ZNIEFF 540014439
CAMP MILITAIRE D'AVON

(n° régional : 06910660)

Commentaires généraux

Zone composée de pelouses xérophiles et mésophiles, de prairies de fauche, de pâtures et de nombreuses haies et bosquets. Le terrain de manoeuvres d'Avon constitue un véritable îlot au sein d'un paysage rural qui tend à s'intensifier.

INTERET ORNITHOLOGIQUE :

Majeur du fait de la présence d'espèces patrimoniales menacées comme l'Outarde canepetière, le Courlis cendré, les Pie-grièche à tête rousse et écorcheur etc. Présence d'un cortège d'oiseaux du bocage quasi complet.

INTERET HERPETOLOGIQUE :

Présence de la plus importante population de Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata) des Deux-Sèvres, estimée à plusieurs centaines d'individus. L'ecocomplexe bocager du site apporte en outre tout le cortège d'amphibiens du bocage en bon état de conservation, avec notamment le Triton marbré (Triturus marmoratus), le Triton crêté (Triturus cristatus), l'hybride Triton de Blasius (Triturus cristatus x marmoratus), le Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus) et la Rainette arborciole (Hyla arborea). La quantité de mares, la densité de haie à l'hectare, l'absence d'Ecrevisses exotiques envahissantes et le pâturage extensif permettent un état de conservation très satisfaisant pour la communauté des batraciens.

Une petite population de Vipère aspic (Vipera aspis) est également présente sur le terrain militaire d'Avon.

INTERET MAMMALOGIQUE :

Présence du Muscardin (Muscardinus avellanarius) confirmée sur le site en 2020. L'état de conservation des habitats est jugé très satisfaisant pour cette espèce.

INTERET ENTOMOLOGIQUE :

Site d'intérêt majeur pour l'entomofaune, principalement pour les Rhopalocères et Orthoptères. Le niveau de connaissance est jugé satisfaisant pour ces 2 groupes ainsi que pour les Odonates (mais le potentiel d'accueil est moindre pour ce groupe).

On notera la présence de pas moins de 7 espèces de Rhopalocères patrimoniaux, avec notamment la seule population contemporaine d'Azuré du plantain (Polyommatus escheri), les plus importantes populations du Petit Argus (Plebejus argus), de l'Azuré des cytises (Glaucopsyche alexis) et de la Thècle de l'Orme (Satyrium w-album) du département. Plus rares (ou plus discrets), la Thècle du prunier (Satyrium pruni), la Thècle de l'amarel (Satyrium acaciae) et l'Azuré des coronilles (Plebejus argyrognomon) ont néanmoins été découverts en 2019.

Concernant les Orthoptères, le nombre s'élève à 9 espèces déterminantes ZNIEFF pour ce site, plus 1 disparue. La Dectique verrucivore (Decticus verrucivorus) présente ici la population la plus importante du Poitou-Charentes, et peut être même du grand Ouest (en l'état actuel des connaissances). Le Sténobothre nain (Stenobothrus stigmaticus), le Criquet des pelouses (Chorthippus mollis mollis) et le Criquet de la Palène (Stenobothrus lineatus) sont eux aussi abondants et bien répartis sur le site. Plus localisés, le Criquet des grouettes (Omocestus petraeus), le Criquet des roseaux (Mecosthetus parapleurus) et le Phanéroptère commun (Phaneroptera falcata) sont nettement moins communs sur le terrain militaire d'Avon. Quant à la Courtilière commune (Gryllotalpa gryllotalpa) et au Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), ces 2 Orthoptères des zones humides sont ici très localisés sur les milieux les plus hygrophiles du site.

L'Oedipode rouge (Oedipoda germanica), Orthoptère le plus menacé de la région ("en danger critique d'extinction" sur la Liste Rouge Régionale des Orthoptères menacés du Poitou-Charentes) a disparu en 2013 du terrain militaire, suite au remblai de la zone où il se trouvait pour la création d'un parking en terre battue.

