ZNIEFF 540004674
LANDES DE MONTENDRE

(n° régional : 03600000)

Commentaires généraux

Le site correspond à la partie occidentale de la Double, petite région naturelle du sud-ouest de la France caractérisée par son fort taux de boisement. Il est constitué d'une mosaïque de landes calcifuges et de bois mixtes sur des sols très pauvres (podzols) s'étant développés sur les sables et graviers argileux éocènes (dépôts du Sidérolithique) qui couvrent l'ensemble de la région.

Un important réseau de ruisselets aux eaux acides reliés au bassin de la Garonne, ainsi que, très localement, des affleurements de calcaires maestrichtiens, interrompent l'uniformité topographique du "plateau".

Le plus vaste ensemble régional de landes et bois calcifuges, à forte tonalité ibéro-atlantique.

Intérêt phytocénotique exceptionnel avec la présence, sur des surfaces étendues, de groupements végétaux originaux : différents types de landes en fonction du gradient d'hydromorphie, forêt à Chêne tauzin et Pin maritime (Asphodelo albi-Quercetum pyrenaicae), tourbières acides à Narthecium ossifragum, sables humides temporaires à Kickxia cirrhosa, taillis tourbeux à Myrica gale, forêt-galerie riveraine (Blechno spicantis-Alnetum glutinosae ou Osmundo regalis-Alnetum, selon les contextes pédologiques), sables arides des Tuberarietea etc.

Sur le plan floristique, richesse très élevée en espèces rares/menacées, dont beaucoup sont en station régionale unique, voire en aire disjointe.

Intérêt faunistique très élevé, notamment le long du réseau hydrographique parcourant toute la zone : présence de la Cistude, du Vison et de la Loutre, de libellules rares, remontée de poissons migrateurs, etc.

Les landes et boisements ouverts hébergent quant à eux une grande diversité de reptiles (dont le Lézard ocellé, ici en population disjointe).

Menaces pesant sur la zone :

Depuis une trentaine d'années, l'ensemble de la zone connait une intensification sylvicole qui se traduit par diverses évolutions ayant un effet négatif sur les habitats et les espèces menacés : restructuration foncière ayant pour but d'aboutir à la création de blocs de parcelles d'une surface plus importante, plantation "intensive" de Pin maritime, y compris dans des zones pédologiquement défavorables - bas-fonds humides ou tourbeux - grâce à d'importants travaux de drainage; parallèlement, des pratiques agro-pastorales qui permettaient le maintien de vastes surfaces de landes ont aujourd'hui totalement disparu et les landes connaissent un processus rapide de boisement. Seul le camp militaire de Bussac (800 hectares) a conservé encore des surfaces significatives de landes grâce au incendies périodiques provoqués par les activités militaires.

L'ouverture ou l'extension de carrières (calcaires et argiles kaoliniques) constitue également une menace importante, spécialement au niveau des affleurements de calcaires maestrichtiens situés entre Bussac et Corignac qui sont l'objet d'une exploitation importante (cimenterie employant directement ou indirectement plusieurs centaines de personnes). Par ailleurs, des effets indirects néfastes de telles exploitations se manifestent dans le cas de lavage des boues ou de déversement des sédiments dans le réseau hydrographique (forte augmentation des MES et de la turbidité, perturbation des équilibres thermiques etc).

Le tourisme enfin peut représenter ponctuellement une menace sérieuse sur certains habitats précieux (exemple de l'influence de la réalisation d'une base de loisirs sur la tourbière acide de l'étang de Montendre).

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF se cale sur les contours du PSIC N°35 LANDES DE MONTENDRE (18360ha) avant sa réduction faisant suite aux négociations avec les partenaires socio-économiques (SIC FR5400437, 3132 ha) . La ZNIEFF II ainsi définie constitue une entité géo-pédologique (podzols et sols lessivés acides sur dépôts continentaux tertiaires), paysagère (morphologie sub-plane contrastant avec les collines calcaires de la Haute Saintonge au nord), biogéographique (aile occidentale de la Double charentaise où l'influence ibéro-atlantique est la plus marquée sur le cortège végétal). Vers l'Est, les zones où les sols plus riches permettent l'établissement de communautés forestières moins originales ont été exclues tandis que vers le sud la limite de la zone se cale sur la frontière entre la région POITOU-CHARENTES et la région AQUITAINE (l'intérêt patrimonial de cette ZNIEFF prend avant tout son sens dans le contexte POITOU-CHARENTES où ces landes constituent une limite biogéographique pour de très nombreuses espèces et communautés végétales, par ailleurs assez répandues en région AQUITAINE, notamment au sud de Bordeaux dans la région des Grandes Landes).