ZNIEFF 540220145
Vallon de Sarrasin

(n° régional : 17118002)

Commentaires généraux

Complexe de boisements, d'étangs, de landes et de prairies essentiellement oligotrophes et calcifuges, traversé d'est en ouest par 2 bassins versants alimentant le Lary. La route départementale 159 traverse le site du nord au sud et marque une rupture entre :

- à l'ouest : un grand ensemble de milieux landicoles (landes sèches à humides, ptéridaies, boisements mixtes spontanés, plantations de pins), particulièrement marqué par le passage de la tempête Martin. Jusque dans les années 2010, le secteur a subi très peu de pressions sylvicoles. Quelques parcelles recemment enrésinées hébergent encore d'importants enjeux de conservation, notamment au niveau de microdépressions temporairement inondées ou sur des sables mobiles propices à l'installation des espèces géophiles.

- à l'est : un secteur légèrement moins acide et plus diversifié, au sein duquel les mares et les anciennes carrières (étangs) hébergent de nombreuses espèces patrimoniales.

Le site héberge des parcelles de compensation de la LGV SEA (conventionnement) et de la société Imerys (rétrocession au CEN). D'autres projets d'acquisition à des fins compensatoires sont actuellement à l'étude.

Parmi les nombreux enjeux faunistiques et floristiques, citons :

FLORE/HABITATS :

- au nord de la Grande Chaume, un écoulement diffus alimente une succession de cladiaies, tourbières, landes humides, fourrés à Myrica gale et roselières. Cette mosaïque, hébergeant une importante diversité de micro-milieux à forte valeur écologique (buttes de Sphaignes, tourbières de transition, bas-marais acides, communautés aquatiques et amphibies), s'étend sur plus de 7 hectares d'un seul tenant et compte sans doute parmi les habitats les plus riches et les plus étendus de la Double saintongeaise. On y retrouve notamment Drosera rotundifolia, D. intermedia, Eriophorum angustifolium, Salix repens, Myrica gale et certainement d'autres taxons implantés en dehors des secteurs inventoriés.

- plus en amont le même écoulement alimente à l'est de la route D159 un bas-marais alcalin à Dactylorhiza elata, Carex pulicaris, Oenanthe lachenalii et Schoenus nigricans.

- sur le même bassin versant, les mares et les étangs sont fréquemment colonisés par d'importants herbiers aquatiques dont l'un d'entre eux est dominé par Utricularia australis. Des coussins de sphaignes, en alternance avec des gazons amphibies se développent sur les berges temporairement exondées.

- au nord-ouest de la Vergne, des aulnaies et saussaies marécageuses se développent ponctuellement sur les berges des étangs forestiers. Ces dernières hébergent un cortège de fougères d'intérêt régional (Osmunda regalis, Dryopteris dilatata).

- les pelouses oligotrophes, plus ou moins calcifuges en fonction des secteurs, hébergent quant à elles des taxons héliophiles et localisés en Poitou-Charentes à l'image d'Helictochloa marginata ou Anthericum liliago.

- notons enfin la présence de Kickxia cirrhosa, à l'ouest de la zone, sur des microdépressions circonscrites aux marges de certaines pinèdes. En dehors des populations du pourtour méditerranéen, les stations de la Double saintongeaise et de l'Argentonnais, dans les Deux-Sèvres, constituent les seuls bastions de l'espèce sur le territoire national.

ENTOMOLOGIE :

- Outre l'importante diversité d'Odonates observée (environ 40 espèces) et la présence significative d'espèces déterminantes, l'originalité de la zone réside en la présence d'une population reproductrice de Leucorrhine à front blanc, Leucorrhinia albifrons sur l'étang des Petits Terriers. Cette nouvelle population semble être déconnectée des autres foyers régionaux, respectivement localisés sur les secteurs de Montendre, Bussac-Forêt et Chepniers, ainsi que sur les étangs de Touvérac en Charente. Des recherches approfondies sur d'autres milieux de reproduction potentiels n'ont donné aucun résultat, excepté l'observation d'un mâle erratique sur l'étang de la Vergne. Il n'est pas impossible que l'espèce puisse coloniser à court terme d'autres étangs, si des mesures de gestion favorables sont déployées. Notons également l'observation originale, en 2018, d'un mâle de Leucorrhine à gros thorax, Leucorrhinia pectoralis sur le même étang. Cette donnée est sans doute à mettre sur le compte d'un erratisme exceptionnel depuis les populations girondines. Des prospections complémentaires sur les étangs proches jugés favorables n'ont donné aucun résutat.

- Environ 60 espèces de Lépidoptères Rhopalocères fréquentent la zone, soit plus de la moitié des espèces départementales. Parmi elles, le Damier de la succise (Euphydryas aurinia) évolue surtout à l'est et se reproduit essentiellement sur les prairies humides et certaines lisières landicoles où pousse sa plante hôte. Dans ce contexte, il se trouve souvent en sympatrie avec le Petit Collier argenté (Boloria selene). Le statut du Cuivré des marais (Lycaena dispar) n'est pas clair, même si des milieux favorables à sa reproduction existent à l'endroit où il a été contacté. Le Fadet des laîches (Coenonympha oedippus) se retrouve sur l'ensemble des landes humides de la ZNIEFF. A ce titre, il est sans doute nettement plus abondant à l'ouest de la route D159. Enfin, le Faune (Hipparchia statilinus), connu dans les Charentes uniquement en Double saintongeaise, occupe les pelouses calcifuges écorchées autour de l'étang de la Vergne.

