ZNIEFF 530002103
FORÊT DE BEFFOU

(n° régional : 00220000)

Commentaires généraux

La Forêt départementale de Beffou (616ha 36a 85ca au total) est presque entièrement comprise dans la

ZNIEFF, cette propriété du Département des Côtes d’Armor occupe près de 79 % de la superficie de la

zone retenue et est gérée par l’Office National des Forêts, elle se trouve principalement sur la commune

de Loguivy-Plougras. Les trois-quarts de la forêt reposent sur des roches magmatiques basiques, des

métadolérites datées du Dévonien (- 390 millions d’années). Ces gabbros doléritiques possèdent moins

de silice que les formations environnantes, elles sont plus riches en calcium, magnésium et fer, ce qui

permet l’expression d’une flore forestière neutrophile assez importante, assez peu commune en

Bretagne.

Habitats déterminants : l’ouragan d’octobre 1987 a particulièrement marqué cette forêt et mis à terre 180

ha de futaie de hêtres centenaires. La futaie feuillue couvre 65 % de la forêt mais est donc encore bien

jeune en très grande partie (source ONF n° 65 - 1999). La cartographie Natura 2000 de 2005 (source 74) repère

3 milieux forestiers d’intérêt communautaire principaux : la hêtraie-chênaie hyperatlantiques à houx, et

ici plus particulièrement à if très abondant dans ce massif (densité unique dans l’Ouest de la France) riche

en épiphytes ; la hêtraie de l’Asperulo-Fagetum représentée par pas moins de 2 habitats élémentaires

dans le site : la hêtraie neutrophile à mélique, if et houx (code Natura 9130-1), et la hêtraie-chênaie

neutrophile à jacinthe des bois (9130-3) ; et enfin des éléments de forêts alluviales à aulne glutineux et

frêne, principalement le faciès à laîches des petits ruisseaux.

Les boulaies à sphaignes sont sporadiques et très peu étendues, l’acidité globalement faible ne les

favorise pas, par contre de petites aulnaies marécageuses localement à sphaignes se trouvent ça et là.

De petits espaces humides prairiaux interstitiels sont disséminés dans le massif : mégaphorbiaies à reine

des prés, et plus rarement moliniaie oligo-mésotrophe (secteur privé de Roscoff), ou en marge d’un bois

tourbeux une petite prairie oligotrophe diversifiée à sphaignes (près de Keidré).

Espèces déterminantes - Flore remarquable : 3 espèces végétales protégées au plan national sont

présentes dans le site : le flûteau nageant (Luronium natans) plante aquatique également d’intérêt

communautaire (étang de Compréjou), la fougère dryoptéris atlantique (Dryopteris aemula), et la

centaurée fausse-scille (Centaurium scilloides) une des 37 plantes à très forte valeur patrimoniale pour la

Bretagne dont la conservation est un objectif prioritaire dans les actions du Conservatoire Botanique

National de Brest, malheureusement celle-ci découverte dans deux layons forestiers (en 2000 puis en

2001) n’a plus été revue à partir de 2007, et les moyens préconisés pour sa sauvegarde (à présent sa

réapparition) tardent à être pris (fauche adaptée, élagage ou même dégagement de plusieurs lignes d’arbres).

Une quatrième plante protégée, en Bretagne où elle est très rare, l’orchidée saprophyte la néottie nid-

d’oiseau (Neottia nidus-avis) apparaît certaines années en très petite quantité dans la forêt dans certaines

parcelles forestières. Des plantes menacées déterminantes et particulièrement rares en Bretagne sont

présentes, comme entre autres la prêle des bois (Equisetum sylvaticum), le potamot à feuilles capillaires

(Potamogeton trichoides), ou la parisette (Paris quadrifolia) qui se développe en sous-bois frais et

humide à humus doux, mais dont il n'existe plus qu'une seule population dans le massif forestier de

Beffou contre 4 il y a dix ans (sa régression semble imputable à des travaux forestiers à proximité -

source 78). D’autres plantes forestières peu communes sont aussi présentes : Festuca gigantea, Bromus

ramosus, Monotropa hypopitys, etc.

Les inventaires des bryophytes et lichens restent encore largement à compléter et/ou réunir dans cette

ZNIEFF, mais il y a déjà quelques bryophytes intéressantes (la mousse corticole Neckera crispa mentionnée

dans la première ZNIEFF reste à retrouver ou a disparu avec les hêtres emportés par l’ouragan). L’inventaire des

champignons, principalement réalisé sur la période 1965-1987 et synthétisé pour cette version de la

ZNIEFF (Réaudin 2009) réuni un nombre de taxons assez considérable dont sont extraites de

nombreuses espèces déterminantes rares à l’échelle bretonne (souvent seulement signalées dans le

département des Côtes d’Armor) et/ou en forte raréfaction à l’échelle européenne (liste rouge), c’est une

base très précieuse pour les générations futures de mycologues, quand la forêt se sera reconstituée.

