DESCRIPTION
Dans le Haut-Jura plissé, la région naturelle du Grandvaux correspond à une vaste étendue déprimée et marquée par l’érosion et les accumulations glaciaires. Ce secteur comprend un remarquable ensemble de milieux humides (lacs, tourbières et prairies humides) auquel sont juxtaposées des pelouses et prairies montagnardes. Au sud du lac des Perrets, la zone des Cocus et des Brenets comprend deux secteurs correspondant à des éléments de relief calcaire escarpé émergeant des dépôts glaciaires environnants.
Sur ce substrat sec et rocailleux, les formations végétales correspondent à des pelouses mésophiles à méso-xérophiles (assez sèches à très sèches) ponctuées ça et là de buissons de genévrier et de prunellier. Les affleurements rocheux sont colonisés par des groupements pionniers à orpins. L’ensemble, présentant une végétation rase et maigre, constitue un système très fleuri.
Divers facteurs sont favorables à l’expression de groupements de pelouses sur ce site : sols superficiels à squelettiques, relative pauvreté en éléments nutritifs, réserves en eau limitées (et ce, bien que les précipitations soient assez abondantes dans ce secteur), ensoleillement important. Ces conditions contraignantes entraînent la sélection d’une flore diversifiée, riche en espèces patrimoniales et comprenant de nombreux éléments d’affinité méditerranéenne.
Ces milieux sont aussi très favorables à l’accueil d’une entomofaune variée. Concernant les papillons de jour, ce site se distingue par la présence de l’apollon, espèce rare et particulièrement menacée, bénéficiant d’un statut de protection au plan national. Ce papillon d’affinité montagnarde est assez rare dans le massif jurassien. Ses chenilles se nourrissent de feuilles d’orpin, uniquement par temps ensoleillé. Ce milieu thermophile ponctué de buissons est également favorable à la thécla du prunellier, de répartition localisée. En outre, les prairies mésohygrophiles situées au nord-ouest des Brenets représentent un milieu favorable et accueillant pour des papillons de jour aux exigences écologiques diverses. D’une manière générale, ces milieux structurés de façon hétérogène sont favorables à une faune diversifiée.
STATUT DE PROTECTION
Cette zone est incluse dans le réseau Natura 2000 du « Grandvaux ». En outre, la présence d’un insecte protégé confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 23/04/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Le potentiel écologique de ce site est important ; il est probable que de nouveaux taxons puissent y être recensés lors de prochaines prospections, notamment des espèces du genre Pyrgus (hespéries), pour lesquelles le milieu paraît favorable.
D’une manière générale, les pelouses sèches subissent une régression alarmante et deviennent des milieux relictuels. Les menaces sont liées soit à l’abandon suite à une déprise agricole, ce qui conduit à l’enfrichement, soit à l’intensification. Le site des Cocus et des Brenets semble être soumis à un pâturage trop intensif, impactant les zones les moins accidentées en pied de coteau. L’enrichissement en éléments nutritifs qui s’ensuit entraîne une banalisation des groupements, comme c’est le cas localement avec l’apparition de plantes nitrophiles (ortie, berce). Pour conserver une végétation fleurie et abondante, il conviendrait donc de limiter le chargement ou de réduire la durée de mise en pâture des animaux. Les prairies environnantes devraient également être gérées de manière extensive (fauche annuelle tardive) afin de favoriser une biodiversité optimale.
Outre l’intérêt propre qu’elles présentent, ces pelouses font partie intégrante d’un réseau favorable à des échanges entre populations d’espèces calcicoles et thermophiles à l’échelle de la région naturelle du Grandvaux et jouent à ce titre un rôle de corridor écologique (notamment pour les papillons).