ZNIEFF 530008253
CÔTE EXPOSEE DE BELLE-ÎLE DE LA POINTE DU CARDINAL A LA POINTE DE KERDONIS

(n° régional : 01180001)

Commentaires généraux

Cette zone contient la très grande part des habitats de landes et pelouses littorales et des végétations exposées en falaise de Belle-Île-en-Mer, une importante réserve ornithologique d’oiseaux marins, et une concentration exceptionnelle d’espèces végétales remarquables qui font de l’île l’un des sites botaniques majeurs de la Bretagne.

Exposés directement à l’influence marine et au vent, les habitats déterminants majeurs sont :

- les groupements chasmophytiques : à criste marine et spergulaire des rochers ; à statice de Dodart ; à statice à feuilles ovales ; présentant tous aussi assez fréquemment un faciès particulier à obione dans la zone des embruns (de la Pointe des Poulains à la Pointe d’Arzic), plus localement sur la côte Ouest un groupement très original à salicorne rameuse en haut de falaise, et dans les endroits plus humides où suinte l’eau douce : les groupements à patience des rochers, à samole de Valérand, à jonc maritime ou choin noirâtre. Les grottes littorales et pans de falaises ombragés peuvent abriter le groupement à capillaire de Montpellier (Adiantum capillus-veneris), très rare pour le Massif Armoricain.

- les groupements de pelouses littorales et des corniches : avec la pelouse vivace ouverte à rase à plantain caréné (voir flore remarquable) très bien représentée mais n’existant pas en dehors des îles sud armoricaines ; les pelouses rases thérophytiques à graminées annuelles, basses à armérie et plantain corne de cerf, à fétuque pruineuse, ou plus haute et fermée en conditions plus abritées et caractérisée par le brachypode penné.

- les landes littorales sèches : à bruyère cendrée et ajonc d’Europe (dont la variété maritime prostrée en coussinet du fait de l’exposition au vent), et la lande littorale à bruyère vagabonde (Erica vagans) plante eu-atlantique. Cette dernière formation est un habitat d’intérêt communautaire (comme toutes les autres communautés déjà citées) mais de plus "prioritaire" pour sa conservation. Belle-Île abrite les plus grandes étendues (sur la

côte Ouest, et au Sud aux environs de la Pointe St-Marc) de cet habitat, très rare, endémique des côtes occidentales françaises. Cet habitat est l’objectif prioritaire dans l’application du programme Natura 2000 sur Belle-Île, il est prévu de : « restaurer les secteurs fortement embroussaillés ou en cours de dégradation (en particulier lutter contre la "nitrophilisation" de cette lande par les déjections des colonies de goélands bruns et argentés qui aboutit irréversiblement à une friche littorale nitrophile), surveiller et suivre l'évolution de certains secteurs de landes, et favoriser des pratiques respectueuses sur les landes » (source DOCOB).

Une petite unité d’un habitat d’intérêt communautaire prioritaire : l’ormaie de ravins, existe aussi sur un coteau du vallon de Port Maria, elle est surtout caractérisée par des pentes aux substrats instables.

Note : il existe dans cette ZNIEFF quelques petits secteurs dunaires (Vazen, Port Kérel), mais les secteurs les plus importants pour ces habitats sur cette côte font l’objet de ZNIEFF à part : Dune et vallons de Donnant n° 01180002, et Baluden et coteaux d’Herlin n ° 01180003.

Flore remarquable : pas moins de 22 plantes protégées ont été recensées dans cette zone ces dix dernières années, parmi elles, les espèces les plus représentatives des principaux habitats présents sont : le statice à feuilles ovales (Limonium ovalifolium) dont Belle-Île a la plus belle population bretonne (il est très rare ailleurs sur la côte : secteur de Gâvres et bord de Rance) ; le plantain caréné (Plantago holosteum var. littoralis) micro-endémique des îles sud-armoricaines dont Belle-Île porte les plus belles populations ; l’isoète épineux (Isoetes histrix) petite ptéridophyte des pelouses rases humides en hiver ; aux endroits plus thermophiles l’érodium en grappes (Erodium botrys) espèce méditerranéenne qui n’a que de très rares localités sur le littoral atlantique français ou le tolpis en ombelle (Tolpis barbata) connu seulement de Belle-Île pour toute la Bretagne (source 82) ; les renouées maritime et de Ray (Polygonum maritimum et P. oxyspermum subsp. raii) rares dans les hauts de plages des petites rias de cette côte.

28 autres plantes vasculaires non protégées mais également déterminantes pour la ZNIEFF sont aussi présentes dans la zone, parmi lesquelles par exemple l’ophioglosse du Portugal (Ophioglossum lusitanicum) aux stations assez nombreuses dans l’île (dans le même biotope que l’isoète) présent dans le Morbihan uniquement sur les îles ; ou la cuscute de Godron (Cuscuta planiflora subsp. godronii) vivant en particulier en parasite sur le plantain caréné, mais beaucoup plus rare que lui dans l’île, comme ce plantain c’est une endémique des îles sud-armoricaines ; ou l’une des deux stations de l’île du scirpe jonc (Scirpus holoschoenus) à Ster Voen mais en danger d’étouffement par la végétation et qui nécessiterait une gestion, c’est une plante méridionale très rare en Bretagne, connue actuellement que du Morbihan et seulement abondante à Hoedic (source 59).

Certaines pointes (Kerdonis, Arzic, …) voient leurs habitats et plantes protégées d’intérêt patrimonial particulièrement menacés par les "griffes de sorcière" (Carpobrotus spp) contre lesquelles il convient de poursuivre la lutte, avant des pertes de diversité floristique très préjudiciables.

