ZNIEFF 430220022
GROTTE DE CRAVANCHE

DESCRIPTION
Qu'ils soient grottes naturelles, anciennes mines ou zones de fissure du karst, les habitats souterrains présentent toujours les mêmes caractéristiques : obscurité d'où l'absence de photopériode, variations de température atténuées, hygrométrie proche de la saturation et disponibilité alimentaire limitée.
L'intérêt patrimonial des habitats souterrains réside surtout dans leur faune extrêmement originale et spécialisée. Le groupe zoologique le mieux connu est celui des chauves-souris pour lequel 28 espèces sont dénombrées en Franche-Comté la plaçant ainsi parmi les régions les plus riches de France (33 espèces). Cette richesse s'explique par la situation de notre région placée à la confluence de différents climats (continental, océanique et méditerranéen). Toutes les espèces ne sont pas cavernicoles, mais un certain nombre passent une partie ou la totalité de leur cycle biologique sous terre : hibernation, reproduction ou transit. Pour plusieurs d'entre elles, la période estivale, correspondant à la mise bas des femelles, se déroule dans des sites artificiels (bâti) ou arboricoles (décollements d'écorces, trous de pics).
Les terrains de chasse changent régulièrement au cours de l'année en fonction des concentrations d'insectes et ce sont les biotopes de transition qui assurent les meilleurs garde-manger : haies, cours d'eau, zones humides, lisières forestières et forêts. Il s'ensuit généralement des changements de sites, constants et étroitement liés au rythme biologique. Les distances entre ces gîtes sont variables : de 200 kilomètres pour le minioptère de Schreibers, elles n'excèdent pas 5 à 10 kilomètres pour le petit rhinolophe. Une fidélité aux gîtes d'hiver et de mise bas est généralement constatée pour plusieurs espèces.
Entre la ville de Belfort et la forêt du Salbert, la grotte de Cravanche constitue les vestiges d'une ancienne exploitation industrielle de roche massive calcaire. Des salles souterraines permettent l'accueil pour l'hibernation hivernale (entre novembre et avril) d'une petite population de chauves-souris. Ce site abrite six espèces de chiroptères dont quatre sont reconnues comme d'intérêt communautaire : le grand rhinolophe, dont c'est actuellement le seul site d'accueil de l'espèce dans le département, le grand murin, le vespertilion à oreilles échancrées et le vespertilion de Bechstein avec de très faibles effectifs. Ces grottes constituaient, par ailleurs, le seul lieu d'hivernage connu pour le petit rhinolophe dans le Territoire de Belfort, cette espèce d'intérêt communautaire n'ayant pas été revue depuis 1959. L'intérêt actuel de la grotte de Cravanche est local.
 
STATUT DE PROTECTION
Ces grottes sont classées depuis le 15 avril 1911 au titre de la loi relative à la protection des paysages, qui interdit toute opération d'aménagement et de réalisation de travaux lourds ou dégradants. D'autre part, l'arrêté ministériel du 23 avril 2007 assure une protection stricte des espèces et interdit la destruction ou l'altération des sites de reproduction ou des aires de repos.
 
OBJECTIFS DE PRÉSERVATION
Malgré son classement, ce site a fait l'objet de nombreuses dégradations qui ont sévèrement porté atteinte aux chauves-souris. Le dépôt de déchets de toutes natures a contribué à combler les galeries, tandis que des incendies fréquents ont entraîné la disparition quasi-totale des chauves-souris. Durant l'hiver 1997-1998, la ville de Belfort a entrepris des travaux de restauration (évacuation des déchets et décapage des galeries. En outre, une protection efficace du site a été mise en place par la fermeture définitive de l'accès par la doline et par les puits ainsi que par la pose d'une nouvelle grille à l'entrée principale. De cette manière, la réinstallation des chauves-souris dans ces grottes est recherchée puisque les causes de raréfaction de ces mammifères reposaient sur le dérangement qu'elles subissaient, l'aménagement des cavités et sur les actes de destruction volontaires.