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DESCRIPTION
Au sud-est de Meussia, à l’est de la vallée de l’Ain, la vaste zone « Au Lisigney et les Feuillées » est constituée d’un versant relativement abrupt surmontant un plateau. Ce site repose sur des calcaires et marno-calcaires du Jurassique supérieur. Les affleurements rocheux y sont omniprésents et ne permettent, au mieux, que la genèse de sols squelettiques. Ceux-ci n’autorisent que le développement d'une végétation maigre et rase, caractéristique des pelouses méso-xérophiles à xérophiles. Les dalles sont occupées par des formations pionnières à orpins. Localement, des faciès de lapiaz en cours de colonisation par des groupements forestiers apparaissent. En bas de pente, sur des sols plus profonds, des prairies de fauche sont enclavées au sein d'un réseau de murgers surmontés de haies. Une partie conséquente du site est colonisée par des fourrés à buis, mais de nombreuses poches ouvertes de surface très variable subsistent par endroits. Des ourlets thermophiles se développent à l’interface. Plusieurs petites carrières plus ou moins anciennes se rencontrent sur le site. Une petite zone humide apparaît au sein de cet ensemble, sur un substrat plus marneux.
Les groupements de pelouse s’installent à la faveur de conditions écologiques très particulières et drastiques : sol superficiel à squelettique, voire inexistant, réserves en eau limitées, ensoleillement important. Différentes formations se répartissent en mosaïque selon les facteurs du milieu. Les conditions contraignantes entraînent la sélection d’un cortège floristique original, riche en espèces patrimoniales. Parmi les plantes caractéristiques, il faut signaler la fétuque de Patzke, subendémique française et le pâturin de Baden. Sur cette zone, deux taxons protégés dans la région sont aussi mentionnés : la gentiane pneumonanthe, inféodée aux bas-marais, et l'aspérule des teinturiers, espèce rare des ourlets chauds dont le pôle de répartition en Franche-Comté se trouve dans la vallée de l’Ain.
La diversité de structure des habitats offre des possibilités d’expression faunistique intéressantes. Ainsi, la richesse entomologique est-elle particulièrement élevée. Par exemple, au sein d’un cortège de papillons diurnes comptant 30 espèces, plusieurs taxons d’intérêt patrimonial sont recensés : la bacchante, protégée au plan national et vulnérable en Franche-Comté, le grand nègre des bois et l'hespérie du faux-buis. Le peuplement d’orthoptères (sauterelles et criquets) est également bien typé et diversifié.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 22/06/92 et 23/04/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
D’une manière générale, les pelouses sont des milieux semi-naturels menacés et en régression. La zone du Lisigney et des Feuillées n’étant soumise à aucune gestion (à l’exception de certaines parcelles de prairies, en contrebas de la zone, pâturées ponctuellement) tend ainsi vers un enfrichement généralisé. Bien que cette évolution soit lente du fait des conditions édaphiques, elle est pourtant inéluctable. De ce fait, l’état de conservation de ce site apparaît globalement préoccupant au vu du degré de fermeture déjà élevé. En l’absence d’intervention, la diversité des peuplements d’insectes typiques des zones thermophiles risque ainsi de diminuer à court terme. Il convient donc de prévoir des opérations de réouverture, puis une mise en pâturage des secteurs les plus favorables, afin de redynamiser les formations herbacées résiduelles. Ce type de restauration peut permettre de retrouver un lien fonctionnel avec des sites similaires situés en Petite Montagne (en particulier avec les pelouses du secteur du Grand Désert et d'En Sapey). En effet, en matière de conservation des espèces, la notion de réseau écologique est très importante.
