ZNIEFF 530006324
FORET DE PONT CALLECK

(n° régional : 06300001)

Commentaires généraux

La Forêt domaniale de Pont-Calleck (541,72 ha) occupe environ 60 % de la superficie de cette ZNIEFF

de type I qui couvre un ensemble forestier cohérent comportant majoritairement un habitat forestier

remarquable, d’intérêt communautaire : la chênaie-hêtraie acidiphile à houx (et localement if), et un peu

plus de 8 kilomètres de parcours forestier de la Rivière Scorff avec de nombreux petits ruisseaux ou rus

affluents courant dans des vallons forestiers perpendiculaires à la vallée principale.

La Forêt domaniale de Pont-Calleck, entièrement située sur la commune de Berné (rive droite du Scorff),

est une ancienne forêt privée achetée au Duc de Lorge par les Houillères de Lorraine en 1956. Elle est

gérée par l’Etat depuis 1957 qui l’acquerra le 16 juillet 1963 dans le cadre d’une procédure d’échange

avec cette société industrielle. La dernière révision d’aménagement s’étend sur 20 années (1995-2014).

La forêt est essentiellement sous le régime de la futaie (au ¾ en futaie régulière dans les premiers âges et

taillis sous futaie pour les feuillus plus âgés, et ¼ en futaie résineuse régulière). Les objectifs à long

terme sont de réduire la part des résineux (mais en favorisant le pin sylvestre) et de développer fortement

le chêne rouge d’Amérique. Une division de la forêt domaniale en 2 séries prévoit une 1ère série en futaie

de 393 ha pour la production de bois d’oeuvre feuillus (chênes) et résineux, et une 2ème série de 149 ha

avec pour objectif principal la protection du paysage (sur les versants granitiques pentus bordant le

Scorff notamment) et localement la protection biologique du vallon du ruisseau de Nahellec. La forêt a

également un intérêt culturel par la présence de quelques petits édifices religieux (statues, fontaines) et

de vestiges historiques (tombes de l’âge du fer, traces d’anciens villages).

Habitats déterminants : l’habitat forestier d’intérêt communautaire majeur de la zone est la hêtraie

atlantique acidiphile à acidicline à houx et/ou if, soit sous une forme typique, soit moins bien

caractérisée du fait de l’interférence de résineux en sous-strate (Abies alba) ou d’autres essences

feuillues dans la strate arborée (châtaignier). Sur les versants ombragés et plus humides, le faciès à

luzule sylvatique (Luzula sylvatica), également plus moussu, est un élément de diversification

écologique. Les rochers affleurants ("pentes rocheuses siliceuses avec végétation chasmophytique") sous

le couvert, à nombril de Vénus (Umbilicus rupestris) et polypode, sont aussi des supports privilégiés

pour de nombreuses mousses, un faciès plus humide avec des changements notables dans le cortège

bryophytique existe dans le mini-chaos du vallon du ruisseau de Nahellec et certainement en d’autres

points du site.

La rivière porte essentiellement des phytocénoses relevant du Callitricho hamulatae - Ranunculetum

penicillati, groupements caractéristiques des cours d'eau à salmonidés du Massif armoricain. Dans cet

ensemble, les radiers à oenanthe safranée (Oenanthe crocata) constituent les habitats préférentiels des

juvéniles de saumon atlantique (extrait fiche Natura 2000).

Flore remarquable : une fougère protégée au plan national, l’hyménophylle de Tunbridge

(Hymenophyllum tunbrigense) découverte dans cette forêt en 1968 par P. Dupont (source n°65), est

toujours présente dans le vallon du ruisseau de Nahellec, mais en population réduite répartie en quelques

taches et ne couvrant pas plus de 2 m2 au total. Aucun changement de l’état des lieux ni du régime

hydrique du ruisseau ne doit être entrepris, mais les visites régulières de botanistes avertis doivent rester

fréquentes, afin de parer à des problèmes d’arrachement accidentel, d’ombrage ou de mise en lumière

trop fort.

