ZNIEFF 530002104
FORÊT DE COAT-AN-NOZ ET COAT-AN-HAY

(n° régional : 00060000)

Commentaires généraux

Les Forêts domaniales de Coat-an-Noz et Coat-an-Hay (séparées par la rivière Léguer : limite communale à ce niveau entre Belle-Isle et Louargat) sont en fait réunies dans un aménagement forestier unique de 795 ha 07, dont 789 ha environ sont inclus dans la zone (représentant les trois-quarts de la ZNIEFF). Des bois privés attenants (feuillus ou résineux, souvent établis sur lande dans le second cas - voir rubrique 12) et des landes sèches résiduelles sur la marge Nord (Crug Lann) sont logiquement intégrés à la ZNIEFF comme l’étaient déjà le bois et la zone tourbeuse sous Pen Bleiz et les landes sèches près de Pont Meïn.

Habitats déterminants : Malgré un trop fort enrésinement général, il est conservé de belles unités en feuillus. Le principal milieu déterminant de la zone est la hêtraie-chênaie acidiphile à acidicline à houx et plus particulièrement à if, assez abondant dans ce massif ; c’est un habitat forestier d’intérêt communautaire, représenté en futaie ou taillis. La hêtraie de l’Asperulo-Fagetum est plus localisée et surtout présente au Nord du Château de Coat-an-Noz sous sa variante neutrophile à mélique, if et houx (source n° 67). Une particularité dans ces habitats est la présence à Coat-an-Noz d’une buxeraie subspontanée en sous-bois, au niveau du Cap, dont l’origine remonterait à l’époque gallo-romaine (source n° 52). Deux autres habitats forestiers d’intérêt communautaire (prioritaires) tourbeux ou alluviaux surtout présents au niveau du couloir du Léguer et dans quelques fonds de vallons, sont aussi importants à conserver dans le site : l’aulnaie - frênaie à laîche espacée (Carex remota) des petits ruisseaux, présentant également 2 autres variantes marquées par l’abondance de la laîche penchée (Carex pendula), ou bien du noisetier en sous-strate ; et la boulaie pubescente tourbeuse à sphaignes surtout représentée dans sa variante acidicline accompagnée de saules et de laîche paniculée en situation alluviale, la race atlantique à Sphagnum fimbriatum est aussi présente sur Coat-an-Hay.

Plusieurs habitats intra-forestiers ou de bordure sont aussi retenus comme déterminants dont les tourbières de pente à narthécies, souvent réduites mais assez diversifiées, présentes en rive gauche du Léguer à plusieurs niveaux entre Pen Bleïz et Crug Lann, ainsi que dans la Forêt de Coat-an-Hay. Cette dernière a fait l’objet de travaux de génie écologique importants de la part de l’ONF (déboisement manuel, décapage localisé) et fait l’objet de suivis scientifiques. Un Contrat-Natura 2000 avec un propriétaire privé prévoyant des travaux similaires dans la tourbière sous Pen Bleïz est en cours avec l’Association de la Vallée du Léguer, opérateur local.

Les rochers à l’affleurement en différents endroits du massif, témoins d’une géologie variée sur la zone influençant également les sols et les habitats décrits précédemment (orthogneiss granitique, amphibolite, schistes et quartzites) sont particulièrement intéressants pour certaines fougères protégées et bryophytes de grande valeur patrimoniale, surtout en atmosphère ombragée ou à haute humidité atmosphérique constante.

Landes sèches, mares forestières (plusieurs d’entre-elles sont en cours de création dans le cadre d’un Contrat-Nature ONF / Région Bretagne), et galeries de mine, sont aussi des habitats importants pour le site et facteurs de biodiversité, tant animale que végétale.

Espèces déterminantes : - Flore remarquable : 4 espèces végétales protégées au plan national sont présentes dans le site : le rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia), et les fougères dryoptéris atlantique (Dryopteris aemula), hyménophylle de Tunbridge (Hymenophyllum tunbrigense) et le trichomanès remarquable (Trichomanes speciosum) cette dernière est aussi d’intérêt communautaire mais est seulement détectée sous sa forme de prothalle. Au moins 6 autres plantes vasculaires déterminantes ont été vues récemment, dont l’isopyre faux-pigamon (Isopyrum thalictroides) rare en Bretagne et qui est dans la Vallée du Léguer en limite Ouest de sa répartition. D’autres plantes forestières peu communes sont aussi présentes : Festuca gigantea, Bromus ramosus, etc.

