Description
Le secteur de Molain et Montrond s’inscrit dans une grande région subtabulaire où affleurent des calcaires durs du Jurassique moyen. Cette vaste surface d’érosion est marquée par l’importance des phénomènes karstiques (d’où la présence de dolines, d’ouvalas et de lapiaz, par exemple).
Autour du village de Molain, huit entités de pelouses et pâtures sèches constituent un ensemble cohérent sur le plan fonctionnel, au sein duquel les secteurs des Rochettes et de la Chalette se démarquent particulièrement par l’intérêt des groupements en place. Les associations herbacées se répartissent selon l’épaisseur du sol et l’usage : pâtures mésophiles à crételle et gentiane jaune et pelouses acidiclines à danthonie retombante et brachypode penné. Localement, les dalles calcaires affleurantes sont colonisées par des groupements pionniers à orpins. Sur ce site, en effet, les conditions sont favorables à l’installation de groupements de pelouses : sols superficiels à squelettiques, réserves en eau limitées, relative pauvreté en éléments nutritifs, ensoleillement important. L’évolution naturelle de ces milieux tend vers une colonisation par la forêt, ce qui se traduit par la présence d’ourlets thermophiles, de buissons et de friches. Les conditions contraignantes entraînent la sélection d’une flore typique, riche en espèces d’affinité méditerranéenne. Bien qu’aucun taxon protégé n’ait été recensé, le cortège est intéressant ; il comprend par exemple l’alchémille bleuâtre, rare à cette altitude assez basse, et l’anémone pulsatille.
Ces habitats structurés de façon hétérogène sont favorables à l’accueil d’une faune typique. En particulier, le peuplement de papillons de jour se distingue par sa diversité (29 espèces) et son intérêt patrimonial. Six espèces devenant rares ont été recensées : les hespéries du faux-buis et des potentilles, la virgule, l’azuré des coronilles (inféodés aux pelouses sèches et rases), ou encore la thécla de l’amarel (lié aux milieux plus enfrichés) ou le chiffre (en régression, de plus en plus cantonné aux reliefs). Enfin, cet ensemble revêt un intérêt majeur pour l’avifaune. La pie-grièche grise est très régulière sur ce site depuis de nombreuses années. Actuellement, elle très fidèle en hivernage : ce fait est d’autant plus intéressant que cette zone se trouve en connexion avec d’autres secteurs d’accueil. En voie de régression alarmante en France, ce passereau est aussi l’un des plus menacés de Franche-Comté. Ces habitats accueillent également la pie-grièche écorcheur, qui affectionne ce type de paysage semi-ouvert buissonnant.
Statut de protection
Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence d’oiseaux protégés confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 29/10/09).
Objectifs de préservation
D’une manière générale, les pelouses sèches subissent une régression alarmante et deviennent des milieux relictuels. Les menaces pesant sur ces habitats semi-naturels sont liées à l’abandon suite à une déprise agricole, ce qui conduit à l’enfrichement, ou, au contraire, à l’intensification. En outre, la partie sud du secteur de la Chalette est concernée par un projet de ZAE.
Une partie de la zone fait l’objet d’un pâturage. Or, une certaine intensification (surpâturage, fertilisation), se traduisant par une banalisation des habitats et de la flore, est visible sur certaines parcelles. Il conviendrait dans ce cas de revenir à des pratiques plus extensives (chargement modéré). Les secteurs en cours d’enfrichement sont à surveiller, de façon à conserver une structure comportant des pelouses rases ponctuées de buissons et des lisières hétérogènes. Il importe également de préserver les haies et murgers.
Enfin, la conservation de cette zone est d’autant plus importante qu’elle fait partie intégrante d’un réseau favorable à des échanges entre populations d’espèces calcicoles et thermophiles.