ZNIEFF 530030085
GORGES ET VALLONS BOISÉS DU BLAVET DU MOULIN SAINT-GEORGES À KERLÉVÉNEZ (fusion des ZNIEFF n° 00000041 : GORGES DE TOUL GOULIC & n° 00000717 : RUISSEAU DE SAINT-GEORGES et extension aval)

(n° régional : 00000041)

Commentaires généraux

Cette ZNIEFF de type 1 refondue correspond au cours inférieur du Ruisseau de Saint-Georges des environs du vieux moulin de Saint-Georges jusqu’à sa confluence avec le Blavet à Posporel, et au parcours forestier du Haut-Blavet du chaos de Toul-Goulic jusqu’au Bois de Kerlévénez. Son périmètre s’étend sur un peu plus de 7 kilomètres de longueur recouvrant des vallons encaissés et boisés sur cette large bordure Sud du massif granitique de Quintin, où les cours d’eau oligotrophes sont rapides à torrentiels et traversent ou bordent différents chaos granitiques. La plupart des habitats naturels et espèces déterminantes de la ZNIEFF sont liés aux cours d’eau, aux chaos et affleurements granitiques en boules, et au milieu forestier de feuillus, ce dernier apporte aussi un ombrage et participe à conserver dans les gorges une humidité atmosphérique élevée, propice au développement de végétaux cryptogames du domaine atlantique. Le Chaos de Toul-Goulic est un des quatre chaos granitiques majeurs du Centre-Bretagne et a un intérêt exceptionnel, de valeur nationale, pour les hépatiques et les hyménophylles.

Habitats principaux (d’intérêt communautaire) : les cours d’eau du site sont des rivières oligotrophes acides à renoncules, remplacées par des groupements bryophytiques de l’Alliance du Racomitrion acicularis, dans les secteurs trop ombragés ou torrentiels et les petits rus. Les espaces boisés sont dominés par la présence de chênaies- hêtraies atlantiques acidophiles à acidoclines à sous-bois de houx, et plus localement la hêtraie neutrocline de l’Asperulo-Fagetum. Les affleurements granitiques en boules, assez nombreux dans la zone, portent une végétation de rochers ombragés à humides se rapportant à plusieurs habitats élémentaires des « Pentes rocheuses siliceuses avec végétation chasmophytique ». De la lande sèche peut apparaître en clairière en haut de quelques bois de versants.

Les autres bois de chênes présents comportent différents faciès : xéro-acidiphiles à éricacées, à sous-bois acidiphiles avec sorbier des oiseleurs et poirier sauvage, plus acidiclines à noisetier, etc. Des saulaies méso-hygrophiles à marécageuses occupent de petits talwegs latéraux ou forme localement un liseré le long des ruisseaux. Les éléments de bois alluviaux à aulnes et frênes restent très modestes dans le site.

Espèces remarquables - Flore : La flore bryophytique est très importante (plus de 100 espèces recensées) dont une dizaine d’hépatiques très rares à peu communes en Bretagne et proposées comme déterminantes dont les lejeunéacées Aphanolejeunea microscopica et Harpalejeunea molleri (2 stations connues en Côtes d’Armor pour chacune d’elles). Sont présentes 3 fougères hyménophyllacées protégées aux plans national : l’hyménophylle de Tunbridge (Hymenophyllum tunbrigense), l’hyménophylle de Wilson (Hymenophyllum wilsonii) : celui-ci occupe près de 5 m2 répartis sur plus de 30 stations dans le site (recensement de 2006), et le trichomanès remarquable (Trichomanes speciosum) présent sous sa forme de prothalle (gamétophyte) en plusieurs points de la zone, et sous sa forme feuillée (sporophyte) dans une station naturelle découverte en 2002, très exceptionnelle en Bretagne. Ces 2 dernières espèces sont prioritaires dans le Livre Rouge de la Flore menacée de France, et sont parmi les 37 taxons à très forte valeur patrimoniale pour la Bretagne, le trichomanès est de plus une espèce d’intérêt communautaire nécessitant des efforts de conservation. Cinq plantes à fleurs déterminantes sont aussi signalées dont le flûteau nageant (Luronium natans), protégé et d’intérêt communautaire, présent dans un étang sur l’amont.

Les lichens des environs de Toul Goulic ont également fait l’objet d’études de longue date ; au moins 6 espèces rares (vues après 1990) sont proposées déterminantes pour la ZNIEFF, ainsi Lobaria pulmonaria et divers Sticta (voir liste 2a).

Faune : De nombreuses espèces d’intérêt communautaire, parmi les mammifères, les poissons et les invertébrés, sont réunies dans la zone.

Mammifères : présence régulière et reproduction de la Loutre d'Europe sur les cours d’eau. Une campagne récente (juillet 2011) du Groupe Mammalogique Breton (dans le cadre du Contrat Nature chauves-souris de Bretagne) a permis de détecter plusieurs espèces fréquentant Toul-Goulic dont la chauve-souris forestière la Barbastelle susceptible de s’y reproduire, et le Petit rhinolophe qui utilise au moins le site boisé comme terrain de chasse privilégié.

Poissons : peuplement caractéristique de la zone à truite comprenant 5 espèces dont déterminantes : le Chabot, la Lamproie de Planer, et la Truite fario (zones de frayères) - source n° 52 (ZNIEFF rivière)

Mollusques : les espaces boisés et à haute humidité atmosphérique sont favorables au maintien de l’Escargot de Quimper (Elona quimperiana) ; la Moule perlière (Margaritifera margaritifera) a récemment été découverte sur le Saint-Georges, un comptage dans le cadre du programme Life+ « Conservation de la Moule perlière d’eau douce du Massif armoricain » coordonné par Bretagne Vivante - SEPNB, a permis de dénombrer 65 mulettes vivantes dans le site en août 2011.

Insectes - lépidoptères : le papillon Damier de la Succise (Euphydrias aurinia) se reproduit probablement dans une petite prairie humide oligotrophe adjacente au site de Toul-Goulic (juin 2011).

Intérêt préhistorique et protohistorique: à Toul-Goulic, présence d'un grand éperon barré, site fortifié occupé dès le néolithique puis remanié (âge du bronze, âge du fer).

Protection - Gestion - Suivis : le Département des Côtes d’Armor possède en acquisition ou dispose en convention dans la ZNIEFF près de 27 hectares autour du Blavet entre Toul-Goulic et Posporel (surtout sur Lanrivain). Toul-Goulic site touristique fait l’objet de suivis de fréquentation. Les études naturalistes commandées par le Conseil général des Côtes d’Armor pour ce site ont généralement été étendues à la vallée du Blavet plus en aval jusqu’à la Chapelle de Saint-Roch en Plounévez-Quintin ce qui a permis à ce niveau aussi de mettre en évidence une remarquable biodiversité et des habitats intéressants (petits chaos notamment). Le site Natura 2000 « Têtes du Bassin du Blavet et de l’Hyères » ne concerne que la partie amont de la ZNIEFF au-dessus de la D8 et une partie du Bois de Kerlévénez plus en aval, il serait cependant bon d’assurer aussi la préservation des Gorges du Blavet entre les deux.

Commentaires sur la délimitation
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