent l’apollon : cet insecte thermophile d’affinité montagnarde, protégé en France, est particulièrement menacé. Ses chenilles se nourrissent de feuilles d’orpin, uniquement par temps ensoleillé. D’autres espèces présentent également une répartition localisée : la virgule, les hespéries des potentilles et du faux-buis (inféodées aux milieux secs et très ras), le fadet de la mélique (prairies sèches à mésophiles) ou encore la thécla du prunellier (milieux secs buissonnants). Le cuivré de la verge d’or, quant à lui, est lié aux formations herbacées plus humides avoisinantes.

 

STATUT DE PROTECTION

Cette zone est incluse dans le réseau Natura 2000 du « Grandvaux ». En outre, la présence d’un insecte protégé confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 23/04/07).

 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

D’une manière générale, les pelouses sèches subissent une régression alarmante et deviennent des milieux relictuels. Les menaces sont liées soit à un enfrichement suite à une déprise agricole, soit, à l’inverse, à une intensification. Si certaines des pelouses de cette zone ne semblent faire l’objet d’aucune utilisation particulière, la plupart sont entretenues par pâturage bovin ou ovin. Ce mode de gestion est favorable à un bon état de conservation, s’il est pratiqué de façon extensive ; en effet ces milieux fragiles sont très sensibles au surpâturage (comme aux Richards, où se manifestent par endroits des phénomènes d’eutrophisation). Il convient donc d’adapter le chargement. Par contre, d’autres secteurs sont en voie d’embroussaillement, ce qui pourrait remettre en cause la pérennité des populations d’apollon : la colonisation progressive du milieu par les essences à forte dynamique de croissance devra être évitée, et notamment au niveau des zones les plus escarpées et rocailleuses, qui sont les plus accueillantes pour ce papillon (le taux optimal d’enfrichement étant inférieur à 10 %).

Commentaires sur la délimitation
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