French Version
Partie encaissée du canal creusé au XIXème siècle entre Marans et La Rochelle. Importante dissymétrie de versants créant de forts contrastes stationnels permettant la juxtaposition de milieux remarquables dans un environnement marqué par la céréaliculture intensive et l'urbanisation (agglomération de La Rochelle).
Les matériaux calcaro-marneux extraits lors du creusement du canal ont été déposés en haut de versant, créant des bourrelets drainants rapidement colonisés par des pelouses calcicoles. A la suite de la mise en service du canal en 1888, dont les fonctions de transport de marchandises (entre les villes de Marans, Niort et Fontenay-le-Comte et le port de La Rochelle) ont été rapidement concurrencées par la voie ferrée, les milieux ont évolué librement en l'absence d'intervention majeure.
Un tunnel de 800 m a été creusé pour le passage du canal. Ce tunnel, entièrement maçonné, accueille des effectifs faibles mais réguliers de Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) et de Barbastelle d'Europe (Barbastella barbastellus).
Le versant exposé au nord-ouest, très pentu, entaille le plateau marno-calcaire de l'Aunis, drainant la nappe phréatique en créant de nombreuses zones de suintements plus ou moins colonisés par le Capillaire de Montpellier (Adiantum capillus-veneris) et, de façon exceptionnel, en pied de versant, par des groupements peu étendus du Cratoneurion (sources tuffeuses) qui abritent plusieurs espèces remarquables.
INTERET FLORISTIQUE ET PHYTOCENOTIQUE :
Vingt-cinq espèces végétales déterminantes.
Pelouses marno-calcaires : Astragale de Montpellier (Astragalus monspessulanus), Catananche bleue (Catananche caerulea), Euphorbe triste (Euphorbia loreyi, en danger d'extinction en Poitou-Charentes), Libanotis des Pyrénées (Libanotis pyrenaica), Petit pigamon (Thalictrum minus, vulnérable en Poitou-Charentes), Laitue pérenne (Lactuca perennis), etc..
Suintements plus ou moins tuffeux, en versant nord à nord-ouest : Laîche écailleuse (Carex lepidocarpa, quasi-menacée), Marisque (Cladium mariscus), Choin noirâtre (Schoenus nigricans), Capillaire de Montpellier (Adiantum capillus-veneris).
Présence de l'Odontite de Jaubert (Odontites jaubertianus), protégé national.
INTERET ALGUAL :
Suite au travaux de désenvasement et de lutte contre les espèces envahissantes (Elodée dense), des groupements pionniers à Characées se sont développés sur certaines parties du canal, ajoutant encore à l'intérêt du site (Lambert E., 2019).
INTERET FAUNISTIQUE :
Mollusques :
Le site abrite une petite population de Vertigo de Des Moulins (Vertigo moulinsiana) dans une zone pentue située en bas de versant nord, dominée par la Molinie et le Choin noirâtre, où elle côtoie la Columelle édentée (Columella edentula).
Orthoptères :
Les parties les plus écorchées des pelouses du versant sud ont abrité le rare Criquet des grouettes (Omocestus petraeus), dont une trentaine d'individus a été observé en 2012 mais non revue depuis. Ces biotopes maintenus ras par les deux-roues accueillent également le Tétrix déprimé (Tetrix depressa).
Odonates :
Les eaux étonnamment limpides du canal dans sa partie encaissée constituent un site de reproduction pour la Libellule fauve (Libellula fulva), dont les effectifs sont importants.
Lépidoptères :
L'Azuré du serpolet (Phengaris arion) se rencontre en petits effectifs dans les clairières du "bois de pin" du tunnel, tandis que la Zygène du panicaut (Zygaena sarpedon) est régulière sur les pelouses piquetées par sa plante-hôte. On peut également noter la présence de la Soucieuse (Orgyia recens) dont la chenille fréquente divers arbres ou arbustes feuillus.
Mammifères :
Le tunnel maçonné accueille de façon régulière quelques individus de Barbastelle d'Europe (Barbastella barbastellus) et de Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) en hibernation. Enfin, la Loutre d'Europe (Lutra lutra), qui se déplace le long du linéaire du canal depuis le marais poitevin jusqu'aux portes de La Rochelle, trouve sur ce tronçon un site de chasse poissonneux.
