DESCRIPTION
Les reculées sont typiques de la région naturelle du Revermont. Au sud de Lons-le-Saunier, celle de Vernantois est incisée dans la zone complexe de la Petite Montagne. Dans ce secteur particulièrement vallonné et accidenté, le coteau calcaire de la Renversure est exposé au sud-ouest. Sa partie haute est bordée par une petite corniche formant le rebord de la reculée de Vernantois. Un oratoire y est construit.
La plus grande partie de la zone est occupée par une pâture mésotrophe. Cette formation dérive de pelouses sèches (relevant principalement des associations mésophile à sainfoin et brome dressé ou mésoxérophile à phalangère rameuse et brome dressé). Quelques secteurs érodés permettent le développement d'une pelouse pionnière à céraiste nain, riche en orpins ; le bord de la corniche lui-même est colonisé par une formation plus xérophile, à fétuque et mélique ciliée. L’évolution de ces milieux tend vers une dynamique de recolonisation de la forêt, ce qui se traduit par l’existence de faciès plus ou moins enfrichés et boisés : ourlets, fourrés et stades préforestiers.
La présence de la gentiane croisette confère un intérêt certain à ce secteur. En effet, cette espèce assez rare des prairies maigres et pelouses mésophiles est la plante-hôte des chenilles de l'azuré de la croisette, papillon diurne menacé et protégé en France. L’existence d’une population reproductrice confère à ce site un intérêt entomologique majeur. Au cours de son cycle biologique, cet insecte entretient également un lien exclusif avec une espèce particulière de fourmi. Cet azuré est en régression sur l'ensemble de son domaine biogéographique. En France, il se maintient surtout dans la moitié est du pays ; en Franche-Comté, ses populations sont surtout localisées dans le département du Jura, notamment au sud de Lons-le-Saunier. Du fait de la forte responsabilité régionale, cette espèce fait l’objet d’un programme de conservation.
La côte est marquée par la présence de forêts de ravin et de pente d’exposition froide. La falaise accueille le faucon pèlerin pour sa nidification, ce qui rehausse l’intérêt faunistique de la zone. Les parois escarpées constituent en effet le biotope de prédilection de ce rapace emblématique qui a failli disparaître en France.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 23/04/07 et 29/10/09).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
D’une manière générale, les pelouses sèches sont des milieux relictuels et en régression. L'évolution naturelle de la végétation se traduit par une recolonisation par les ligneux, conduisant à l'embroussaillement et, à terme, à la fermeture du milieu. C’est l’une des menaces pesant sur ce site de la Renversure, car il semble que le pâturage équin actuel ne permette pas à lui seul de lutter contre l’enfrichement. Ce processus serait susceptible d'entraîner la disparition de l'azuré de la croisette suite à celle de sa plante hôte. Il convient donc de prendre des mesures de gestion appropriées : une surveillance régulière permettra de décider de l’opportunité d’interventions de débroussaillage. Une pelouse ponctuée de buissons et des lisières structurées de façon hétérogène s’avèrent les plus favorables à une biodiversité élevée. A l’inverse, un pâturage trop intensif et ses conséquences (surpiétinement, enrichissement en éléments nutritifs) conduirait à une banalisation des habitats herbacés et de la flore.
Outre l’intérêt propre qu’elle présente, la zone de la Renversure fait partie intégrante d’un réseau favorable à des échanges entre populations d’espèces calcicoles et thermophiles à l’échelle de la Petite Montagne et joue à ce titre un rôle de corridor écologique.
Enfin, il est primordial que les conditions de tranquillité, essentielles en période de nidification des oiseaux rupestres, soient respectées.