Descriptif synthétique : cette ZNIEFF comprend le Bois du Loc’h qui réalise une unité boisée d’environ 229 hectares dont plus de 80 % (les 189,5350 ha du Canton forestier du Loc’h) font partie de la Forêt domaniale de Landévennec ; au sein de ce bois une Réserve biologique intégrale (RBI) de 76 ha a été créée en date du 26 septembre 2006, c’est la première RBI de Bretagne (et du grand Ouest, en 2010), elle comprend une bonne part du bois feuillu du versant donnant sur la Rade de Brest (entre le Loc’h et le village de la Forêt) se terminant en falaise, ainsi que les deux tiers aval du vallon du ruisseau du Bois du Loc ‘h et l’ensemble du versant Sud qui en dépend.
La zone contient aussi, à l’Ouest du bois, le site de l’anse du Loc’h qui est une double flèche de galets issue de l’accumulation de matériaux apportés par la dérive littorale, qui isole de la mer un petit marais maritime alimenté par le Ruisseau du Moulin du Loc’h. La flèche interne qui s’enracine à l’Est n’est plus active et porte un schorre à obione, tandis que la flèche externe de galets, nue de végétation, et accrochée à l’Ouest, est fonctionnelle et domine la première de plus d’un mètre. Cet ensemble réalise ainsi un système en chicane constitué de deux cordons superposés, la flèche externe s’est développée sur une flèche interne plus ancienne également ancrée à l’Ouest (source : J. Plaine - Société géologique et minéralogique de Bretagne). Depuis 2004 une brèche dans le cordon interne court-circuite le trajet en baïonnette qu’effectuaient les eaux entre le marais et la rade fragilisant le cordon externe à marée descendante qui est aussi menacé de rupture par les vagues de tempêtes, le cordon interne ne protégerait alors plus assez le marais maritime dont il est une partie constitutive, avec pour conséquences un appauvrissement biologique et la perte d’une unité géomorphologique remarquable.
Milieux principaux : bois de pente, constitué d’une chênaie-hêtraie à houx et if, avec localement de la grande luzule en sous-bois, quelques affleurements rocheux et accumulation de blocs existent sur les pentes du versant Nord. Un sous-bois plus ou moins alluvial sous une ripisylve fragmentaire (aulnaie-frênaie) existe dans la partie aval du vallon ainsi que plus localement à ce niveau une boulaie tourbeuse, et plus en amont une saulaie-boulaie à sphaignes (qui n’est que partiellement dans la RBI).
Une micromoliniaie tourbeuse est présente sur une source au Sud-Ouest du bois. La lande sèche est représentée à la hauteur du village du Loc’h à la terminaison du bois, ainsi que dans des parcelles plus mésophiles à l’Est du bois à la faveur d’ouvertures ou de coupes forestières.
Ruisseau oligotrophe. Schorre à obione assez diversifié, roselière à scirpe maritime.
Espèces remarquables :
Flore : présence de 2 espèces protégées au plan national : le petit statice (Limonium humile) également d’intérêt communautaire et de très grand intérêt patrimonial pour la Bretagne, mais qui n’a jamais été abondant dans le marais du Loc’h et est aujourd’hui (2010) réduit à une station de moins de 10 pieds du fait du piétinement et des mouvements littoraux récents (brèche) ; et la fougère dryoptéris atlantique (Dryopteris aemula) en plusieurs stations dans le vallon du ruisseau du bois du Loc’h et sur le versant Nord. L’arbrisseau le piment royal (Myrica gale) espèce déterminante est présente sur la source tourbeuse et en bordure des ruisseaux à l’aval.
Le Bois du Loc’h est aussi très intéressant pour les bryophytes, notamment pour une station de l’hépatique méditéranéenne-atlantique très rare en France : Marchesinia mackaii (3ème station finistérienne, découverte sur un rocher en 2008 lors d’une prospection bryologique de l’ONF réalisée pour la connaissance du patrimoine biologique de la RBI - source n° 61).
Fonge : ce site est également bien connu des mycologues qui étudient la Presqu’île de Crozon depuis de nombreuses années, plus de 30 taxons sont proposés comme déterminants, dont deux espèces très rares qui y ont été vues dans le bois en 1974 : Mycena uracea sur une place à feu, ainsi que l’ascomycète Microglossum viride au bord du ruisseau (source n° 56) ; les secteurs boisées à sphaignes recèlent nombre d’espèces caractéristiques mais peu communes. C’est aussi en 1974 que la mise en réserve de ces secteurs de grand intérêt fongique avait été demandée, et le principe de celle-ci pris par l’ONF dès 1978.
Faune : Mammifères : la Loutre fréquente les zones humides de la Forêt domaniale de Landévennec, plusieurs chauves-souris ont été contactées en chasse dans le bois dont l’espèce forestière d’intérêt communautaire : le Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus). Oiseaux : avifaune caractéristique des bois de feuillus avec reproduction probable de la Bondrée apivore, du Pic noir et du Roitelet triple-bandeau, l'Autour est aussi possiblement reproducteur (sources : prospection ONF 2007 et ZNIEFF précédente 1999).
L'Escargot de Quimper (Elona quimperiana) espèce protégée au niveau national est assez abondant.
Conditions actuelles de conservation : dans l'anse du Loc'h la conservation de la station de Limonium humile reste très problématique, et cette plante y est probablement en sursis.
La Réserve biologique intégrale du Bois du Loc’h a pour principe à partir de ce classement sans limite de durée : la non-intervention sur le milieu, et donc plus aucune exploitation forestière (sur des bois globalement assez anciens, et même localement des boisements résineux). Seuls la régulation du grand gibier est possible ainsi que les travaux de sécurité sur les chemins balisés empruntés par le public. La RBI doit répondre aux objectifs principaux suivants : étude des dynamiques des habitats forestiers, constitution d’un référentiel de naturalité, développement d’habitats d’espèces animales et végétales liés aux vieux peuplements, aux vieux bois et au bois mort, et la recherche et études scientifiques (source n° 58). Un Comité consultatif de gestion associant partenaires scientifiques, collectivités, services de l’Etat, et associations, a été créé. Un document de gestion est en cours de réalisation par l’ONF (2011).
Il reste bon d’éviter une exploitation forestière trop intensive sur les espaces hors RBI et peut-être même définir des « zones-tampons » à son contact (notamment sur l’amont du ruisseau du Bois du Loc’h). La mise en place de protocoles de suivis à long terme et la mesure d’un état initial pour différents groupes biologiques et de végétations apparaissent essentielles pour répondre aux objectifs scientifiques (L’ONF a déjà mis en place un suivi du peuplement ligneux (placettes dendrométriques).