ZNIEFF 530005974
ETANG DU CRANIC

(n° régional : 00000107)

Commentaires généraux

L’étang du Cranic (ou Crannic) est un grand plan d’eau de 42 hectares, situé en tête d’un petit bassin versant dépendant de la Ria d’Etel (le "Ruisseau de l’Étang du Cranic" participe à former le Ruisseau du Moulin de Cochelin qui se jette dans l’Étier de Pont-Lesdour). La plus grande partie du site (et la totalité du plan d’eau) se trouve sur la commune de Brec’h, une partie terrestre de la bordure Ouest de l’étang se trouve sur la commune de Locoal-Mendon.

Sa situation en tête de bassin et une partie de son environnement préservé en landes destinaient cet étang à rester de nature oligotrophe ou mésotrophe, mais un élevage de visons américains (qui a cessé depuis 2000) localisé près de la queue Est de l’étang a conduit à un enrichissement des eaux et à un processus d’envasement ; un grand nombre de goélands venant sur le site se nourrir des déchets de l’élevage ont à cette époque accentué le processus d’eutrophisation du plan d’eau (source n° 54). Une ceinture de phragmites plus ou moins large occupe aujourd’hui une bonne partie du tour de l’étang. L’envasement et la prolifération estivale d’algues unicellulaires coloniales (constatée au printemps-été 2007) ont été certainement très préjudiciables au maintien d’une végétation amphibie d’intérêt patrimonial. En effet plusieurs plantes remarquables vues autrefois sur le site (Trapa natans, Littorella uniflora, Limosella aquatica) ont disparu, et sans doute depuis longtemps.

Cet étang reste un des plus importants du Morbihan pour l’hivernage des oiseaux d’eau. Une vingtaine d’espèces (canards plongeurs et de surface, grèbes, rallidés, échassiers, et quelques limicoles lorsque les niveaux sont bas) y sont régulièrement observés, en hiver ou en automne. Plusieurs oiseaux atteignent ou approchent les seuils d’effectifs hivernants qui les rendent déterminants pour cette zone : Fuligule milouin, Fuligule morillon, Foulque macroule. Il est aussi à signaler la présence très régulière du Balbuzard pêcheur. Vis-à-vis des déplacements de l’avifaune aquatique, des relations écologiques existent entre cet étang et d’autres plans d’eau ou vasières directement tributaires de la Ria d’Etel.

Les abords boisés de l’étang ainsi que les landes abritent plusieurs oiseaux nicheurs déterminants. l’Engoulevent d’Europe, la Chevêche d’Athéna et le Milan noir et y ont été signalés nicheurs assez récemment (2000). Divers autres rapaces régulièrement observés sont possiblement nicheurs.

Près de 160 espèces d’oiseaux ont été observées sur ce site, beaucoup en situation d’hivernants ou lors de passages en migration.

La zone reste encore intéressante aux plans floristique et phytocénotique pour les habitats naturels encore présents sur les bordures externes du plan d’eau : petites mares acides oligotrophes dans un contexte de landes boisées au Nord, et landes méso-hygrophiles développées au Nord-Ouest de l’étang, ainsi qu’au Sud-Est (pour partie dans le Bois de Kervazo). Deux plantes d’intérêt patrimonial y sont présentes en plusieurs points : la canche sétacée (Deschampsia setacea) et le Gaillet faible (Galium debile).

Une pêcherie privée (gestion extensive sans apports) existait sur cet étang, et depuis l'arrêt de celle-ci sur le site l'avifaune semble plus diversifiée, avec des effectifs plus constants. Cependant plusieurs dérangements sont constatés ponctuellement ou plus régulièrement : pêche loisir ou balade en canot (et même radeau de fortune), divagation de chien en période d'étiage bas, chasse, parapente motorisé en rase-mottes... La forme lenticulaire de l'étang ménage malheureusement assez peu de zones de repli pour l'avifaune (sources n° 4 et 58). Une plus grande sensibilisation locale des riverains et utilisateurs sur ces problèmes serait sans doute souhaitable.

Espèces autres non listées:

Anas bahamensis

Commentaires sur la délimitation

Le périmètre de cette ZNIEFF a été nécessairement augmenté pour prendre en compte les habitats naturels humides d’intérêt communautaire, et porteurs de faune et de flore remarquables, se trouvant proches ou au contact de l’étang et participant à son alimentation et à l’intérêt écologique d’ensemble.

Les prairies mésophiles artificielles et cultures ne sont pas incluses dans la zone.