DESCRIPTION
Entre la plaine de Bresse et la vallée de l’Ain, la région naturelle de la Petite Montagne est caractérisée par un relief tourmenté correspondant à une succession de crêtes orientées généralement nord-sud. A l’est de ce secteur, le plateau de Lect et des Joux Noires constitue une vaste unité structurale où des faciès du Jurassique supérieur affleurent. L’Ain y a creusé une vallée encaissée, fermée au niveau de Menouille par le barrage hydro-électrique de Vouglans. Juste en aval de la retenue, la pelouse Sous la Charoupe occupe quelques petites parcelles communales sur une pente peu marquée dominant l’Ain en rive gauche.
Cette zone de pelouse s’est installée à la faveur de facteurs particuliers : sols superficiels à squelettiques, relative pauvreté en éléments nutritifs, faibles réserves en eau, ensoleillement important. L’association représentée ici est de type mésophile. Suite à l’arrêt du pâturage, elle se trouve dans un état d’embroussaillement avancé, car la dynamique naturelle tend vers une recolonisation par la forêt. De ce fait, la pelouse d’origine évolue vers un ourlet en nappe où deux graminées sociales, le brome dressé et le brachypode penné, sont dominantes. D’une manière générale, les conditions contraignantes de ces milieux herbacés sélectionnent une flore caractéristique, riche en éléments d'affinité méditerranéenne marquée.
Sur cette zone, l’enjeu est ainsi marqué par la présence d’une petite population de daphné camélée, plante protégée dans la région. Ce sous-arbrisseau nain se distingue par des tiges tortueuses plus ou moins couchées, portant des fleurs roses vif très odorantes en mai. Cette espèce fréquente les pelouses sèches généralement abandonnées ou en lisière de forêt, de l’étage collinéen à la base de l’étage montagnard. Elle est relativement commune dans les Alpes du sud ; ailleurs, elle est rare, et sa répartition s’étend de l'Est, au Midi et au Sud-Ouest, de la Lorraine à la Charente-Maritime. En Franche-Comté, seules six localités récentes sont connues. Elles sont réparties en deux pôles : l’un se situe au nord-est du département du Doubs, alors que l’autre, dans le Jura, compte plusieurs stations disséminées dans la vallée de l’Ain.
Les habitats diversifiés structurés en mosaïque hébergent en général une faune intéressante pour laquelle ils constituent des zones refuges (insectes, reptiles, oiseaux).
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place en dehors des dispositions de la loi Littoral qui s'appliquent au lac de Vouglans. En revanche, la présence d’une plante protégée confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 22/06/92).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
D’une manière générale, les pelouses sont des milieux semi-naturels relictuels et en régression. L’abandon lié à la déprise agricole conduit à leur enfrichement progressif, ce qui remet en cause la pérennité des habitats et des espèces à plus ou moins court terme. L’état de conservation de la zone Sous la Charoupe peut être qualifié de très défavorable : la population de daphné camélée, aux effectifs réduits, est en effet soumise à plusieurs menaces très actives, dont la principale est la densification du tapis herbacé graminéen et la colonisation par les arbustes. Seuls des travaux de restauration et un entretien régulier permettraient de lutter contre cette dynamique. En outre, un sentier de pêcheur longe la station : on peut supposer que le daphné camélée fait l’objet de cueillette en période de floraison.
Diverses mesures de conservation peuvent être préconisées :
un contrôle annuel de la progression des ligneux ;
une fauche triennale par tiers de la surface occupée, ou encore une gestion par pâturage extensif : une solution locale englobant d’autres parcelles contigües serait la plus adaptée ;
enfin, la mise en place d’une signalétique appropriée, informant de l’interdiction de la cueillette et a fortiori de la destruction de cette plante protégée.