Description
A l’extrême sud du département du Jura, la zone du Crêt à la Mya correspond à un secteur forestier culminant à 1365 mètres, installé sur des calcaires du Jurassique supérieur. La hêtraie-sapinière, qui représente le stade climacique de l'étage montagnard supérieur sur les pentes moyennes à faibles, y est dominante. La régénération naturelle du hêtre, localement très dynamique, peut induire l'existence de hêtraies denses. A ces exceptions près, ces forêts mixtes sont traitées en futaie jardinée, ce qui permet de conserver un sous-bois particulièrement riche en espèces herbacées. Sur les pentes fortes, en situation plus froide et sur éboulis, ce type forestier évolue vers une hêtraie à adénostyle ou une érablaie à spirée (selon la granulométrie et la présence ou non de terre fine). Au-dessus de 1200 mètres d'altitude, sur un sol acidifié en surface par les précipitations abondantes, la hêtraie-érablaie subalpine, très localisée en Franche-Comté, peut se rencontrer sous forme d'îlots ponctuels. Localement, la pessière à doradille s'installe sur les lapiaz fortement érodés et des affleurements rocheux apparaissent. Enfin, des mégaphorbiaies d'altitude (formation humides de hautes herbes) à laitue des Alpes se développent fréquemment dans les dépressions.
Cet ensemble forestier est surtout connu comme l’un des bastions historiques du grand tétras ; la population de cet oiseau emblématique y est toutefois limitée à moins de cinq coqs. La délimitation de la zone se base sur l’aire de présence estivale de l’espèce. Le grand tétras subit une forte régression dans toutes les montagnes en France. S’il est largement distribué dans la montagne jurassienne, sa présence y est toutefois sporadique. Le Crêt à la Mya constitue l’un des dix massifs forestiers du Jura où la conservation de l'espèce semble être assurée ; de ce fait, sa préservation est considérée comme prioritaire par les spécialistes. Cependant, des fluctuations d’effectifs assez importantes sont constatées d'une décennie à l'autre. La variabilité de structure des communautés forestières et le fort degré de naturalité en font aussi un site favorable à de nombreux autres oiseaux typiques, comme la gélinotte des bois, la chevêchette d'Europe, le casse-noix moucheté, le merle à plastron, le venturon montagnard, le pic noir, la chouette de Tengmalm (qui utilise les cavités creusées par ce dernier) et la bécasse.
Enfin, il faut signaler la présence du chiffre : ce papillon de jour remarquable, lié aux pelouses et lisières, a beaucoup régressé en plaine.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence d’oiseaux protégés confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 29/10/09).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
L’enjeu majeur de conservation sur ce site concerne le grand tétras. La préservation des habitats favorables passe par une gestion sylvicole appropriée, de type futaie jardinée ou irrégulière par parquets. L’objectif est de maintenir une forêt mature parsemée de clairières, avec de gros bois, un mélange d’essences diversifié, un couvert clair et stratifié et une bonne richesse en myrtilles et fourmilières : plus que la composition des peuplements, c’est leur structure qui importe. De plus, les conditions de tranquillité doivent impérativement être garanties, que ce soit en hiver (risque de perturbation durable des oiseaux lorsqu’ils se nourrissent) ou en période de reproduction et d’élevage des poussins.
Le déclin observé fait suite à des modifications d’habitats (pratiques sylvicoles, fermeture des milieux, voirie forestière accrue, morcellement) auxquelles s’ajoute une augmentation de la pression liée au dérangement. Il convient d’insister sur ce dernier point auprès du grand public et des usagers : il est essentiel de rester sur les pistes balisées lors de la pratique de loisirs hivernaux et sur les chemins forestiers du printemps à l’automne.