La pointe rocheuse du Tertre Corlieu qui resserre dans sa partie Est la Baie de Lancieux, est encadrée de
part et d'autre de deux petites formations sableuses, l’une au Nord : la dune de la Briantais qui la
raccorde à la côte rocheuse, l’autre au Sud-Est : un cordon sableux bordant la plage de la Beaussais et
s’adossant à la digue du polder avant de faire place à la végétation de pré-salé de la baie. Le saupoudrage
de sables calcarifères sur la pointe permet le maintien d’une flore calcicole, et immédiatement en arrière
la conjonction des écoulements d’eau douce, des percolations marines, et de la part de calcaire biogène
d’origine marine contenu dans les sols, rend alcalins les milieux hygrophiles naturels et semi-naturels.
Une partie des parcelles hygrophiles était cultivée jusqu’au début des années 1990, du sable était extrait
du flanc Nord du tertre, et la fréquentation touristique anarchique des plages entraînait une très forte
dégradation du milieu dunaire. L’intérêt naturaliste du site était déjà bien connu, notamment de la part de
l’association naturaliste SEPNB. Depuis le 6 mars 1995, le Tertre Corlieu et ses espaces dunaires sont
protégés par un Arrêté préfectoral de protection de biotope couvrant un peu plus de 16 hectares. Une
procédure de Déclaration d’Utilité Publique ayant pris effet en août 1995, le Conservatoire du Littoral,
qui avait entamé une démarche de protection foncière sur le site dès 1983, a pu alors acquérir des
terrains en 1999; il est actuellement propriétaire de 28 hectares dans la zone, dont la plupart des parcelles
ont été retenues dans cette ZNIEFF de 40 ha.
Les milieux déterminants retenus pour la zone sont : les habitats dunaires, principalement les espaces en
dune grise, fixée ou en régénération (placages sableux sur rocher et prairie, et bien sûr les dunes), ainsi
que les pelouses ou prairies calcicoles arrière-dunaires, le bas-marais alcalin, les prairies hygrophiles et
méso-hygrophiles alcalines, la mégaphorbiaie oligohaline, et la végétation des fissures des rochers eu-
atlantiques à nord-atlantiques.
Les espèces déterminantes de la ZNIEFF sont nombreuses, et d’autres plantes ou animaux inventoriées
dans le site sont également rares et même très localisés dans le département.
- ainsi pour les plantes, au moins 18 espèces (signalées après 1990) sont déterminantes, dont 8 orchidées
parmi lesquelles se trouve l’ophrys araignée (Ophrys sphegodes), l’orchis grenouille (Coeloglossum
viride), l’orchis négligé (Dactylorhiza praetermissa), l’orchis moucheron (Gymnadenia conopsea), ou
bien l’orchis punaise (Orchis coriophora subsp. coriophora) cette dernière plante, protégée
nationalement, et dont c’est l’unique station des Côtes d’Armor, est malheureusement en forte régression
sur le site. Parmi les autres plantes déterminantes citons aussi l’ophioglosse vulgaire (Ophioglossum
vulgatum) ptéridophyte protégé des dépressions humides, qui ne se maintient bien dans le département
que dans ce site (source n° 59), ainsi que le céraiste des champs (Cerastium arvense), protégé et connu que
de 2 stations en Bretagne, et qui devrait faire l’objet d’un repérage plus attentif dans le site pour
permettre d’assurer son maintien à long terme par une gestion adaptée.
Plusieurs autres plantes de l’inventaire sont particulièrement peu communes dans le département,
comme par exemple l’onoporde acanthe (Onopordon acanthium), la guimauve officinale (Atlthaea
officinalis) ou le cresson à petites feuilles (Nasturtium microphyllum).
7 plantes du site sont protégées légalement, au niveau national (1) ou en Bretagne (6), mais dans ce site
protégé par arrêté de biotope toutes les espèces sont interdites de cueillette et doivent être respectées.
- parmi les espèces animales, les vertébrés sont bien recensés et les inventaires de plusieurs groupes
d’invertébrés sont assez bien entamés (lépidoptères, araignées) voire sans doute déjà assez complets
(odonates). Parmi les espèces déterminantes relevons parmi les amphibiens le Crapaud calamite (Bufo
calamita) ou la grenouille Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus), pour les odonates l’Agrion nain
(Ischnura pumilio) figure sur la liste rouge française, et il est proposé de retenir également ici le Leste
sauvage (Lestes barbarus) l’une des seules libellules à tolérer une eau saumâtre dans son cycle vital
(source 60). Les papillons diurnes ont été régulièrement observés ces dernières années ; une prospection
nocturne a été réalisée en mai 2009 (sortie entomologique de l’association VivArmor Nature) et à cette
occasion 3 nouvelles espèces pour les Côtes d’Armor ont été identifiées (et donc proposées à la liste 2a
de la fiche). Un début d’inventaire concerne également les gastéropodes.
L’arrêté de protection de biotope a permis de réglementer l'utilisation du site. Sur le territoire acquis, le
Conservatoire du Littoral a pu entreprendre un programme de gestion destiné à organiser la
fréquentation du public tout en restaurant le milieu naturel et réaliser des travaux qui favorisent le
maintien et le retour d'espèces végétales : stationnement des véhicules en dehors des zones fragiles,
réhabilitation de la dune dégradée, création d’une nouvelle mare, fauche manuelle dans le marais pour
contenir la pousse de certaines espèces et en favoriser d'autres, telles que les orchidées, afin de tendre
vers une plus grande biodiversité.
Cette ZNIEFF de type I fait partie d’un ensemble plus important : la Baie de Lancieux (ou de la
Beaussais) inscrite en ZNIEFF de type II (voir cette fiche).
TRES IMPORTANT : pour rendre valide ce bordereau, joindre une carte au 25 000éme précisant vos
propositions de délimitation avec à l’intérieur la justification des critères de délimitation (voir n°12) et
localisation des espèces et habitats déterminants (voir n°11).
Le périmètre initial de la ZNIEFF, qui était uniquement centré
sur le tertre, a beaucoup évolué : il comprend à présent tout
l’Arrêté de protection de biotope, l’essentiel des acquisitions du
Conservatoire du Littoral à ce niveau, ainsi que quelques unités
agricoles présentes en arrière portant aussi des secteurs à
orchidées (prairies permanentes, voire prairies temporaires ou
cultures au contact de fossés fonctionnels, et dont la conversion
en prairie naturelle serait très souhaitable).