Cette tourbière est inscrite à l’Inventaire des tourbières de Bretagne avec un intérêt biologique départemental (source 53) qui est maintenu, et aurait pu sans doute être réévalué à la hausse si les plantes patrimoniales les plus rares signalées du site s’étaient maintenues.
Cette petite zone tourbeuse est traversée par un petit ruisseau permanent arrivant par l’Ouest et naissant à proximité dans la Forêt de La Perche, elle est également alimentée par une descente humide située dans un petit vallon forestier au Nord, inclus dans le ZNIEFF.
Ce vallon a été percé de 3 étangs successifs dans le talweg, l’eau oligotrophe et les situations pionnières créées par ces travaux, ont favorisé la venue de plusieurs plantes protégées observées dans cette dernière décennie : la littorelle (Littorella uniflora), le flûteau nageant (Luronium natans) plante également d’intérêt communautaire, le rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia), et le lycopode inondé (Lycopodiella inundata) découvert en 1994 sur un décapage de bordure d’étang, mais cette station de taille moyenne (donc assez intéressante pour les Côtes d’Armor et la Bretagne) s’est amenuisée et n’aura pas survécu plus d’une douzaine d’années à la reconquête de la végétation, et peut-être d’autres facteurs.
En aval de la départementale, la tourbière proprement dite se compose d’une lande humide passant insensiblement à une moliniaie embruyèrée parcourue par le groupement à narthécies. Un important fourré à piment royal (Myrica gale) semble s’étendre ou au moins se densifier sur l’aval. Une grande mare oligotrophe en voie de comblement existe au contact d’un fort talus formant retenue pour l’ensemble de la zone humide. Ce secteur reste floristiquement assez diversifié les 2 droséras, protégés en France, s’y trouvent : Drosera intermedia et Drosera rotundifolia (rossolis intermédiaire et à feuilles rondes), ainsi qu’une plante de tourbières peu commune : le rhynchospore blanc (Rhynchospora alba). Le très rare malaxis des tourbières (Hammarbya paludosa) découvert par le Chanoine R. CORILLION le 7 août 1955, avait disparu, puis a été retrouvé par un groupe de naturalistes en 1994 qui le recherchait dans ce lieu (37 pieds en 1997) mais n’a plus été revu après 1998, malgré un suivi et des prospections régulières. Il reste délicat de le déclarer "disparu".
Note d'Agnès Lieurade, novembre 2013 : "Le Malaxis des marais a été découvert dans la tourbière du Haut Quetel en 1955. Il a été revu ensuite
vers 1980. A partir de 1994, la station a fait l’objet d’un suivi annuel avec un comptage des effectifs
(comm. pers. F. Seité). Le Malaxis a été observé jusqu’en 1998. En 1999 et les années suivantes,
malgré des recherches régulières, cette espèce très discrète n’avait pu être repérée sur le site. C’est
en 2012, lors d’une visite organisée par le CBN de Brest et l’association FCBE qu’elle a été
redécouverte par J. Even (fig. 2).
En 1955, R. Corillion dénombrait « une centaine de sujets » de Malaxis, dans « une végétation très
étendue (….) de Myrica gale, entrecoupée par un système de ruisselets et rigoles (…), parmi les
Sphaignes en décomposition » (Corillion, 1956).
Entre 1994 et 1997, les effectifs annuels observés par F. Seité variaient entre 15 et 37 individus. En
1998, 2012 et 2013, les effectifs observés sont beaucoup plus réduits et inférieurs à cinq pieds.
Les témoignages des différents observateurs et les indications de J. Durfort sur le terrain ont permis
de situer l’emplacement des pieds de Malaxis repérés dans les années 1990, en deux points de la
tourbière. Les pieds de Malaxis repérés en 2012 se situent près de l’un de ces deux points, tout près
du ruisseau et de la mare, vestige de l’ancien étang. Par rapport aux années 90, les observateurs
constatent une diminution de la surface de cette mare. Il y a encore quelques années, elle était
beaucoup plus étendue. La configuration du ruisseau qui traverse le bas de la tourbière semble
également s’être modifiée. Le ruisseau apparaît plus creusé et son niveau plus bas. Ses rives
semblent plus abruptes qu’auparavant. Par ailleurs, il se pourrait que son cours se soit modifié avec
le temps. Il était auparavant plus diffus et le ruisseau s’étalait dans un secteur très humide avec une
végétation ouverte, dominée par les sphaignes, le Millepertuis des marais, le Potamot à feuilles
étroites, les Droséras… C’est dans ce type de milieu, « les pieds dans l’eau » que croît le Malaxis des
marais. Ces végétations sont encore présentes sur le site mais avec des surfaces vraisemblablement
moins étendues qu’autrefois et désormais très limitées."
Cette tourbière est la plus intéressante de la Forêt de La Perche et, avec la tourbière des Grands Aulnaies en Forêt de Lorge, du complexe forestier de Lorge. Elle fait partie du Site d’intérêt communautaire « Cime de Kerchouan, Forêt de Lorge, Landes de Lanfains ». Il faut souhaiter par ce programme qu’une prise en compte complète de cette zone puisse être réalisée, de manière que tout projet de nouveaux boisements ou travaux sur les étangs ou la zone humide, et de modifications hydrauliques liées à la route départementale ou à des propriétaires privés, soit soumis à expertise écologique préalable. Des actions de génie écologique très mesurées pourraient être envisagées pour tenter de faire revenir les plantes patrimoniales majeures (avec naturellement accord nécessaire des propriétaires). Des premiers contacts locaux menés par la Fédération Centre Bretagne Environnement en 1998 étaient restés sans suite.
TRES IMPORTANT : pour rendre valide ce bordereau, joindre une carte au 25 000éme précisant vos propositions de délimitation avec à l’intérieur la justification des critères de délimitation (voir n°12) et localisation des espèces et habitats déterminants (voir n°11).
Le périmètre de cette ZNIEFF initialement sur Gausson seulement a été étendu pour des raisons floristiques et fonctionnelles à un talweg d’alimentation de la tourbière situé en amont de la route départemental D 35 sur la commune de l’Hermitage-Lorge. En aval de la route le périmètre n’est pratiquement pas modifié