Une hépatique très rare dans le Massif Armoricain (moins de 10 données) a été détectée dans ce même

vallon : Chiloscyphus fragrans (= Lophocolea fragrans) c’est la seconde donnée morbihannaise après la

donnée historique de Camus au halage du Blavet à Saint-Nicolas-des-Eaux en 1901.

La forêt et les arbres en bordure du Scorff à Pont-Calleck sont aussi particulièrement riches en lichens, et

pas moins de 17 espèces (principalement corticoles) observées dans le site, sont considérées comme

déterminantes pour la ZNIEFF (en l’état des connaissances biogéographiques) comme par exemple le

très rare Lobaria amplissima, ou bien Lobaria pulmonaria qui était déjà signalé dans le site et y possède

une remarquable population.

Vis-à-vis de l’ensemble de ces végétaux cryptogames il serait important que se renforcent les contacts

entre naturalistes, scientifiques et gestionnaires de la forêt pour que l’objectif de conservation biologique

de cet espace forestier prenne toute la place qui devrait lui revenir, les objectifs de production ou de

conservation paysagère de la forêt devant idéalement tenir compte de tous les éléments biologiques

remarquables connus, en particulier dans la démarche de conservation du programme Natura 2000.

Faune remarquable : le site abrite plus de 60 espèces d’oiseaux (signalées après 1990) dont la moitié

environ sont nicheurs probables ou certains (statut de nicheurs dans la version précédente de la ZNIEFF

et signalés régulièrement depuis dans la bibliographie et les inventaires récents du site comme l’enquête

sur l’avifaune forestière bretonne (GOB 2000 - source 58), par exemple la Bondrée apivore (Pernis

apivorus), le Pic mar (Dendrocopos medius) ou le Pouillot siffleur (Phylloscopus sibilatrix).

Au moins 9 espèces de chauves-souris ont été contactées dans la zone lors de recensements et captures

(2001 - 2004, sources n° 62 et 63), et parmi les 6 espèces déterminantes pour la ZNIEFF, 3 sont d’intérêt

communautaire : le Grand murin, le Murin de Bechstein, et la Barbastelle, cette dernière se reproduit

dans la forêt, elle y trouve des gîtes dans des arbres âgés.

La rivière Scorff est un site régional prioritaire pour la Loutre d'Europe (Lutra lutra)

Une dizaine d’espèces de poissons sont signalées dans la zone (dans le Scorff, les petits étangs de la

forêts, ou espèces échappées de l’étang de Pont-Calleck) en particulier saumon, chabot et lamproie qui

sont d’intérêt communautaire.

L’Escargot de Quimper (Elona quimperiana) protégé et d’intérêt communautaire trouve refuge dans les

fonds de vallon humides de la vallée du Scorff au niveau de la forêt.

En plus des versants boisés pentus du Scorff inclus dans l’actuel périmètre Natura 2000, il serait sans

doute intéressant de conserver également les hêtraies-chênaies d’intérêt communautaire typées qui sont

présentes sur le plateau granitique, bien en retrait du Scorff.

Manque espèce:

chiloscyphus fragans

degelia plumbea

heterodermia leucomelos

heterodermia propagulifera

lobaria virens

Manque espèce autre:

Pinus nigra subsp. laricio var. corsicana

chiloscyphus coadunatus

chiloscyphus profundus

plagiochila bifaria

amanita citrina f. alba

laccaria moelleri

scleroderma citrinum

lanzia echinophila

microsphaera alphitoides

peltigera lactucifolia

usnea cornuta

Commentaires sur la délimitation

Cette grande ZNIEFF forestière de type I comprend la totalité

de la Forêt domaniale de Pont Calleck où est bien représentée

la hêtraie-chênaie d’intérêt communautaire (caractéristique ou

potentielle). Quelques secteurs en forêt privée contiguës et des

vallons connexes (en rive gauche du Scorff notamment) sont

également retenus pour des raisons fonctionnelles (réseau de

ruisseaux forestiers) ou la présence du même habitat forestier

remarquable relevé par la cartographie Natura 2000.

Le périmètre révisé varie peu par rapport au précédent.

La pisciculture présente le long du Scorff à ce niveau est exclue

de la zone.