Description
Dans la chaîne plissée du Haut-Jura, l'anticlinal des Planches appartient à un long relief d'orientation nord-est / sud-ouest, qui marque la limite entre le plateau de Nozeroy-Levier à l'ouest et la Haute Chaîne à l'est et prolonge le massif du Laveron vers le sud. Le secteur correspondant à la zone des Forêts de Mignovillard, du Prince et de la Haute-Joux est délimité par la cluse de Vaux-et-Chantegrue au nord et celle de la Saine au sud.
L'existence d'une combe axiale complexifie l'axe de plissement au sud. Le secteur des Entrecôtes, issu de l’érosion de la voûte plus tendre de l’anticlinal calcaire d’âge Jurassique, se trouve ainsi enserré entre deux barres de reliefs. Des dépôts glaciaires imperméables colmatant le fond de la combe sont à l’origine de la formation de milieux tourbeux. L’extrémité de ce relief, tranchée perpendiculairement par la vallée très encaissée de la Saine, se caractérise par des paysages tourmentés, d'un attrait remarquable.
Ce site culminant à 1 237 mètres est essentiellement forestier. La disposition des groupements évolue selon l'altitude, la topographie, l'exposition et les caractéristiques du substrat : hêtraies-sapinières de divers types sur les pentes moyennes à faibles au-dessus de 800 mètres, et, plus localement, pessière à doradille sur lapiaz, forêts de pente et de ravins et boisements sur tourbe.
La diversité des situations permet aussi l'expression de toute une gamme d'habitats ouverts d'affinité montagnarde : clairières fraîches à hautes herbes, prés-bois, prairies de fauche et pâtures mésophiles, pelouses calcicoles sèches à très sèches sur les coteaux et corniches, végétation des falaises continentales et des éboulis. Il faut y ajouter l'ensemble des milieux tourbeux et humides des Entrecôtes du Milieu, d'un intérêt majeur.
Cette zone héberge 12 espèces de plantes protégées en France ou dans la région, dont une bonne proportion est inféodée aux tourbières et zones humides. Dans les vastes massifs forestiers, les structures de végétation sont favorables au maintien de deux oiseaux emblématiques, le grand tétras et la gélinotte des bois. Les falaises de la Côte Poutin, au sud de la zone, sont le domaine d'oiseaux rupestres comme le faucon pèlerin. Le cortège de papillons de jour, particulièrement remarquable, comprend l'apollon et l'azuré de la croisette.
Enfin, les eaux de la Saine, qui présentent une qualité optimale en amont, abritent l'écrevisse à pattes blanches.
Cinq ZNIEFF de type 1 sont incluses dans cette zone.
Statut de protection
Quatre sites Natura 2000 sont inclus en partie ou en totalité dans cette zone :
- Tourbières, lac de Remoray et zones environnantes ;
- Bassin du Drugeon ;
- Combes Derniers ;
- Entrecôtes du Milieu.
Plusieurs secteurs font l'objet d'Arrêtés Préfectoraux de Protection de Biotopes, en vue de la protection des habitats de certaines espèces phares : Combe Noire et Massif de la Haute-Joux (grand tétras), Forêt du Paradis (gélinotte des bois, notamment, sur le territoire de la Réserve de chasse et de faune sauvage), falaises de Côte Poutin (faucon pèlerin). Enfin, les sites de la Haute vallée de la Saine et du cours de la Pisse à Foncine-le-Haut sont respectivement classés et inscrits au titre de la loi de 1930.
Objectifs de préservation
Compte tenu de la richesse biologique de ce massif, différents objectifs de gestion s'imposent :
- la préservation des habitats favorables au grand tétras passe par une gestion sylvicole respectueuse de la diversité des essences, de la structure des peuplements et des clairières forestières. Il serait également souhaitable de limiter les axes de pénétration dans les forêts, afin de garantir à cette espèce la quiétude dont elle a besoin, aussi bien en hiver qu'en période de reproduction et d’élevage des poussins ;
- pour les oiseaux rupestres, le maintien de conditions de tranquillité est également indispensable, notamment lors de la nidification ;
- les tourbières sont particulièrement sensibles aux perturbations hydrologiques. Dans le cas des Entrecôtes du Milieu, l'extension des plantations de résineux est à éviter. En effet, celles-ci contribuent à l’assèchement et contribuent à la fermeture du fond de la combe ;
- la poursuite d'une exploitation extensive des prairies et pelouses est à encourager. En effet, l'enfrichement lié la déprise agricole, ou au contraire, l'intensification, conduisent à une banalisation des habitats et des espèces.