- Faune remarquable : (plusieurs groupes de vertébrés restent à prospecter ou les données à réunir)

Mammifères : la Loutre d’Europe remonte jusque sur les ruisseaux de la forêt (épreintes en 2008 à l’étang

de Compréjou), les micro-mammifères et chiroptères sont à étudier. Avifaune : le peuplement d’oiseaux

de la forêt est bien suivi par les ornithologues locaux. Plusieurs rapaces diurnes, pics et passereaux

déterminants, nicheurs certains ou probables, sont recensés, parmi lesquels la Bondrée apivore, le

Faucon hobereau, le Pic noir, le Pic mar et le Roitelet triple-bandeau. Le Pouillot siffleur dont les

effectifs nicheurs étaient paradoxalement importants juste après l’ouragan de 1987 (Hamon 1988) a

décliné fortement jusqu’à ne plus être contacté pendant plusieurs années (1 seul chanteur en 1999, source

63), il était à nouveau possiblement reproducteur vers 2006 (source 76).

Les invertébrés ont fait l’objet d’études sur le massif : une première étude entomologique en 2000 et un

stage du GRETIA en 2001, les résultats d’inventaire sont significatifs pour plusieurs groupes

(coléoptères, libellules,...). Une sauterelle jusqu’alors inconnue de tout l’Ouest de la France la Barbitiste

des bois (Barbitistes serricauda) a été identifiée (Inv. : Callarec - Déterm. : Fouillet), il reste à savoir si elle

constitue une population en forêt de Beffou. Trois invertébrés patrimoniaux et protégés sont

présents dans la forêt : le Damier de la succise, le Carabe à reflets d’or et l’Escargot de Quimper.

Cet espace a donc une forte valeur écologique, il est aussi en grande partie dans le périmètre du Site

d’Intérêt Communautaire « Rivière Léguer, Forêts de Beffou, Coat-an-Noz et Coat-an-Hay ».Une mise

en place et un suivi de bio-indicateurs sur la forêt de la part du gestionnaire (ONF) en 1999 affiche le

souci du respect de la bio-diversité. Il apparaît toutefois malgré les nombreuses informations et bilans

reçus sur le statut précaire de certaines plantes patrimoniales qu’un manque de coordination et de

circulation de l’information entre tous les acteurs susceptibles d’intervenir (ONF, service Forêts et

service Espaces Naturels du Conseil Général, Opérateur local pour le site Natura 2000, Conservatoire

Botanique, botanistes locaux...) n’a pas encore permis de déboucher sur la mise en place de périmètres

de sauvegarde de stations botaniques importantes, ni la réalisation de travaux adaptés pour le

rétablissement de leurs conditions écologiques optimales (impliquant la coupe d’arbres si nécessaire).

La Forêt de Beffou a un intérêt pédagogique et est utilisée par des centres permanents de découverte de

la Nature locaux. Il existe un arboretum au Sud de la forêt près du Pavé, un sentier éducatif de « Job le

bûcheron » non loin de la Maison Forestière ainsi qu’un secteur nommé le « Bois des enfants - Koad ar

Vugale» à l’Est de la forêt.

Elle abrite aussi quelques éléments archéologiques et historiques dont l’Allée couverte du Brohet.

TRES IMPORTANT : pour rendre valide ce bordereau, joindre une carte au 25 000éme précisant vos

propositions de délimitation avec à l’intérieur la justification des critères de délimitation (voir n°12) et

localisation des espèces et habitats déterminants (voir n°11).

Commentaires sur la délimitation

Le périmètre ZNIEFF de la Forêt de Beffou est sensiblement

modifié en plusieurs points pour des raisons écologiques et

fonctionnelles (continuité forestière) : réintégration des secteurs

boisés en face du Gouélou au Sud-Ouest du massif et de la

partie aval du vallon forestier du ruisseau de Milin ar Prat au

Nord-Est ; sont rajoutés aux marges de la forêt les fonds plus

ou moins humides et à présent boisés situés sur la rive droite du

même ruisseau sur la Chapelle-Neuve, et ceux situés sur

Loguivy-Plougras au Sud des villages de Collojou à Lestréhon

ainsi que le vallon boisé de Keidré. Les rares prairies enclavées

dans la forêt sont permanentes et le plus souvent humides.

Les quelques parcelles boisées plus à l’Ouest près de Le Brohet

bien qu’encore sur la dolérite n’ont pas été retenues car situées

dans un environnement nettement plus composite.