La craste de Nezer est un fossé de drainage traversant la commune de la Teste-de-Buch sur près de 14 kilomètres. Elle naît au lieu-dit Cazaux, en marge de la forêt usagère de La Teste-de-Buch, et trouve son exutoire dans le bassin d’Arcachon au port de la Hume. Originellement nommée craste de la Montagne, elle tient son nom actuel de son créateur, un banquier suisse (David Nézer) appelé en 1766 par le Captal de Buch François de Ruat qui lui concéda alors près de 14 000 hectares de terres incultes entre le hameau du Teich et la forêt usagère (ou Grande Montagne). David Nézer y engagea d’importants et coûteux travaux de valorisation (drainage, création de champs et de fermes, etc.) et y planta près de mille hectares de pins. Ces efforts coûteux restés infructueux ont conduit Nézer à sa perte… Outre la craste, plusieurs lieux-dits des communes environnantes lui sont attribués (Forêt de Nézer, etc.). Dans les Landes de Gascogne, une craste désigne un fossé visant à drainer les landes marécageuses pour permettre leur mise en culture (souvent du Pin maritime).
La craste de Nezer est connue pour abriter une importante station de Bruyère du Portugal (Erica lusitanica subsp. cantabrica), taxon rare et protégé au niveau national. Cette station étendue le long de la craste constitue un enjeu floristique majeur pour cette plante subendémique des fourrés hygrophiles, oligotrophiles et acidiphiles du Nord de la péninsule ibérique et de quelques localités du Sud-Ouest français, dont la craste de Nezer constitue l’un des bastions de présence principal.
La craste et ses abords présentent un réseau de zones humides et de braous (zones marécageuses) comprenant des surfaces de lande humide, des fourrés et forêts hygrophiles, des pelouses acidiphiles ou des chênaies mixtes acidiphiles. Certaines zones localisées en pied de dunes boisées de la forêt usagère sont propices au développement de zones humides d'arrière-dune (lettes ou lèdes). On y observe plusieurs plantes protégées ou déterminantes ZNIEFF comme la Romulée de Provence (Romulea bulbocodium), l’Ail des Landes (Allium ericetorum), le Marisque (Cladium mariscus) ou le Daphné camélée (Daphne cneorum).
Les habitats ouverts et semi-ouverts (landes, fourrés, anciennes lèdes) sont tributaires d’une gestion adaptée. Un entretien trop fréquent (gyrobroyage ou tonte régulière) ou trop espacé (conduisant à une fermeture des milieux) peut menacer la pérennité des enjeux flore et habitats précités. La craste et les zones humides associées sont, en de nombreux endroits, directement exposées aux menaces anthropiques (artificialisation des sols et expansion des zones urbanisées au contact direct de la craste, introduction d’espèces exotiques envahissantes, proximité d’une piste cyclable, d’une piste de motocross, etc.).
Par endroits, une gestion trop drastique des berges de la craste ont conduit à des coupes rases de Bruyère du Portugal. Une gestion adaptée et sélective est nécessaire au maintien du bon état de conservation de la craste et des enjeux recensés.
Outre l'intérêt floristique de ce secteur, cette mosaïque d'habitats favorise le développement d'espèces faunistiques. La craste constitue un biotope indispensable pour de nombreux rhopalocères protégés ou menacés tel que le Fadet des Laîches (Coenonympha oedippus). Néanmoins, malgré la présence de nombeux habitats humides disponibles sur ce site, la connaissance sur la faune reste lacunaire. Des inventaires complémentaires ciblés pourraient permettre de pallier ce manque.
[Les listes d'espèces présentées en 7.1 et 7.2 concernent les principales espèces remarquables et/ou représentatives du site ; elles ne sont donc pas exhaustives]
D’après la carte d’E. Durègne de la Grande Montagne ou de la Forêt usagère de La Teste-de-Buch (1901), la Craste de Nézer, créée pour drainer les braous qu’elle traverse, prenait naissance au niveau du cimetière de Cazaux. Suivant un tracé discontinu, elle est doublée à l’Est près de Cazaux par un ruisseau. Elle longe le braou de Courneau puis borde le chemin du ball-trap pour traverser la Piste 214 et longer la forêt usagère. Elle poursuit son cours au niveau du Natus (cimetière des Sénégalais, ancienne décharge) et rejoint la piste cyclable et une part de forêt domaniale. Elle traverse ensuite la zone industrielle (exclue de la ZNIEFF) pour longer la Plaine des Sports, le village de vacances (où une craste secondaire la rejoint), puis le Parc de la Chêneraie (marquant la limite entre les communes de Gujan-Mestras et La Teste-de-Buch) où son tracé est parallèle au canal des Landes (situé à environ 75m). La Craste de la Petite Douesse rejoint la Craste de Nézer juste avant de trouver son exutoire au Port de la Hume.
La ZNIEFF comprend la craste de Nezer et ses abords. La partie la plus anthropisée de la craste située au niveau de la zone industrielle et artisanale de la Lande des deux crastes a été exclue du zonage en raison de l'urbanisation, de la dégradation des habitats et de la rareté d'espèces déterminantes. La ZNIEFF a été agrandie au boisement humide situé à l'extrémité Sud du site (Lanot, Cazaux) afin d'inclure les stations les plus méridionales de Bruyère du Portugal et par souci de continuité écologique. La délimitation a été réalisée selon la répartition des espèces déterminantes détectées lors des prospections de terrain. Elle suit essentiellement la localisation des stations de Bruyère du Portugal, espèce emblématique du site, s’étendant du Nord de la craste (exutoire au Port de la Hume) jusqu’à son origine (Lanot, Cazaux à l’Est du champ pétrolifère).
Le site longe la forêt usagère de La Teste-de-Buch (ZNIEFF de type 2) sur une grande partie de son tracé. Il comprend les zones humides arrière-dunaires et exclut les zones trop anthropisées ou urbanisées (voies de communication, zones résidentielles ou artisanales, etc.). Cette délimitation est appuyée par l’analyse des couches d’occupation du sol, topologiques, de photos aériennes et de répartition des végétations.