ZNIEFF 430020480
BOCAGE DE PIERRE DE LA MARRE

(n° régional : 45000030)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Sur le plateau lédonien, le bocage de pierre de La Marre constituent une zone assez vaste et quasiment plane entre les villages de La Marre et de Bonnefontaine. Un ensemble de pelouses et prairies maigres pâturées piquetées de buissons et parcourues par un réseau de murgers et de haies sont installées sur le substrat calcaire du Bathonien (Jurassique moyen) qui affleure dans ce secteur.

 

Selon l’épaisseur du sol, la végétation est composée d’une pelouse mésophile (assez sèche) plus ou moins acidicline à genêt sagitté (ce qui traduit des phénomènes de décalcification en surface), de prés mésophiles à luzerne lupuline et crételle, ou de prés xérophiles à gentiane jaune et gentiane croisette. La gentiane jaune, typique des pâturages jurassiens, imprime une physionomie particulière à ces prés. Plusieurs facteurs conditionnent l’installation de groupements de pelouses sur ce site : sols superficiels à squelettiques, réserves en eau limitées, relative pauvreté en éléments nutritifs, ensoleillement important. Ces conditions contraignantes entraînent la sélection d’une flore typique, riche en espèces d’affinité méditerranéenne. L’évolution naturelle de ces milieux tend vers une colonisation par la forêt, ce qui se traduit par la présence d’ourlets thermophiles, de buissons et de stades préforestiers (quelques bosquets, notamment). A l'interface entre les linéaires boisés et les milieux ouverts, on note en particulier un ourlet peu commun à trèfle pourpré et à digitale à grandes fleurs.

 

La gentiane croisette est mentionnée au sein du cortège floristique. Cette plante des prairies maigres et pelouses mésophiles est assez rare et vulnérable en Franche-Comté. De plus, il s’agit de la plante-hôte des chenilles de l'azuré de la croisette. L’existence d’une population reproductrice de ce papillon diurne menacé et protégé en France rehausse la valeur de ce site et lui confère un intérêt entomologique majeur. Au cours de son cycle biologique, cet insecte entretient également un lien exclusif avec une espèce particulière de fourmi. Ces exigences précises expliquent la fragilité des populations de cet azuré : celui-ci est en régression sur l'ensemble de son domaine biogéographique. Du fait de la forte responsabilité régionale, cette espèce fait l’objet d’un programme de conservation.

 

STATUT DE PROTECTION

Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence d’un insecte, d'oiseaux, de reptiles et de mammifères protégés confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels du 23/04/07, du 19/11/07 et du 29/10/09).

 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

D’une manière générale, les pelouses sèches subissent une régression alarmante et deviennent des milieux relictuels. Les menaces sont liées soit à l’abandon suite à une déprise agricole, ce qui conduit à l’enfrichement, soit, au contraire, à l’intensification.

 

Sur ce site, l’enjeu majeur concerne le maintien des populations d’azuré de la croisette. Actuellement, un pâturage bovin, ovin et équin est pratiqué sur l’ensemble de la zone. Ces activités agropastorales extensives sont favorables au maintien de la station de gentiane croisette et sont donc à encourager. Il convient toutefois de conserver un chargement modéré. En effet, l’intensification des pratiques (surpâturage, fertilisation) se traduit par une banalisation des habitats et de la flore.

 

Toutefois, comme sur l'ensemble du plateau, les communaux semblent généralement sous-pâturés, et sont déjà relativement enfrichés. De ce fait, il serait souhaitable de mettre en œuvre des mesures de gestion appropriées, comme c’est le cas pour d’autres communaux situés à proximité : par exemple, une convention de gestion associant la commune de Bonnefontaine, le Conservatoire Régional des Espaces Naturels et deux exploitants a été signée dans le but de sauvegarder le patrimoine naturel. Une démarche d'amélioration pastorale est également en cours sur le territoire de la Marre ; dans ce cas, il convient d’agir prudemment afin d’éviter une transformation trop radicale des habitats.

Commentaires sur la délimitation
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