Les bryophytes sont assez bien prospectés dans la zone et révèlent aussi des éléments rares comme par exemple les hépatiques de rochers Marsupella sprucei très rare en Bretagne ou bien Lepidozia cupressina rare en Bretagne et en France. Les champignons macromycètes font l’objet de recherches régulières et d’une cartographie dans ce massif depuis 20 ans, et plusieurs espèces déterminantes, très rares, sont relevées, comme Entoloma bloxamii ou Pholiota apicrea (1ère donnée bretonne).

- Faune remarquable : la plupart des groupes de vertébrés sont très bien prospectés. Mammifères : la Loutre d’Europe est sédentaire sur le Léguer, une convention "Havre de Paix pour la Loutre" existe entre l’ONF et le Groupe Mammalogique Breton depuis mai 2008. 13 espèces de chauves-souris sont recensées sur le massif dont 8 sont déterminantes pour les ZNIEFF (dont 5 d’intérêt communautaire) parmi lesquelles 6 hivernent dans le site. L’existence de prairies naturelles de qualité en enclave ou au voisinage immédiat de la forêt est un point important pour les chiroptères, ce que prend partiellement en compte la ZNIEFF. Avifaune : le peuplement d’oiseaux de la forêt a été particulièrement étudié (sources GEOCA n° 59 et 60, 1999 et 2000) et reste bien suivi par les ornithologues locaux. Plusieurs rapaces diurnes, pics et passereaux déterminants, nicheurs certains ou probables, sont recensés, parmi lesquels la Bondrée apivore, le Faucon hobereau, le Pic noir, le Pic mar, le Pouillot siffleur et le Grobec casse-noyaux. Amphibiens : 8 espèces sont recensées dont les tritons alpestre et marbré.

Les invertébrés restent en grande partie à étudier, ce qui serait très utile pour leur meilleure prise en compte dans la gestion forestière, toutefois des débuts d’inventaires existent pour certains groupes (lépidoptères, coléoptères carabiques, gastéropodes) ; deux invertébrés patrimoniaux et protégés sont présents dans la forêt : le Carabe à reflets d’or et l’Escargot de Quimper.

Cet espace inscrit en ZNIEFF de type II est donc d’une grande valeur écologique ; une ou plusieurs ZNIEFF de type I mériteraient sans doute d’être décrites ultérieurement dans la zone. L’Office National des Forêt a partiellement intégré ce fait, ne destinant pas toute la forêt domaniale au seul objectif de production : actuellement deux secteurs forestiers, centrés sur le vallon principal du Léguer, ainsi qu’un petit affluent du Guic naissant près de la maison forestière de la Barrière Blanche, font partie d’une "série écologique", prenant plus particulièrement en compte dans la gestion, la protection des habitats remarquables et espèces patrimoniales (secteurs également intégrés au périmètre du Site d’Intérêt Communautaire de la Vallée du Léguer).

Une synthèse cartographique des habitats naturels et stations d’espèces à forts intérêts biologiques serait très souhaitable sur la zone. Les gestionnaires de la forêt domaniale souhaitent être régulièrement informés des découvertes naturalistes faites dans la forêt, pour améliorer ces connaissances et gérer l’espace en pleine connaissance de ces enjeux.

TRES IMPORTANT : pour rendre valide ce bordereau, joindre une carte au 25 000éme précisant vos propositions de délimitation avec à l’intérieur la justification des critères de délimitation (voir n°12) et localisation des espèces et habitats déterminants (voir n°11).

Commentaires sur la délimitation

Le périmètre ZNIEFF du massif forestier est révisé sur sa marge, et sont rajoutés les secteurs forestiers (publics et privés) de Guernalin et Kergadiou en Louargat, la marge boisée (privée) bordant le Léguer au niveau de la forêt à Rojou en Plougonver, la lande et les prairies au contact de la forêt aux environs de Crug Lann en Belle-Isle-en-Terre (pour des raisons écologiques et fonctionnelles). Le Château de Coat-Noz et son exploitation avicole, très enclavés, ont été conservés dans la zone. Les espaces agricoles représentent 4 % de la surface.