DESCRIPTION
Sous nos latitudes, la cohabitation entre les chauves-souris et l'homme s'est amorcée depuis quelques centaines de milliers d'années, ces deux mammifères ayant partagé des espaces souterrains communs dès la Préhistoire. Cependant, les périodes glaciaires obligeront les chauves-souris à migrer au sud à la rencontre de conditions plus chaudes et ce n'est qu'avec le réchauffement climatique intervenu 6000 ans avant notre ère que leur peuplement devient assez semblable à celui actuellement connu. Toutefois leur répartition diffère : la forêt couvre majoritairement notre continent si bien que dominent les espèces forestières qui profitent des cavités des arbres ou décollement d'écorces (vespertilion de Bechstein, noctule commune, barbastelle). La sédentarisation de l'homme et le développement de l'élevage ont progressivement induit un nouveau changement lié aux défrichements, à l'assèchement des marais pour l'agriculture et à la construction. Ainsi, sont nés les paysages semi-ouverts dont ont profité des espèces comme le grand rhinolophe ou le grand murin. En même temps, le développement des villages et des villes a favorisé les chauves-souris thermophiles comme le petit rhinolophe, la pipistrelle commune ou la sérotine commune ; toutes trouvent sous les charpentes ou derrière des volets des conditions de température estivales élevées qui leur sont très favorables pour l'élevage de leurs jeunes.
Les terrains de chasse changent régulièrement au cours de l'année en fonction des concentrations d'insectes et ce sont les biotopes de transition qui assurent les meilleurs garde-mangers et en particulier ceux situés non loin de l'eau : haies riveraines, cours d'eau, zones humides, lisières forestières et forêts. Il s'ensuit généralement des changements de sites, constants et étroitement liés au rythme biologique. Les distances entre ces gîtes sont variables : de 200 kilomètres pour le minioptère de Schreibers, elles n'excèdent pas 5 à 10 kilomètres pour le petit rhinolophe. Ces divers facteurs environnants ont induit, pour la plupart des espèces, une grande fidélité aux gîtes d'hiver et de mise bas.
Le grenier de l'église d'Etueffont accueille une colonie de reproduction de vespertilion à oreilles échancrées en période estivale (du 1er mai au 1er septembre). Cette colonie, d'une cinquantaine d'individus, est un rassemblement de femelles mettant bas leur unique petit dans ce grenier. Il s'agit du seul rassemblement, actuellement connu, de cette espèce pour le département ; avec un indice chiroptérologique de 16, ce gîte est d'intérêt départemental d'où l'intérêt de sa préservation et d'une mise en tranquillité. D'après les études conduites sur le régime alimentaire, cette espèce capture majoritairement des araignées (70 à 75 %), ce qui confirme qu'elle prospecte les milieux boisés et prairiaux. Ceux-ci sont encore assez largement représentés dans la dépression sous-vosgienne. Avec la présence de sept sites à chauves-souris dans ce secteur sur les neuf que compte le département, leur conservation apparaît prioritaire.
STATUT DE PROTECTION
Les combles de l'église d'Etueffont ne bénéficient d'aucune protection réglementaire. Toutefois, ce gîte figure dans le réseau Natura 2000. Par ailleurs, l'arrêté ministériel du 23 avril 2007 assure une protection stricte des espèces et interdit la destruction ou l'altération des sites de reproduction ou des aires de repos.
OBJECTIFS DE PRESERVATION
La préservation de ce site passe par la mise en place d'une convention de gestion et la réalisation de travaux d'aménagement visant à atténuer certains désagréments liés à la colonie (guano en particulier). Une telle convention permettra, en outre, d'apporter des conseils en cas de travaux ou traitements à réaliser sur cet édifice. Outre la conservation de ce gîte, la préservation durable des territoires de chasse environnants (forêts, prairies naturelles, réseaux de haies, rivières...) est une priorité.
le site est un habitat épigé spcifique (grenier) à une faune particulière (chiroptères) trouvant dans ce milieu des conditions favorables pour accomplir une partie de leur cycle biologique annuel (mise-bas).