DESCRIPTION
Dans le Haut-Jura plissé, le Grandvaux correspond à une vaste étendue déprimée et marquée par l’érosion et les accumulations glaciaires. Cette région comprend un remarquable ensemble de milieux humides (lacs, tourbières et prairies humides) auquel sont juxtaposées des pelouses et prairies montagnardes.
Au sud de Saint-Laurent-en-Grandvaux, la zone Aux Pierres et En Fouradon s’étire au sein d’une combe et sur un versant orienté au nord-ouest, sur un substratum d'origine glaciaire colmatant une dépression creusée dans les calcaires crétacés du Valanginien. Les terrains étant hétérogènes, diverses associations herbacées s’y disposent en mosaïque, ce qui contribue à l’intérêt du site :
sur les flancs de la dépression, des pelouses montagnardes mésophiles à gentiane printanière et brome dressé se développent sur des sols superficiels calcaires. Elles sont plus ou moins colonisées par des buissons de genévriers, divers arbustes et arbres, notamment des épicéas, formant ainsi un véritable pré-bois. Plusieurs stations de gentiane croisette, plante vulnérable en Franche-Comté, y sont recensées (notamment au lieu-dit la combe de Fouradon, qui compte plusieurs centaines de touffes), accompagnées de l’azuré de la croisette, papillon de jour dont les chenilles se nourrissent de cette plante. Cet insecte protégé en France est en régression sur l'ensemble de son domaine biogéographique. En France, il se maintient surtout dans la moitié est du pays ; en Franche-Comté, ses populations sont surtout localisées dans le département du Jura. Du fait de la forte responsabilité régionale, cette espèce fait l’objet d’un programme de conservation. La violette des rochers, plante rare dans la région, se rencontre également dans les secteurs les plus secs des pelouses.
dans les dépressions, on trouve des sols plus profonds et désaturés (lessivage dû au ruissellement et à la stagnation de la neige) sur lesquels s'installent des pelouses acidiphiles à nard raide. Sous l'effet du pâturage, celles-ci peuvent évoluer vers des associations plus eutrophes à gentiane jaune et crételle, et même à alchémille et crételle. Le pied-de-chat dioïque, plante assez rare en Franche-Comté, s'observe au sein de ces pelouses.
enfin, une végétation plus humide (prairies à molinie et à trolle d'Europe, notamment) apparaît localement, à la faveur d'une couche de matériaux glaciaires plus ou moins imperméable.
STATUT DE PROTECTION
Cette zone est incluse dans le réseau Natura 2000 du « Grandvaux ». En outre, la présence d’un insecte protégé confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 23/04/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
La poursuite de l’activité agro-pastorale, indispensable au maintien de l'intérêt du site, est à encourager. Toutefois, il convient de conserver des pratiques extensives et respectueuses des habitats. En effet, l'exploitation forestière actuelle ne semble pas préserver la structure du pré-bois. Les pelouses et prairies mésophiles sont sensibles à toute augmentation du chargement et à l’enrichissement en éléments nutritifs ; les groupements évoluent alors vers des formations plus banales, ce qui peut également remettre en cause les populations de gentiane croisette. Cette évolution est sensible dans la partie amont du site. A l’inverse, l’abandon des pratiques au fond de la Combe de Fouradon conduit à une densification de la végétation et du couvert ligneux. Cette tendance à l'enfrichement est également préjudiciable au maintien des associations et des espèces patrimoniales.
Outre l’intérêt propre qu’elle présente, cette zone fait partie intégrante d’un réseau favorable à des échanges entre populations d’espèces calcicoles et thermophiles à l’échelle du Grandvaux. De façon plus générale, les préconisations en matière de stratégie conservatoire de l’azuré de la croisette font état de la nécessité d'une gestion coordonnée de l'ensemble des stations d'une région.