DESCRIPTION
Au sein du massif jurassien, la Combe d'Ain constitue une région naturelle particulièrement diversifiée. Deux entités majeures peuvent être distinguées. La première est représentée par la vallée de l'Ain, qui traverse, selon une orientation nord-sud, des paysages au relief calcaire tourmenté, marqués par une influence méridionale croissante. L'autre composante correspond à la région des lacs, dont l'origine glaciaire a permis le développement de grandes plaines marécageuses. Des plis accentués aux pentes boisées marquent également ce paysage, auxquels s'ajoutent de hautes falaises et des barres rocheuses.
Dans la partie méridionale, au sud-ouest de Barésia-sur-l’Ain, la zone Sur Signoge correspond à une pelouse occupant un petit coteau d’exposition ouest. Plusieurs facteurs conditionnent l’installation de ces formations herbacées basses sur ce site : sols superficiels à squelettiques, réserves en eau limitées, relative pauvreté en éléments nutritifs, ensoleillement important. Différentes associations s’expriment selon la nature du substrat. Une pelouse calcaire mésoxérophile entrecoupée de dalles calcaires en haut de coteau se trouve ainsi en contact avec une association marnicole située en contrebas. Ce dernier type de pelouse est très intéressant. En effet, les formes sur marnes sont soumises à des contrastes hydriques importants, avec alternance de phases d’engorgement et de sécheresse au cours de l’année. Les conditions contraignantes entraînent la sélection d’une flore diversifiée et originale, comprenant à la fois des espèces de pelouse et de bas-marais (telles que la molinie bleue, la succise des prés, la parnassie des marais). Des îlots arbustifs plus ou moins diffus occupent également une partie du site. En effet, l’évolution de ces milieux tend vers une colonisation par les ligneux, ce qui se traduit par la présence de divers stades d’enfrichement (ourlets thermophiles et buissons de genévriers), principalement au nord de la zone.
A ces habitats est associée une faune typique. L’intérêt entomologique, en particulier, est remarquable. Au sein du cortège de papillons de jour, plusieurs espèces en régression sont recensées, dont deux sont protégées en France et très menacées : la bacchante (recherchant des lisières chaudes riches en graminées hautes) et l'azuré de la croisette (inféodé à la gentiane jaune pour sa reproduction et nécessitant aussi la présence d’une espèce précise de fourmi). L'hespérie de la mauve, le fadet de la mélique et l'azuré des coronilles sont liés quant à eux à des milieux herbacés secs et ras.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection de l'espace n'a été mise en place en dehors des dispositions de la loi Littoral qui s'appliquent au lac de Vouglans. En revanche, la présence d’insectes protégés confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 23/04/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
D’une manière générale, ces milieux semi-naturels subissent une régression alarmante et deviennent relictuels. Les menaces sont liées soit à une déprise agricole, qui conduit à l’enfrichement, soit, au contraire, à l’intensification.
Ce site semble faire l’objet d’un pâturage irrégulier. Ces pratiques ne semblent toutefois pas suffisantes à elles seules pour contenir la dynamique d'envahissement par les ligneux (colonisation par le pin localement) ; ainsi, le degré de fermeture devient préoccupant sur une bonne partie du secteur.
Compte tenu de son intérêt entomologique, la mise en œuvre d’une gestion conservatoire apparaît nécessaire sur cette zone : structuration hétérogène des lisières et poursuite du pâturage extensif (suite à des opérations de défrichement raisonné), de façon à conserver une pelouse ponctuée de buissons.
Outre l’intérêt propre qu’elle présente, cette zone fait partie intégrante d’un réseau favorable à des échanges entre populations d’espèces calcicoles et thermophiles à l’échelle de la Combe d’Ain et joue à ce titre un rôle de corridor écologique.