La Forêt privée de Lanouée est le second massif forestier le plus grand de Bretagne après la Forêt de Paimpont. Auparavant propriété de 3 groupements forestiers principaux (GF du Pas aux biches, GF des Forges, et GF de Lanouée), l’essentiel aujourd’hui de cette forêt : 3800 hectares, soit 90 % de la superficie de la ZNIEFF, est depuis mai 2007 propriété d’un groupe multinational, de fait premier propriétaire privé de Bretagne, qui l’exploitera par l’intermédiaire d’une filiale spécialisée dans les ressources forestières (énergie renouvelable et construction).
95 % de la ZNIEFF, et donc de la forêt, se trouve sur la commune des Forges.
Environ 98 hectares se trouvent sur la commune de Plumieux dans les Côtes d’Armor, et où se trouve à la pointe de Caler (au bout de la Ligne de la Ville au Cerne) une petite ZNIEFF de type I repérant une parcelle à caractère tourbeux (source 52), surtout justifiée par la présence du piment royal considéré comme rare dans ce département, et le signalement du rossolis intermédiaire, protégé.
Cette forêt très ancienne est établie sur des formations sédimentaires schisteuses du Briovérien (Précambrien) : grès et poudingues de Gourin, et phyllades de Saint-Lô principalement. Le sol, argilo siliceux, est nettement acide (pH : 4,5 à 4,8) et a de fortes capacités de rétention en eau. Jusque la fin du XVIIème Siècle la forêt était une futaie de chêne, hêtre et châtaignier, puis fut exploitée en taillis et taillis sous futaie pour alimenter les forges de Lanouée, qui fonctionnèrent de 1756 à 1886. Un premier enrésinement à base de pins (sylvestre, maritime et laricio) interviendra à la fin du XIXème Siècle. A partir de 1970 le pin maritime devient prépondérant pour « mettre en valeur les mauvais taillis et reconstituer les parties détruites lors des incendies ». Des plantations expérimentales localisées de diverses essences exotiques ont été réalisées (dans l’ancien GF de Lanouée). L’ouragan d’octobre 1987 avait occasionné environ 10 % de pertes (chablis). Les incendies sont un souci permanent (création de bordures pare-feu en feuillus et nombreux points d’eau) ainsi que les dégâts occasionnés par le gros gibier (mise en protection de certaines parcelles : clôtures). La forêt traversée par plusieurs routes départementales est assez fréquentée (source 59).
Habitats et plantes remarquables : l’habitat forestier d’intérêt communautaire majeur de la zone est la hêtraie-chênaie collinéenne à houx, souvent sous la forme très acidiphile à myrtille (Vaccinio-Quercetum), voire la variante de sols engorgés à molinie ; soit moins bien caractérisée du fait d’une
faible représentation du houx, de l’interférence de résineux (pins) ou d’autres essences feuillues dans la strate arborée (châtaignier).
En sous-bois le muguet de mai (Convallaria maialis) est présent localement et devrait être respecté par les promeneurs car il reste trop peu commun en Bretagne, tout comme l’orchidée forestière épipactis à larges feuilles (Epipactis helleborine). D’autres plantes non déterminantes mais également peu communes sont présentes, en particulier le long des fossés et bermes des routes traversant le massif : piloselle petite laitue (en limite Ouest de répartition dans ce site), raiponce en épi, mélitte à feuilles de mélisse, etc.
