ZNIEFF 430020512
À LA TOURBIÈRE

(n° régional : 41047019)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Dans le Haut-Jura plissé, le Grandvaux correspond à une vaste étendue déprimée et marquée par l’érosion et les accumulations glaciaires. Cette région comprend un remarquable ensemble de milieux humides (lacs, tourbières et prairies humides) auquel sont asociées des pelouses et prairies montagnardes. Juste en périphérie de Saint-Laurent-en-Grandvaux, la zone « A la Tourbière », correspond en réalité à deux entités de haut-marais juxtaposées, entourées de mégaphorbiaies et de prairies humides.

 

Dans le massif du Jura, en altitude, les facteurs climatiques sont propices à l’installation de tourbières. A partir de cuvettes remplies d’eau, les tourbières se forment et évoluent lentement depuis environ 12 000 ans : colonisation de l’eau libre (tremblants) puis atterrissement (bas-marais alcalin). Le développement d’un réseau karstique induit la création d’îlots soustraits à l’influence des eaux carbonatées. Les sphaignes s’installent sous forme de coussins, contribuant à l’acidification du milieu. Une transition s’opère vers un bas-marais acide, puis vers une tourbière bombée (haut-marais acide). Enfin, l’assèchement et l’installation des ligneux marquent le stade ultime. Sur cette zone, les deux tourbières hautes acides sont séparées par une petite bande plus mésophile très fleurie et un petit bosquet de trembles. L’une des deux correspond à une tourbière bombée active bien caractérisée, alors que l’autre, légèrement surélevée, présente un stade d'atterrissement plus avancé (faciès dégradé à molinie et massifs d’airelle des marais). L'ensemble est parsemé de saules, mais le taux de recouvrement reste faible (moins de 10 %). Quelques zones de mégaphorbiaies (formations humides de hautes herbes) et des prairies humides à bistorte assurent la transition avec des prairies de fauche avoisinantes.

 

Les conditions particulièrement contraignantes des milieux tourbeux entraînent la sélection d’un cortège floristique original et riche en espèces rares, comprenant la laîche des bourbiers, l’andromède à feuilles de polium et le rossolis à feuilles rondes. Ces trois plantes strictement inféodées aux tourbières acides sont protégées en France. On recense également le scirpe de Hudson, d’affinité montagnarde, et la petite utriculaire, qui croît dans les gouilles constamment en eau. Enfin, l’œillet superbe, bénéficiant également d’une protection au plan national, se rencontre dans les prairies humides périphériques.

 

Ces habitats sont favorables à l’accueil d’une faune caractéristique : les prairies fleuries sont riches en papillons de jour, tels que le fadet de la mélique. Les gouilles tourbeuses, quant à elles, permettent la reproduction de plusieurs espèces de libellules (cordulies actique et à taches jaunes, sympétrum noir), encore assez communes en montagne en Franche-Comté, mais absentes en plaine.

 

STATUT DE PROTECTION

Cette zone est incluse dans le réseau Natura 2000 du « Grandvaux ». En outre, la présence de plantes protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 20/01/82).

 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

Les tourbières sont des réservoirs de biodiversité et jouent également un rôle régulateur important dans la circulation des eaux superficielles et souterraines de la région. Toutefois, ces milieux sont particulièrement fragiles et sensibles aux perturbations. Actuellement, ce site présente un bon état de conservation général et ne nécessite pas de mesure de gestion particulière. Cependant, il est impératif d’éviter toute opération qui pourrait modifier et perturber l'équilibre hydrodynamique des zones humides (drainage, trous, remblais). En outre, il convient de favoriser la poursuite de pratiques pastorales extensives en périphérie des habitats tourbeux et paratourbeux, afin de ne pas compromettre leur intégrité. A ce titre, les mégaphorbiaies périphériques jouent le rôle d’une bande tampon et doivent être préservées.

Commentaires sur la délimitation
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