DESCRIPTION
Au nord-ouest de la Haute-Saône, les territoires des communes d’Oigney et Semmadon présentent une densité importante de mares implantées dans un contexte où l’agriculture traditionnelle est encore majoritaire. Sur un substrat du Jurassique inférieur à dominante marneuse (naturellement imperméable), on trouve une mosaïque de prairies plus ou moins hygrophiles (pâturées ou fauchées), de cultures et de quelques boisements, le tout étant entrecoupé d’un réseau de haies, de fossés et de petits cours d’eau végétalisés. Au sein de ce réseau, une trentaine de mares (essentiellement en contexte prairial) ont été retenues dans le périmètre de la zone. Cet ensemble est remarquable compte tenu de l’évolution généralement constatée.
En effet, ces éléments paysagers autrefois caractéristiques ont subi un déclin accéléré au cours du 20e siècle. Ces points d’eau d’étendue réduite, de faible profondeur et dont le renouvellement en eau est limité, sont en grande majorité d’origine humaine. L’intérêt de ces hydrosystèmes dépasse largement leur taille restreinte : ces espaces de transition, où les milieux terrestre et aquatique sont étroitement imbriqués, possèdent une productivité importante et un potentiel biologique élevé. Surtout, les mares revêtent un intérêt primordial pour la conservation des amphibiens pour lesquels elles constituent des lieux de reproduction privilégiés.
Sur ce site, la biodiversité à l’échelle de l’ensemble des mares est remarquable. Différents groupements végétaux aquatiques et amphibies sont représentés, parmi lesquels on signalera notamment des tapis immergés de Characées (algues vertes évoluées), des groupements de petits potamots et des herbiers à glycérie flottante (ces derniers sont intéressants en tant qu’habitat pour la faune).
La richesse en espèces patrimoniales est à souligner. Ces mares recèlent notamment la lentille d’eau à trois lobes et la laîche faux-souchet (protégée dans la région). Les amphibiens sont particulièrement bien représentés avec sept espèces (dont cinq protégées en France). Parmi celles-ci, le triton crêté, en régression, est reconnu d’intérêt européen. Enfin, au sein d’un cortège de libellules diversifié comptant 15 espèces, on retiendra la présence de l’agrion mignon, qui recherche des mares ensoleillées, colonisées par une végétation aquatique affleurante.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 22/06/92, 29/11/07 et 29/10/09).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Actuellement, une bonne partie de ces mares présente un bon état de conservation, mais certaines font l’objet de dégradations. L’utilisation de la plupart de ces points d’eau comme abreuvoir à bovins est garante de leur pérennité. Toutefois un piétinement excessif aux abords pourrait être préjudiciable, puisqu’il limiterait le développement des ceintures de végétation des berges et accélèrerait le processus naturel de comblement.
A l’échelle de la zone, la connectivité est assez satisfaisante du fait de la bonne densité des haies, fossés, ruisseaux et prairies humides, surtout dans le secteur oriental. En effet, sur le plan de la fonctionnalité écologique, les mares ne doivent pas être considérées comme des entités isolées, mais comme un réseau interconnecté.
Cependant, plusieurs menaces sont identifiées : progression des cultures, tendance à une certaine uniformisation du paysage, dégradation des ruisseaux (rectification et altération de la qualité de l’eau) et risque d’eutrophisation excessive de certaines mares.
Compte tenu de son intérêt, ce réseau fait l’objet d’un plan de gestion pour sa conservation. Les objectifs portent sur la préservation des points d’eau eux-mêmes et de la connectivité, ainsi que sur la sensibilisation des différents acteurs du territoire à l’intérêt de ces milieux.