La plupart des talwegs, malgré localement des indices de drainages forestiers anciens, ont encore un caractère tourbeux assez affirmé et contiennent encore par places de la lande humide à tourbeuse à sphaignes ou de la moliniaie fortement colonisée par le piment royal (Myrica gale). Autour de nombreux plans d’eau creusés pour la lutte contre l’incendie, les décapages sont propices à l’installation de la grassette du Portugal (Pinguicula lusitanica) et plus localement aux rossolis intermédiaire ou à feuilles rondes (Drosera intermedia et D. rotundifolia) espèces végétales protégées en France. Localement les formations tourbeuses de bouleaux comportant des sphaignes, aussi d’intérêt communautaire, sont présentes. Les réservoirs d’eau oligotrophe sont bordés par des communautés végétales caractéristiques des étangs acides : à millepertuis des marais et potamot à feuilles de renouée, éléocharis à nombreuses tiges, etc. La pilulaire à globules (Pilularia globulifera), ptéridophyte protégée au plan national, est signalée au niveau de l’une de ces mares. Les petits rus forestiers sont également intéressants, l’un d’eux accueille en berge une mousse qui semble ici en limite Est de répartition pour la Bretagne : Hyocomium armoricum.
Les chemins forestiers hydromorphes accueillent une communauté des dépressions de landes acides s’asséchant en été, à cicendie filiforme et radiole faux-lin, où la cicendie naine (Exaculum pusillum), espèce déterminante et menacée vient d’être trouvée. Les landes humides et mésophiles à ajonc nain et bruyères subsistent dans quelques "vides" de la forêt, mais surtout sous la pinède suffisamment claire ; le maintien de cet habitat devenu assez rare à ce niveau du Centre-Bretagne est un enjeu important, une faune caractéristique voire inféodée s’y trouve également.
Faune remarquable : plus de 60 espèces d’oiseaux sont recensées dans la Forêt de Lanouée, parmi lesquels près d’un dizaine d’oiseaux déterminants, car nicheurs certains ou probables, liés à la futaie ou taillis sous futaie, ainsi qu’aux landes ouvertes ou faiblement boisées (clairières permanentes et espaces forestiers récemment exploités). Signalons particulièrement l’Autour des palombes, le Busard St-Martin, l’Engoulevent d’Europe, plusieurs pics dont le Pic noir et le Pic cendré, nicheurs assez rares, et différents passereaux tels que le Pouillot siffleur ou la Fauvette pitchou.
L’inventaire des mammifères est à compléter, en particulier pour les chauves-souris. Le Campagnol amphibie, dont les effectifs sont en déclin en France, est présent dans les zones humides de ce site.
Plusieurs espèces déterminantes d’invertébrés sont distinguées parmi les odonates et orthoptères, groupes bien recensés sur la zone. Ce sont à nouveau les nombreux petits étangs et mares et les landes humides ou sèches qui sont pour ces espèces les habitats à préserver. Des inventaires d’autres groupes d’arthropodes ont été initiés (Coléoptères cérambycidés notamment).
Dans la perspective d’un éventuel projet de changement dans le mode de gestion de cette forêt, il reste recommandé de ne plus intervenir sur les fonds humides, c'est-à-dire ne pas réaliser de nouveaux drainages ni boiser artificiellement les fonds, de manière à épargner les espaces tourbeux et les plantes d’intérêt patrimonial qui peuvent s’y trouver, et de respecter les actuels secteurs les plus diversifiés, notamment ceux porteurs des rossolis (Drosera spp) protégés. Il importe aussi que les petites clairières existantes en lande à bruyères permanente soient conservées, en particulier pour l’avifaune patrimoniale des landes. Il serait aussi bon que les grosses unités feuillues de la chênaie-hêtraie en place, en futaie ou taillis sous futaie, soient conservées, sans être artificialisées avec des essences exogènes. Le maintien de stades forestiers matures, et localement d’arbres sénescents ou morts (chandelles et troncs au sol), est également important pour la biodiversité forestière. L’entretien doit rester mécanique et ne pas utiliser de pesticides.
Manque espèce:
NOTHOFAGUS sp.
POPULUS NIGRA x DELTOIDES “ROBUSTA”
Le périmètre de la ZNIEFF de type II de la Forêt de Lanouée change peu. Sur la commune des Forges le Ruisseau de Durboeuf et ses étangs ainsi que la butte boisée des Fouillets sont intégrés à la zone pour des raisons fonctionnelles. Par ailleurs les limites du massif forestier sont suivies plus étroitement que dans l’ancien tracé.