ZNIEFF 430220030
ETANG DU CHENOIS

(n° régional : 47000004)

Commentaires généraux

À Vauthiermont, l'étang du Chênois se situe dans la région naturelle du Sungdau, caractérisée par un relief mollement vallonné et par un sous-sol composé d'alluvions recouvertes par des limons. La combinaison de ces deux facteurs a permis la création de très nombreux étangs, en chapelet le long de cours d'eau et souvent au sein de massifs forestiers, formant un paysage tout à fait singulier pour le Territoire de Belfort.

 

L'étang du Chênois est un petit plan d'eau essentiellement forestier que la pauvreté en éléments nutritifs et le pH acide permettent de qualifier d'oligo-mésotrophe. Il s'agit d'un bel ensemble aquatique bordé de ceintures végétales assez développées grâce à des berges peu pentues. Autour de l'étang, la ceinture de saules et d'aulnes est progressivement remplacée par une forêt parcourue de fossés peu profonds, petits points d'eau ou mares et par des prairies sur la partie nord de l'étang.

 

L'intérêt de cet étang est d'abord botanique, puisque ce plan d'eau constitue l'une des quatre stations connues de marsilée à quatre feuilles du Territoire de Belfort. Il s'agit d'une petite fougère aquatique dont les feuilles ressemblent à un trèfle à quatre feuilles et qui croît au niveau de la digue de l'étang du Chênois. D'un beau vert, les feuilles se développent tout d'abord à la surface de l'eau puis, à mesure que le niveau s'abaisse, se dressent progressivement hors de l'eau. Ce n'est qu'à la fin de l'été, lorsqu'elle est entièrement exondée, que la plante produit ses fructifications. Pour produire des peuplements denses et importants, la marsilée exige des espaces dégagés car elle s'accommode peu de la concurrence. Les exigences écologiques très strictes de cette fougère, équivalant à des plages boueuses ou sablonneuses, au bord d'étang à niveau d'eau variable, font d'elle une espèce rare et instable. Les changements de vocation ou de gestion des étangs constituent la menace la plus importante pour cette espèce. Protégée au plan national, menacée à l'échelle européenne, la marsilée n'est connue que dans une vingtaine de stations en Franche-Comté (étangs du Sungdau et de Bresse, dont quatre stations dans le Territoire de Belfort) et une quinzaine de départements français.

 

En ce qui concerne la faune, le complexe de milieux de l'étang du Chênois est favorable aux amphibiens. Ses faibles fréquentation et artificialisation permettaient notamment la présence de la grenouille des champs, une espèce d'Europe centrale considérée comme rare et en régression alarmante en France. Malheureusement, cette grenouille n'a pas été observée lors de prospections conduites en 2004. La récente désertion de certains sites du Haut-Rhin voisin laisse présager une disparition définitive de l'espèce à l'échelle du Sundgau, voire de tout le quart nord-est de la France. Le triton crêté, une autre espère phare de cet étang, n'a pas été contacté lors de ces mêmes prospections, les trois autres espèces étant cependant représentées. Enfin, cet étang présente une forte potentialité pour les libellules.

 

STATUT DE PROTECTION

Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence d'une plante et de plusieurs espèces d'amphibiens cités dans les arrêtés du 20.01.1982 et du 19.11.2007 assure indirectement la protection de cette zone puisque est interdit tout acte de destruction à l'encontre de ces espèces et de leur milieu.

 

OBJECTIFS DE PRÉSERVATION

La gestion extensive de l'étang qui est conduite actuellement doit être poursuivie. Outre l'information du propriétaire sur l'intérêt élevé de son étang, il conviendrait de prendre en compte les recommandations suivantes :

- éviter les modifications susceptibles de changer les conditions hydrologiques de l'étang,

- limiter le faucardage de la végétation flottante de l'étang,

- préserver le réseau de mares et d'ornières interconnecté en queue d'étang notamment,

- mettre en valeur les mares en particulier celles situées à proximité de la queue de l'étang,

- proscrire l'enrésinement des parcelles forestières attenantes à l'étang,

- limiter l'introduction de poissons carnassiers, principaux prédateurs des amphibiens.

 

 

 

Commentaires sur la délimitation

contour de l'étang, plus berges et zones d'atterrissement au nord-ouest de l'étang