ZNIEFF 530030109
BASSE VALLEE DU DOURON

(n° régional : 00000766)

Commentaires généraux

Descriptif synthétique et milieux : depuis la Nationale 12 jusqu’à la hauteur du Château de Lézormel, la Rivière Douron s’écoule au fond d’une vallée profonde et assez encaissée dont les pentes sont occupées en grande partie par un habitat forestier d’intérêt communautaire et déterminant pour la ZNIEFF : la chênaie-hêtraie acidiphile (caractéristique, ou moins typique du fait de l’interférence des pins ou du châtaignier), habitat que l’on retrouve encore plus en aval dans la ZNIEFF le long du ruisseau provenant de Le Guérand, et près du Château de Lesmaës. D’autres habitats forestiers d’intérêt communautaire sont plus localement à ponctuellement présents, comme la hêtraie-chênaie neutrocline au sous-bois forestier plus fleuri sur humus doux, ou la boulaie tourbeuse (habitat prioritaire) plus récemment signalée en bordure du Douron entre les Bois de Coat Touron et de Trébriant.

Les ripisylves bordant le Douron plus en aval ne seraient par contre pas assez typées pour être d’intérêt communautaire (source n° 64), mais sont un habitat précieux pour la faune. Quelques mégaphorbiaies se développent çà et là dans le site. Dans cette partie aval plus plate, le sol s’enrichi en éléments minéraux, en partie d’origine géologique, qui lui donnent un caractère plus neutre ce qui favorise la venue d’éléments floristiques remarquables. La ZNIEFF s’étend un peu en aval de Pont-Menou, mais s’arrête à la partie estuarienne (nécessitant une éventuelle autre description de ZNIEFF).

D’autres habitats d’intérêt communautaire sont présents en enclave ou au contact de l’espace forestier principal : affleurements rocheux en atmosphère humide, landes sèches à ajoncs et bruyères, et le vallon au Sud de Lan Drévez en Trémel porte de la lande humide à tourbeuse à sphaignes, et des coulées tourbeuses à narthécies caractéristiques de la tourbière de pente. Une parcelle en lande humide non boisée existe également au bord du Douron, attenante au Bois de Trébriant.

C’est la rivière à salmonidés le Douron, et sa végétation aquatique flottante dominée par les renoncules, avec ses quelques affluents, sources et rus dépendants, qui réalise le lien organique de ce remarquable corridor biologique.

Espèces remarquables : - Flore : Présence de 2 fougères protégées au niveau national : l’hyménophylle de Tunbridge (Hymenophyllum tunbrigense) présent sur rochers très ombragés à proximité de Convenant Saliou sur Plouégat-Guérand, et du dryoptéris atlantique (Dryopteris aemula) en plusieurs points de la grande vallée boisée du Douron. Dix autres plantes vasculaires de la Liste rouge armoricaine et déterminantes sont également présentes, dont l’avoine de Thore (Pseudarrhenatherum longifolium) graminée des landes ou bois clair acidiphile, assez rare en Bretagne, et possédant dans ce site plusieurs stations en haut de versant sur Plouégat-Guérand et Plouigneau ainsi que sur Trémel au Sud de Lan Drévez ; le platanthère verdâtre (Platanthera chlorantha) orchidée très rare en Bretagne trouvée habituellement sur des sols peu ou non acides, et dont une station est connue sur le site depuis 1998 et fait l’objet de suivis réguliers et d’une gestion ; et le céraiste aquatique (Myosoton aquaticum) plante neutrophile des bords de cours d’eau, pratiquement inconnue en Basse-Bretagne et dont la station de Plouégat-Guérand est une première donnée finistérienne toute récente (2011).

Présence d’au moins quatre bryophytes jugées rares en Bretagne dont l’hépatique à thalle Aneura maxima, répandue dans l’Amérique du Nord et l’Asie mais qui était encore inconnue en Europe il y a quelques années, la localité de Coat-Touron en Plouigneau n’était que la troisième mention française de l’espèce en 1997 ; l’hépatique Plagiochila spinulosa inscrite sur la liste nationale de la SCAP (Stratégie nationale de Création d’Aires Protégées terrestres métropolitaines) est aussi signalée dans le site.

- Faune : de nombreuses espèces d’intérêt communautaire, parmi les mammifères, les poissons et les invertébrés, sont réunies dans la zone.

Mammifères : présence régulière et reproduction de la Loutre d'Europe sur le Douron. Une campagne récente (2011) du Groupe Mammalogique Breton a permis de détecter ou de confirmer la présence de plusieurs espèces de chauves-souris fréquentant la vallée boisée du Douron dont les chauves-souris d’intérêt communautaire la Barbastelle d’Europe chassant préférentiellement en forêt et pouvant occuper des gîtes arboricoles en hiver, et le Petit rhinolophe pour lequel trois gîtes de reproduction sont connus dans la zone et sont régulièrement suivis (environ 85 individus adultes au total représentant 4 % de l’effectif connu pour la Bretagne en 2011).

Oiseaux : 7 espèces déterminantes, forestières ou liées aux landes, se reproduisent certainement ou probablement dans la zone, comme la Bondrée apivore, plusieurs pics, ou la Fauvette pitchou.

Poissons : peuplement caractéristique d’une rivière à salmonidés comprenant au moins 5 espèces déterminantes : le Saumon atlantique bien implanté dans cette partie du Douron, particulièrement dans la succession de radiers et de rapides du secteur forestier, le Chabot, la Lamproie de Planer, la Truite fario et l’Anguille. La Lamproie marine est apparemment en déclin sur la rivière : le dernier individu observé remonte à 1996 lors d’une pêche électrique à Pont-Menou - source n° 70 (DOCOB).

Mollusques : les espaces boisés et à haute humidité atmosphérique sont favorables au maintien de l’Escargot de Quimper (Elona quimperiana) ; la Moule perlière (Margaritifera margaritifera) pourrait exister vivante sur le bassin versant du Douron : 2 valves ont été découvertes en amont de la confluence du Dour-Uzel avec le Douron (si la prospection programmée confirmait sa présence à ce niveau, une extension de la ZNIEFF et de la zone Natura 2000 sur le Dour Uzel serait à envisager).

Insectes - lépidoptères : le papillon Damier de la Succise (Euphydrias aurinia) s’est reproduit en 1998 dans un secteur oligotrophe à succises d’une prairie humide sous Convenant Gorrec en Trémel, non intégrée aux études et prospections sur cette espèce d’intérêt communautaire sur le site Natura 2000, cette station serait à présent à confirmer ; toutes les autres stations connues sont plus en amont.

De nouveaux inventaires ou compléments d’inventaires seraient souhaitables pour plusieurs groupes dans cette zone, notamment amphibiens et arthropodes.

Conditions actuelles de conservation - Gestion - Suivis : les bois bordant le Douron sont des propriétés privées, leurs accès sont souvent limités ou interdits en dehors des chemins de randonnées existants.

Le CPIE Pays de Morlaix-Trégor a réalisé des suivis et de la gestion de stations botaniques remarquables dans le cadre d’un Contrat Nature « gestion et valorisation des prairies alluviales de la vallée du Douron » (2005-2008), il poursuit depuis 2009 les inventaires et suivis scientifiques, travaux de gestion écologique, et les actions de sensibilisation. La réalisation du DOCOB et l’animation du site Natura 2000 « Rivière le Douron » ont été confiées à Morlaix Communauté.

Commentaires sur la délimitation
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