A l'est de Belfort, s'élèvent de modestes reliefs à sous-sol calcaire datant du Jurassique. Ces collines préjurassiennes séparent le Pays de Montbéliard des massifs primaires prévosgiens. L'altitude y varie de 300 à 500 m.
Ces niveaux calcaires donnent des sols plus ou moins épais selon la situation où la chênaie-charmaie est le type forestier vers lequel la végétation évolue en l'absence d'intervention humaine. Au sud de Méroux, les milieux ouverts ont pour origine de très anciennes déforestations de cette forêt originelle. Les pratiques agro-pastorales qui s'y sont succédées ont permis l'émergence d'une végétation herbacée de type pelouse sèche, remarquable dans le département du fait de sa rareté : moins de 50 ha selon les estimations, les chaumes d'altitude étant exclues.
Les pelouses constituent un type de végétation herbacée installée sur des milieux à degré nutritionnel plutôt faibles et sur des sols généralement superficiels ; on parle aussi de prairies maigres. En Franche-Comté, de nombreux types de pelouses ont pu être mis en évidence (pelouses xérophiles, mésophiles sur silice ou sur calcaire), les facteurs de différenciation étant le climat et les propriétés des sols. A Méroux, un petit secteur de pelouse sur marne, type de végétation rare à l'échelle départementale apparaît ici comme un îlot de nature au milieu d'un secteur très anthropisé où les cultures dominent le paysage. Elle présente différents faciès (érodés ou plus ou moins denses) avec des zones de fruticées (formations arbustives). La nature imperméable du sol marneux induit des conditions écologiques très originales : sécheresse importante l'été, humidité l'hiver... que caractérisent des plantes typiques, généralement d'affinité méditerranéenne et peu communes comme le lotier maritime ou le trèfle étalé.
Pour ce qui est de la faune, la présence du lézard agile et de l'alouette lulu est notée. Cette pelouse marnicole offre également, par ses caractéristiques écologiques, la possibilité de se reproduire à une vingtaine espèces de papillons dont la thécla du prunier. Bien que le milieu lui convienne parfaitement, le damier de la succise n'a pas été contrôlé. En conclusion, la richesse de la flore et de la faune et l'originalité de ce type de milieu rarement rencontré au niveau départemental confèrent à ce secteur un intérêt écologique important.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence d'une plante citée dans l'arrêté ministériel du 22.06.1992 assure indirectement la protection des pelouses puisque est interdit tout acte de destruction à l'encontre de cette espèce et de son biotope.
OBJECTIFS DE PRESERVATION
L'abandon de tout pâturage ou fauche a amené une réduction importante des zones ouvertes. En l'absence d'intervention, la pelouse s'enfrichera inexorablement. Outre les cultures qui menacent directement la pelouse, de nombreuses dégradations ont pu être notées : pratique de la moto tous-terrains (décapage du sol) , places à feu.
La conservation de la pelouse de Méroux passe par différentes opérations à promouvoir :
- le maintien des pelouses ouvertes non encore colonisées par les arbustes et la reconquête des zones à faible recouvrement arbustif ;
- la restauration des secteurs très enfrichés en veillant à maintenir une mosaïque d'habitats afin d'optimiser la diversité floristique et faunistique : pelouses ensoleillées, réseau de buissons (très important pour les lézards) ;
- la conduite d'un entretien régulier des pelouses selon un rythme à définir en fonction de la dynamique du milieu ;
- une limitation stricte de l'accès aux véhicules motorisés ;
- la restauration des places à feu et leur limitation ;
- la protection de ce site en relation avec les rares pelouses sèches situées à proximité : ferme du Rondot, Chemin du Texas, Côte de Bourogne, coteau d'Eguenigue, le Bosmont à Andelnans.