ZNIEFF 540120075
CAMP MILITAIRE DE BUSSAC

(n° régional : 03600836)

Commentaires généraux

Complexe de landes et pelouses oligotrophes thermo-atlantiques sur sables et graviers argilo-ferrugineux tertiaires (Eocène inférieur) occupant un ancien camp militaire américain transformé en champ de manoeuvres.

Ensemble complémentaire de la ZNIEFF "LANDES DE BUSSAC" avec laquelle elle se trouve en continuité spatiale mais dont elle se distingue par la très grande originalité de ses faciès de landes régénérés par les activités militaires.

INTERET BOTANIQUE :

Exceptionnel par les surfaces occupées par les landes sèches et habitats associés, ici bloqués dans leur évolution dynamique par la gestion du camp militaire, ainsi que par les incendies ayant eu lieu dans le passé. Exceptionnel également par les effectifs importants d’espèces rares dont le camp militaire représente, pour certaines, les plus fortes populations régionales.

Lande à Avoine de Thore (Pseudarrhenatherum longifolium) et Ciste faux alysson (Cistus lasianthus subsp. alyssoides) au sein de laquelle se développe, outre ces deux espèces, le Ciste en ombelle (Cistus umbellatus), le Daphné camélée (Daphne cneorum, en danger d’extinction en Poitou-Charentes), le Genêt poilu (Genista pilosa). Les ourlets à proximité accueillent le Laser à larges feuilles (Laserpitium latifolium), l’Avoine marginée (Helictochloa marginata) et l’Aigremoine élevée (Agrimonia procera). De petites zones tourbeuses (très ponctuelles sur le site), ainsi que les abords des ruisseaux, permettent le développement d’un cortège associé : Valeriane dioïque (Valeriana dioica), Laîche des ombrages (Carex umbrosa, protégée régionale), Laîche ponctuée (Carex punctata), Cardamine à petites fleurs (Cardamine parviflora), Gratiole officinale (Gratiola officinalis, protégée nationale).

Grande richesse également des pelouses thérophytiques sur sables secs à très secs avec des espèces rares et menacées telles que la Linaire de Pélissier (Linaria pelisseriana), les Spergules de Morison et à cinq étamines (Spergula morisoni, S. pentandra), l’Arnoséris naine (Arnoseris minima), la Corrigiole à feuille de Téléphium (Corrigiola telephifolia), espèce ouest-méditerranéenne dont les populations de la Double constitue le principal bastion hors de la zone méditerranéenne, ainsi que la Cotonnière jaunâtre (Filago lutescens), espèce particulièrement méconnue, ici dans une de ses rares stations régionales. En 2013, l’Agrostis élégant (Neoschischkinia elegans) est découvert sur certains pare-feux du site, dans sa première station en Poitou-Charentes pour cette espèce protégée nationale, néoindigène ouest-méditerranéenne, en limite d’aire septentrionale, présente en France dans le triangle landais et dans le quart sud-est.

Les sables humides à engorgés l’hiver abritent également un cortège remarquable avec la Sagine subulée (Sagina subulata) et l’Illecèbre verticillé (Illecebrum verticillatum).

Intérêt secondaire mais néanmoins remarquable, présenté par de nombreuses espèces néarctiques naturalisées, dont certaines possèdent ici leur unique localité européenne (Plantago virginica) ou française (Verbena bracteata) connue.

 

INTERET HERPETOLOGIQUE :

Site important pour l'accueil de l'herpétofaune dont l'intérêt majeur réside dans la présence d'une des 3 populations régionales de Lézard ocellé (Timon lepidus), espèce méditerranéenne en limite d'aire (l'île d'Oléron constitue la limite septentrionale actuelle de l'espèce) et dont les effectifs sont globalement en baisse en France. Sur le site, cette population se maintient essentiellement dans les pelouses silicoles au sein des terriers de Lapin.

Présence également du Crapaud calamite Epidalea calamita (en syntopie avec le Crapaud épineux) et du Triton marbré (Triturus marmoratus). Présence potentielle également de la Cistude d'Europe (Emys orbicularis) et de la Coronelle girondine (Coronella girondica) connue à proximité du pénitencier.

INTERET AVIFAUNISTIQUE :

Les espèces les plus remarquables du site sont le Pipit rousseline qui a compté plusieurs couples nicheurs en 2013 et l'Alouette calandrelle, confirmée nicheuse en 2011 mais non confirmée depuis (quoique non recherchée spécifiquement, du fait des difficultés d'accès au camp). A noter également la présence régulière de la Fauvette pitchou et de l'Engoulevent, qui trouvent dans les landes et fourrés de la Double saintongeaise de vastes surfaces d'habitats favorables.

INTERET ENTOMOLOGIQUE : FORT

Riche cortège d'Orthoptères des landes (Chorthippus binotatus, Locusta migratoria) et des pelouses sablonneuses arides avec plusieurs espèces se retrouvant également sur le littoral (Acrotylus insubricus, Calephorus compressicornis, Myrmeleotettix maculatus). Plusieurs espèces géophiles comme Oedaleus decorus, Decticus albifrons ou Sphingonotus caerulans complètent le cortège.

Pour les Rhopalocères, présence de l'Azuré des Ajoncs (Plebejus argus) qui fréquente majoritairement en Poitou-Charentes les milieux dunaires de la côte, ainsi que du Faune (Hipparchia statilinus), dont les stations de la Double saintoingeaise abritent les principales populations du Poitou-Charentes. A noter la présence de la Thècla du Prunier (Satyrium pruni).

Le cortège odonatologique est également remarquable avec la présence notable des cordulies métallique et bronzée (Cordulia metallica, C. aenea), des lestes verdoyant et des bois (Lestes virens, L. dryas).

Commentaires sur la délimitation

Cette ZNIEFF comprend l'ensemble du camp militaire dont la périphérie est marquée par une clôture. Le statut foncier (camp militaire), la gestion qui en découle, et les communautés végétales associées, très différentes de la périphérie, justifient l'isolement du camp en ZNIEFF autonome. Par ailleurs, elle est traversée par la ZNIEFF linéaire du réseau hydrographique de la Saye. Le tronçon de la Coudrelle est quant à lui inclus dans cette ZNIEFF car cette partie du réseau hydrographique ne présente plus d'intérêt en amont du camp militaire (contrairement au réseau de la Saye).