Intérêt ornithologique :

Espèces déterminantes pour la ZNIEFF (principalement d’après les données de la réserve de Koh Kastell) : la colonie de mouettes tridactyles, encore importante en 2004 (93 nids), est en passe de disparaître victime de la prédation exercée par les corvidés et les goélands, elle ne comptait plus que 8 couples en 2007 (source 83). La réserve abrite encore la plus grande colonie bretonne de goélands bruns de Bretagne (près de 3000 nids recensés en 2004), ainsi que de nombreux goélands argentés (autour de 600 nids en 2004). Il faut également noter que la côte ouest abrite 9 autres colonies de goélands bruns et argentés sur les landes à bruyère vagabonde et certains îlots.

La population du Crave à bec rouge, connu depuis toujours par les observateurs bellilois, était forte dans les années soixante et a décru régulièrement jusqu’à moins de 10 couples en 1994, mais a augmenté un peu depuis et semble se stabiliser sous l’influence de divers facteurs (19 couples en 2006) - sources 80 et 81.

Le Grand Corbeau, autre oiseau emblématique, pour lequel 5 nidifications certaines ont été enregistrées en 2005 à Belle-Île, se reproduit en différents points des côtes Sud et Ouest.

Les principaux autres oiseaux nicheurs déterminants présents dans la zone sont le Pétrel fulmar (nicheur irrégulier), l’Huîtrier pie, et la Fauvette pichou. Une mention spéciale doit être retenue pour le Pigeon biset qui ne fréquente plus à l’état sauvage que la Corse et Belle-Île et se reproduit dans des grottes littorales sur cette côte (sources 68, 76).

Protections et conservation :

- Créée en 1962 par la SEPNB, la réserve associative de Koh Kastell n’occupait à l’époque que le quart de la presqu’île de la Pointe du Vieux Château, dans le but de protéger la colonie de mouettes tridactyles. Les limites de la réserve ont ensuite été étendues à l’ensemble de la presqu’île, soit 17, 5 hectares propriété du Conservatoire de l’Espace Littoral depuis 2001. Aujourd’hui, la réserve, est confiée à un conservateur bénévole insulaire, en été et au printemps des animateurs guident les visiteurs.

- « L’arrêté préfectoral du 12 janvier 1982 établit un arrêté de biotope pour les îlots de Roc’h Toull, En Oulm et Er Hastellic, cet arrêté garantit la protection des îlots par l’interdiction de débarquement pendant la période de nidification, soit du 15 avril au 31 août. Cette décision a été prise sur la demande de Bretagne Vivante - SEPNB considérant que le dérangement, occasionné par des débarquements répétés sur les îlots, compromet la réussite des couvées. Cette demande a été d’autant plus motivée par la proximité de la réserve ornithologique associative de Koh Kastell et intervient en cohérence avec le classement d’une vaste zone en réserve de chasse maritime » (source 80 DOCOB).

Cette ZNIEFF est entièrement couverte par le site classé de Belle-Île et est entièrement dans la zone protégée au titre de la Loi Littoral. Au plan foncier dans la ZNIEFF, environ 150 hectares sont propriété du Conservatoire de l’Espace Littoral (dans les secteurs de la Pointe des Poulains, de Ster Vraz à Bordelann, et Port Donnant en Sauzon, Pointe de Pouldon et ses environs en Locmaria) et il existe à ces niveaux un périmètre d’acquisition du CEL. Le Département du Morbihan possède également plus de 140 hectares d’Espaces naturels sensibles dans la ZNIEFF répartis de l’Apothicairerie à la Pointe de Kerdonis ; les communes possèdent également quelques propriétés dans la bande côtière ou plus en retrait.

Ce secteur fait l’objet d’interventions quotidiennes et de suivis de la part du service espaces naturels de la Communauté de Communes de Belle Île (CCBI). En effet, cette ZNIEFF concentre la quasi-totalité des propriétés du Conseil Général du Morbihan et du Conservatoire du littoral gérées par la collectivité et comprend les principaux enjeux terrestres liés à Natura 2000.

Intérêts géologiques et archéologiques : les formations volcano-sédimentaires remarquablement exposées de la Pointe de Kerdonis et de la Pointe du Talus sont des Sites géologiques d’intérêt régional faisant partie de l’ensemble géologique du «Volcan de Belle-Île-en-Mer» (source 84, SGMB mars 2007).

L’entrée de la presqu’île de Koh Kastell est fermée par un éperon barré de l’âge de fer (ensemble de buttes de terre dont les premiers éléments date de 700 à 450 ans av. JC) que l’on doit aux tribus Vénètes vivant alors sur l’île (sources 76 et 80).

Manque espèce:

bellardia trixago var. bicolor

policipes cornucopia

Commentaires sur la délimitation

L’unité de cette nouvelle ZNIEFF (qui fusionne 3 des 4 anciennes ZNIEFF de 1ère génération de l’île et en augmente beaucoup la superficie totale) se justifie principalement par la continuité des landes littorales et pelouses aérohalines des côtes Ouest, Sud et Est (et leurs cortèges d’espèces remarquables) présentes des environs de la Pointe des Poulains au Nord-Ouest à la pointe de Kerdonis au Nord-Est. Le périmètre pénètre un peu plus dans l’intérieur à l’Est dans les vallons de Port Maria et Port-an-Dro pour la prise en compte d’habitats et d’espèces rares.

Les espaces dunaires les plus remarquables de cette côte font l’objet de ZNIEFF de type I séparées. Une ZNIEFF "Mer" de type II complémentaire est en préparation, de la Pointe du Cardinal à la Pointe du Grand Village sur la côte Sud.

L’hôtel de Port Goulphar et quelques propriétés privées très proches de la côte sont exclus du périmètre.