A l'est de Belfort, s'élèvent de modestes reliefs à sous-sol calcaire datant du Jurassique. Ces collines "préjurassiennes" séparent le Pays de Montbéliard des massifs primaires prévosgiens. Ces niveaux calcaires donnent des sols plus ou moins épais selon la situation et la chênaie-charmaie est le type forestier vers lequel la végétation évolue en l'absence d'intervention humaine. A Chèvremont, entre la ferme du Rondot et le centre commercial, les milieux ouverts ont pour origine de très anciennes déforestations de cette forêt originelle. Les pratiques agro-pastorales qui s'y sont succédées ont permis l'émergence d'une végétation herbacée de type pelouse sèche, remarquable dans le département du fait de sa rareté (une cinquantaine d'hectares).
Les pelouses constituent un type de végétation herbacée installée sur des milieux à degré nutritionnel plutôt faible et sur des sols généralement superficiels ; on parle aussi de prairies maigres. En Franche-Comté, de nombreux types de pelouses ont pu être mis en évidence (pelouses xérophiles, mésophiles sur silice ou sur calcaire), les facteurs de différenciation étant le climat et les propriétés des sols. La pelouse de la ferme du Rondot est un bel ensemble de pelouse mésophile, de fruticée (formations arbustives) et de prairie mésotrophe. Elle accueille, en particulier, des pelouses sèches sur marnes qui sont assez rares dans le Territoire de Belfort et dont l'originalité tient aux variations hydriques saisonnières importantes liées aux terrains marno-calcaires. Ces pelouses sont remarquables pour leur richesse. Du fait de la rareté de ces formations, leur flore reste peu commune et quelques espèces d'affinité méditerranéenne en constitue l'originalité. Sur la partie nord, la forêt (chênaie-charmaie et pins sylvestre) et les fruticées (formations arbustives) sont relativement bien développés.
La diversité floristique et structurale de la pelouse du Rondot est très favorable aux insectes, particulièrement aux papillons, parmi lesquels on recense plusieurs espèces peu communes pour le département et une espèce protégée en France, le damier de la succise. Sa population se maintient pour l'heure, mais les menaces actives qui pèsent sur cette zone sont à même de remettre en cause la pérennité de cette espèce qui régresse depuis une cinquantaine d'années du fait de la disparition ou de la fragmentation de ses habitats de prédilection.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence d'une plante et d'un insecte cités dans les arrêtés ministériels du 20.01.82 et du 19.11.07 assurent indirectement la protection des pelouses puisque est interdit tout acte de destruction à l'encontre de ces espèces et de leur biotope.
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Cette zone exceptionnelle est malheureusement menacée par l'envahissement des fruticées et du pin sylvestre. A l'opposé, un pietinement résultant du passage répété des troupeaux est localement observé. Sa situation en bordure de l'agglomération belfortaine, à proximité immédiate d'un centre commercial, laisse aussi planer des menaces d'aménagement. Des dépôts de matériaux sont observés. Enfin, le labours pour mise en culture constitue une autre menace ainsi que cela a été constaté pour la parcelle située au delà de la route départementale 32 et retournée en 1997.
Les actions à promouvoir portent sur :
- le maintien du niveau d'ouverture des pelouses non gagnées par la friche et leur gestion extensive ;
- la restauration des secteurs très enfrichés en veillant à maintenir une mosaïque d'habitats : pelouses ensoleillées, buissons et quelques vieux arbres ;
- l'évacuation des déchets sauvages ;
- au vu de l'intérêt du site et des menaces qui pèsent sur lui, la mise en place d'une mesure légale de conservation couplée avec une gestion conservatoire.
zone d'extension des pelouses