- A l'image des groupes précédents et avec une quarantaine d'espèces connues sur le secteur, le Vallon de Sarrasin héberge environ la moitié des espèces d'orthoptères connues en Charente-Maritime. Parmi les cortèges les plus intéressants, celui des zones humides à végétation éparse et des berges d'étang regroupe notamment la Courtilière commune (Gryllotalpa gryllotalpa) et le Criquet des dunes (Calephorus compressicornis) en sympatrie au niveau de l'étang de la Vergne. L'Oedipode aigue-marine (Sphingonotus caerulans) investit quant à lui certaines pistes forestières aux sables mobiles et régulièrement remaniés, en compagnie d'autres taxons géophiles. Les autres espèces déterminantes (Locusta migratoria gallica, Gomphocerippus binotatus armoricanus et Phaneroptera falcata) sont essentiellement liées aux milieux de landes.

MAMMIFERES NON VOLANTS :

La diversité des milieux aquatiques rencontrés et leur intégration au sein d'une matrice forestière et prairiale confèrent au site un intérêt de premier ordre pour les mammifères semi-aquatiques et forestiers :

- le Campagnol amphibie se nourrit notamment dans les jonchaies bordant l'étang de la Vergne et la mare prairiale des Nauves Rouges. Il est probable que la grande zone humide du Terrier du Loup constitue un corridor de choix entre ces stations et celles connues à l'ouest, sur le lit majeur du Lary.

- A l'image de la Martre des pins, les espèces forestières utilisant les milieux aquatiques pour l'alimentation ou les déplacements fréquentent assiduement le secteur.

- La Loutre d'Europe a quant à elle été détectée sur les berges de l'étang de la Vergne.

CHIROPTERES :

Des prospections acoustiques ont permis d'identifier 16 espèces en transit ou en activité de chasse. Cette importante diversité est en lien direct avec celle des habitats rencontrés, notamment les landes, les étangs et les prairies, à l'origine d'une importante production de biomasse. La présence de nombreux arbres gîtes potentiels, à l'est du site, laisse présager une certaine sédentarité des espèces forestières et arboricoles.

OISEAUX

Le site accueille la nidification de nombreuses espèces, dont les plus patrimoniales sont sans doute liées aux landes et aux milieux forestiers : Fauvette pitchou, Engoulevent d'Europe, Busard-Saint-Martin, Alouette lulu, Mésange nonette, Pic noir, Torcol fourmilier...

Le Guêpier d'Europe chasse au-dessus de certains étangs et des prairies. Plusieurs couples nichent dans les terrriers creusés dans les merlons de la carrière de Sarrasin. Les travaux de remise en état prévoient la prise en compte de l'espèce.

REPTILES/AMPHIBIENS

- Bien que 7 espèces soient recensées, la présence d'Amphibiens est localement limitée par l'importante dynamique de l'Ecrevisse de Louisiane sur le secteur. A l'image de l'étang de la Vergne, les grands étangs et anciennes argilières accueillent très peu d'Urodèles, en dehors de la Salamandre tachetée, trouvant refuge pour la mise bas dans les dépressions temporairement inondées sur certaines berges. Les mares prairiales, notamment celles des Nauves Rouges hébergent en revanche l'intégralité du cortège habituel de la Double saintongeaise avec une forte densité de Triton marbré.

- Le site n'a jamais fait l'objet de suivi par pose de plaques refuges à reptiles. Les connaissances herpétologiques sont donc partielles et ne peuvent être considérées comme exhaustives. Des observation fortuites de Couleuvre vipérine, Couleuvre d'Esculape et de Couleuvre verte et jaune laissent toutefois présager un potentiel intéressant pour des espèces aux affinités écologiques variées. La Cistude d'Europe a fait l'objet d'observations récentes et répétées sur un étang des Fonts Blanches. Il serait alors intéressant de connaître plus précisément le statut de cette espèce sur le site, qui présente un fort potentiel pour chacune des phases de son cycle biologique (reproduction, thermorégulation, ponte, hivernation).

Commentaires sur la délimitation

Les contours tiennent compte à la fois de la répartition des espèces déterminantes et de leurs habitats de reproduction, mais aussi d'une certaine cohérence liée à la typologie des milieux rencontrés.

A ce titre, les boisements au nord de la zone, globalement plus denses, secs et enrésinés, ne présentent pas de potentiel comparable pour les espèces héliophiles et paludicoles.

A l'est (lieu-dit Sarrasin, au sud de l'étang de la Vergne), l'ouverture récente d'une carrière d'argile kaolinique de 37 hectares limitera considérablement les potentialités naturalistes à moyen terme (remise en état prévue en 2037). La nature des travaux de restauration pourrait cependant profiter à certains taxons visés par la création de cette ZNIEFF. Le contour actuel de la ZNIEFF prend en compte l'extension progressive de la carrière vers le nord.

Au sud, l'exclusion du bloc prairial de Plaisance se justifie par la nature des cortèges biologiques hébergés (essentiellement prairiaux et liés aux mégaphorbiaies se développant sur les berges du ruisseau qui le traverse), bien distincts de ceux retrouvés sur le secteur décrit dans ce formulaire.