Le Marais de Pen-en-Toul à Larmor-Baden est une réserve biologique de l’association Bretagne Vivante
depuis le 30 mars 1995. Cette protection foncière s’étend aujourd’hui sur 42,20 hectares impliquant
l’association Bretagne Vivante-SEPNB (63 %), l’un des particuliers ayant réalisé l’acquisition en
indivision d’un peu plus de 31 ha avec la SEPNB en 1995 (3 %), et à présent le Conservatoire de
l’Espace Littoral (34 %). La totalité du marais et près de 80% de la zone en ZNIEFF est également en Site
classé. Le Marais de Pen-en-Toul est inclus dans la Zone de protection spéciale (ZPS) pour les oiseaux
et le Site d’intérêt communautaire (SIC) du Golfe du Morbihan, ainsi que dans la Zone humide
d’importance internationale inscrite à la convention de Ramsar «Golfe du Morbihan ».
Le site est un ancien bras de mer endigué au milieu du XIXème siècle pour aménager des marais salants ;
cette activité sera tôt abandonnée, puis connaîtra une succession de propriétaires et diverses tentatives
d’exploitation. Une décharge publique (fermée en 1971) a même existé dans les années 1960 dans une
partie proche de la digue. En 1989, un projet d’activité aquacole, non soutenu localement, est mis
définitivement en échec en 1991 au titre de la préservation du site. La seconde demande de classement
du site a abouti en octobre 1990.
Dès le début des années 1970, l’intérêt biologique et naturaliste du site avait été identifié. Cette
remarquable lagune saumâtre constitue un des plus importants marais littoraux du golfe, c’est un site
renommé pour l’accueil des oiseaux d’eau, migrateurs et hivernants, jouant aussi un rôle de nurserie
pour les poissons. La saline en eau libre occupe une dépression d’une vingtaine d’hectares, et est frangée
de roselières et de végétations palustres. Des bois l’encadrent : une bande boisée en feuillus à l’Ouest,
une pinède claire ou chênaie maigre sur landes sèches dominant le marais, au Nord-Est.
Avifaune remarquable : environ 35 espèces sont régulièrement présentes sur le site. Elles peuvent être
réparties en quatre groupes principaux : les grands échassiers (héron, aigrette et spatule), les anatidés
(tadorne, canards, sarcelle, fuligules et garrot), les limicoles (avocette, échasse, barges, bécasseaux,
chevaliers) et les laridés (mouettes, goélands et sternes). Une petite dizaine d’espèces sont déterminantes
pour la ZNIEFF, parmi lesquelles : la Barge à queue noire (Limosa limosa islandica) dont plus d’un
millier d’individus sont accueillis régulièrement, ce qui confère au site une importance internationale
pour la conservation de cette population vulnérable, et aussi importance nationale pour l’Avocette à
nuque noire (Recurvirostra avosetta) dont environ 300 oiseaux séjournent en hiver (elle niche également
dans le site mais avec beaucoup d’échecs de la reproduction du fait de la prédation). Les effectifs
hivernants du Chevalier gambette, du Grèbe castagneux, et de l’Aigrette garzette sont également
notables. La Sarcelle d’hiver et le Canard souchet pourraient également devenir déterminants si leurs
effectifs hivernants se maintenaient aux hauteurs atteintes ces dernières années (2005-2007).
Plusieurs oiseaux nicheurs dans un passé récent ne sont plus déterminants pour le site, comme l’échasse
blanche et divers passereaux. Mais actuellement pour la reproduction le site apparaît surtout intéressant
pour le Tadorne de Belon (20 à 40 couples de 2000 à 2006), et la Sterne pierregarin (environ 25 couples
ces dernières années) pour laquelle la construction de deux radeaux en 2003 dans ce but a été efficace.
Environ 130 espèces d’oiseaux ont été enregistrées dans la réserve depuis sa création. En plus du
dénombrement régulier des oiseaux d’eau, des captures et du baguage de passereaux dans le cadre du
programme STOC (Suivi Temporel des Oiseaux Communs) sont aussi effectués depuis 2002.
Poissons : une étude a été engagée en 2002 afin d’établir l’inventaire des espèces qui fréquentent le
marais, et préciser leur abondance et leur cycle de présence, en particulier vis-à-vis du rôle de nurserie.
Des alevins et juvéniles de plusieurs espèces, dont certaines à valeur commerciale, visitent le site en été.
L’anguille, qui est sur la liste rouge des espèces menacées de France, est un habitant permanent et
important de la lagune saumâtre de Pen-en-Toul où elle n’est pas pêchée, ce site est sans doute un
réservoir important de futurs reproducteurs, de plus indemnes d’un nématode parasite qui affecte la
plupart des populations européennes.
Plusieurs groupes d’invertébrés (terrestres et aquatiques) sont inventoriés depuis plus de 10 ans sur le
site au fur et à mesure des disponibilités des naturalistes, et une dizaines d’espèces jugées rares sont
proposées déterminantes, parmi les groupes suivants : libellules, orthoptères, papillons, et gastéropodes
terrestres.
Flore remarquable : quatre espèces déterminantes sont présentes, la zostère naine (Zostera noltii) dans la
lagune ; la sabline des montagnes (Arenaria montana) très localisée en Morbihan, et le gaillet de Paris
(Galium parisiense) sur les landes et pelouses sèches et leurs lisières dans la partie aval de la zone ; et le
discret gaillet des murs (Galium murale) détecté en 2000 dans les environs de la digue. Quelques autres
plantes se trouvent ici assez proches de leur limite d’aire (genêt prostré, torilis hétérophylle).
Habitats remarquables : la lagune saumâtre est l’habitat d’intérêt communautaire principal du site, sa
conservation est étroitement liée au maintien d’une gestion hydraulique adaptée du marais, des herbiers
submergés et végétations aquatiques l’accompagnent ainsi que les roselières de bordure. Des éléments
du haut-schorre et des prairies hautes à chiendent des vases salées, occupent d’anciennes digues et les
bordures Est de la lagune. La lande sèche à bruyère cendrée, le plus souvent sous couvert boisé est
également un habitat d’intérêt communautaire.
Les activités de gestion du site s’articulent autour de deux priorités : gestion hydraulique (rénovation et
entretien des ouvrages hydrauliques, vannes et clapets) et contrôle de la végétation. Le site est
particulièrement infesté par le Baccharis, cet arbuste ligneux est coupé ou arraché en de nombreux
points, puis fauché (localement pâturé par quelques moutons), lors d’importants chantiers. Les bordures
de certaines roselières sont également contrôlées.
L’accueil du public s’est orienté vers un libre accès à un circuit périphérique. Quelques points de vue sur
le marais ont été ménagés dans la végétation. Des visites guidées sont organisées ponctuellement par les
bénévoles ou les animateurs salariés.
La gestion du site a été soutenue par le Conseil régional de Bretagne dans le cadre d’un Contrat Nature
qui s’est achevé en 2007 ; actuellement des travaux de gestion s’inscrivent dans un contrat Natura 2000,
et une aide est aussi apportée par le Conseil général du Morbihan.
Le périmètre de la ZNIEFF de Pen-en-Toul est légèrement
retouché sur l’aval pour mieux prendre en compte la digue et
les landes boisées sèches situées en bordure du goulet de
communication du marais avec la Baie de Kerdelan, il est
prolongé sur quelques prairies situées sur l’amont du marais le
long du ruisseau d’alimentation pour des raisons écologiques et
fonctionnelles, et suit plus distinctement à l’Ouest les limites
de la zone humide avec le domaine agricole. Aucune maison
n’est incluse dans la zone.