Seule la Chlorocordulie métallique (Somatochlora metallica) présente un enjeu sur le terrain militaire d'Avon, mais sa reproduction n'est pas confirmée sur le site.

Chez les Hétérocères, la Zygène de la petite coronille (Zygaena fausta) présente la population la plus importante du département. On mentionnera aussi la redécouverte du Procris de la Jacée (Jordanita notata), considéré comme disparu des Deux-Sèvres depuis les années 1960, bien représenté sur le site. La Laineuse du prunellier (Eriogaster catax), la Lithosie de Godart (Apaidia mesogona) et la Noctuelle allumée (Trigonophora jodea) ont toutes 3 été découvertes en 2019 sur le terrain militaire.

La Cigale argentée (Tettigetta argentata) et la Cigalette de Petry (Cicadetta petryi) font parties des espèces à enjeux chez les Hémiptères. Cette dernière est particulièrement abondante sur le terrain militaire d'Avon.

Concernant les Coléoptères, le Grand Capricorne (Cerambyx cerdo) est mentionné dans la Chenaie de Boësse, au nord du site, où il est abondant

Enfin, chez les Névroptères, l'Ascalaphe ambré (Libelloides longicornis) fréquente les prairies et pelouses sèches du site.

INTERET BOTANIQUE ET PHYTOCOENOTIQUE :

L’intérêt du site réside dans la continuité des milieux herbacées permanents oligo à mésotrophes sur l’ensemble d’un gradient hydrique allant des pelouses xérophiles aux prairies humides basophiles, élément de plus en plus rare dans une plaine principalement dévouée à l’agriculture intensive. Chaque compartiment accueille des espèces rares et/ou en régression, dont certaines dans des effectifs remarquables à l’échelle régionale :

Pelouses xérophiles à Astragale de Montpellier (Astragalus monspessulanus), d’affinité méditerranéenne, proche de sa limite nord de répartition, Bugrane fluette (Ononis pusilla), Fétuque d’Auquier (Festuca auquieri).

Pelouses sur calcaire marneux à Orchis militaire (Orchis militaris), Orchis grenouille (Coeloglossum viride), toutes deux en danger d’extinction en ex-Poitou-Charentes, Gesse de Pannonie (Lathyrus pannonicus), Orchis moucheron (Gymnadenia conopsea), Cardoncelle mou (Carthamus mitissimus), etc.

Dans les trouées occasionnées notamment par le bétail en pâturage extensif, se développent un riche cortège d’annuelles : Cresson rude (Sisymbrella aspera, protégée régionale), Buplèvre très grêle (Bupleurum tenuissimum), Renoncule à feuilles d’Ophioglosse (Ranunculus ophioglossifolius, protégée nationale) dans les dépressions humides ; Passerine annuelle (Thymelaea passerina, vulnérable), Cotonnière dressée (Bombycilaena erecta), Buplèvre du Mont Baldo (Bupleurum baldense) sur zones écorchées au voisinage des dalles affleurantes.

Les prairies humides, en bon état de conservation, accueillent d’importantes populations de Fritillaire pintade (Fritillaria meleagris), d’Orchis à fleurs lâches (Anacamptis laxiflora), de Trèfle étalé (Trifolium patens), Trèfle maritime (Trifolium squamosum).

 

Commentaires sur la délimitation

Le zonage correspond aux limites du camp de manoeuvres, avec quelques ajustements, notamment au niveau de l'affinage du tracé sur la périphérie du site, en proposant un meilleur calage sur les haies et le parcellaire. Deux secteurs ont été rajoutés au sud du site, en se basant sur le critère de patrimonialté élevé des habitats (Habitat d'Interêt Communautaire). Au sein du camp, l'agriculture (élevage) est de type traditionnel, ce qui permet à une flore et une faune des milieux ouverts de se maintenir alors qu'elle régresse ou disparait aux alentours.