ZNIEFF 430020534
BOIS DE LA JOUX DE LA BÉCASSE

(n° régional : 40030001)

Commentaires généraux

Description

 

Entre la montagne de l’Herba et la vallée de la Jougnena, juste en limite de la frontière suisse, le Bois de la Joux de la Bécasse, installé sur un substrat calcaire du Jurassique supérieur, est occupé par une forêt mixte caractéristique des montagnes très arrosées : dans ce secteur culminant à près de 1300 mètres, la hêtraie-sapinière représente le stade climacique de l'étage montagnard supérieur sur les pentes moyennes à faibles. Le peuplement est dominé par le hêtre et l'épicéa, le sapin étant inégalement réparti. La régénération naturelle du hêtre, localement très dynamique, peut induire l'existence de hêtraies denses. A ces exceptions près, ces forêts sont traitées en futaie jardinée, ce qui permet de conserver un sous-bois riche en espèces herbacées.

 

A partir de 1200 mètres d'altitude, sur un sol acidifié en surface par les précipitations abondantes, la hêtraie-érablaie subalpine, très localisée en Franche-Comté, peut se rencontrer sous forme d'îlots ponctuels. La pessière à doradille s'installe sur les lapiaz fortement érodés. Enfin, des mégaphorbiaies d'altitude (formation humides de hautes herbes) à laitue des Alpes, très exubérantes, apparaissent fréquemment dans les nombreuses dépressions disséminées sur cette zone.

 

Cet ensemble forestier est surtout connu comme étant l’un des bastions historiques du grand tétras ; la population de cet oiseau emblématique y est toutefois limitée à moins d’une douzaine de coqs. La délimitation de la zone se base sur l’aire de présence estivale de l’espèce. Le grand tétras subit une forte régression dans toutes les montagnes en France. S’il est largement distribué dans la montagne jurassienne, sa présence y est toutefois sporadique. Le bois de la Joux de la Bécasse constitue l’un des dix massifs forestiers du Jura où la conservation de l'espèce semble être assurée ; de ce fait, sa préservation est considérée comme prioritaire. Cependant, des fluctuations d’effectifs assez importantes sont constatées d'une décennie à l'autre. La variabilité de structure des communautés forestières et le fort degré de naturalité en font aussi un site favorable à de nombreux autres oiseaux typiques, comme la gélinotte des bois, la chevêchette d'Europe, le casse-noix moucheté, le merle à plastron, le venturon montagnard, le pic noir et la chouette de Tengmalm (qui utilise les cavités creusées par ce dernier).

 

Enfin, la présence de la gagée jaune, plante protégée au plan national, rehausse l’intérêt écologique de cette zone.

 

Statut de protection

 

Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 20/01/82 et 29/10/09).

 

Objectifs de préservation

 

L’enjeu majeur de conservation sur ce site concerne le grand tétras. La préservation des habitats favorables passe par une gestion sylvicole appropriée, de type futaie jardinée ou irrégulière par parquets. L’objectif est de maintenir une forêt mature parsemée de clairières, avec de gros bois, un mélange d’essences diversifié (associant feuillus et résineux), un couvert clair et stratifié et une bonne richesse en myrtilles et fourmilières : plus que la composition des peuplements, c’est leur structure qui importe. De plus, les conditions de tranquillité doivent impérativement être garanties, que ce soit en hiver (risque de perturbation durable des oiseaux lorsqu’ils se nourrissent) ou en période de reproduction et d’élevage des poussins.

 

Le déclin observé fait suite à des modifications d’habitats (pratiques sylvicoles, fermeture des milieux, voirie forestière accrue, morcellement) auxquelles s’ajoute une augmentation de la pression liée au dérangement. Il convient d’insister sur ce dernier point auprès du grand public et des usagers : il est essentiel de rester sur les pistes balisées lors de la pratique de loisirs hivernaux et sur les chemins forestiers du printemps à l’automne.

Commentaires sur la délimitation
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