ZNIEFF 720020001
Dunes littorales du Gurp

(n° régional : 36470001)

Commentaires généraux

La ZNIEFF des dunes littorales du Gurp s’étend le long du cordon dunaire nord-médocain, de l'Amélie au nord jusqu’à la zone Euronat au sud. Elle fait partie de la ZNIEFF de type II des dunes littorales entre le Verdon et le Cap-Ferret. 

La ZNIEFF comprend les différentes formations végétales du cordon dunaire, qui se succèdent suivant un gradient océan-terre : haut de plage et laisses de mer, dune embryonnaire, dune blanche, dune grise, fourrés d’arrière dune et forêt de protection à Pin maritime (Pinus pinaster). Les végétations et les cortèges floristiques offrent une grande diversité du fait de l’imbrication de sables peu acides et de plaques sableuses faiblement carbonatées.

Le secteur du Gurp marque une transition entre les sables légèrement calcarifères présents au nord du Médoc et les sables non carbonatés présents plus au sud jusque à la côte landaise. Par exemple, l’Œillet de France (Dianthus gallica) et le Raisin de Mer (Ephedra distachya) sont représentatifs des sables calcarifères dunaires. De même, les ourlets et fourrés dunaires bien exprimés au nord du site abritent des associations thermophiles basiphiles à Garou (Daphne gnidium) formant la transition avec la pinède à Chêne vert (Quercus ilex). 

Cette portion du cordon dunaire concentre de nombreuses espèces rares, parfois endémiques, dont plusieurs sont protégées :  Astragale de Bayonne (Astragalus baionensis), Silène de Thore (Silene uniflora subsp. thorei), Linaire à feuilles de thym (Linaria thymifolia), Linaire des sables (Linaria arenaria), Pensée de Kitaibel (Viola kitaibeliana), etc.

Ce secteur en évolution permanente est soumis fréquemment aux vents violents et grandes tempêtes. Le cordon dunaire a subi une forte érosion, avec un recul du trait de côte engendrant la formation de microfalaises au contact de la forêt de protection. Ces microfalaises peuvent mettre à jour des suintements d’eau douce ferrugineuse propice au développement de roselières et scirpaies littorales. Il s'agit de zones d'écoulement naturel des eaux de nappes peu profondes. Ces suintements hébergent par exemple l'Oseille des rochers (Rumex rupestris), très rare en Aquitaine.

Cette portion dunaire médocaine est également caractérisée par une grande originalité de la mycoflore à caractère méditerranéo-atlantique.

Des vestiges néolithiques, de l’âge du bronze, du fer et gallo-romain et des paléosols tourbeux constituent aussi une richesse archéologique à ajouter aux richesses biologique, écologique, paysagère et géomorphologique. La découverte d'un imposant panier à saumure tressé daté du néolithique récent au sein d'une butte d'argile arrachée à la côte fait partie des découvertes archéologiques majeures.

Cette partie du cordon dunaire présente également un intérêt potentiel pour la faune. De nouvelles prospections faunistiques sont à prévoir afin de préciser les enjeux liés à ce secteur. Notons toutefois la présence d'une espèce faunistique sensible sur le site pour laquelle la diffusion de cette information présente un risque pour la protection de l'espèce contre le dérangement, le prélèvement ou la destruction d’individus.

[Les listes d'espèces présentées en 7.1 et 7.2 concernent les principales espèces remarquables et/ou représentatives du site ; elles ne sont donc pas exhaustives]

Commentaires sur la délimitation

La délimitation a été réalisée par interprétation des photographies aériennes (2015) couplée à des inventaires de terrain. Elle tient également compte de la répartition des espèces déterminantes sur le secteur. En raison de l'érosion marine ou éolienne et du dépérissement des pins, le trait de côte évolue fortement d'une année à l'autre ; il est donc possible que la pertinence du contour diminue dans le temps. Aussi, il faut considérer que c'est l'ensemble du cordon dunaire qui est ciblé par la ZNIEFF, depuis l'estran sableux jusqu'à la forêt.

La ZNIEFF exclut les zones urbanisées ou trop artificialisées. Le site a été étendu au nord, au sud et à l'est, afin d'englober des habitats et stations d'espèces remarquables et d'intégrer la dynamique fonctionnelle du système dunaire.

Au nord, le site est prolongé pour inclure les falaises côtières et des fourrés préforestiers à Daphne gnidium jusqu'à la zone résidentielle de l'Amélie. Sur ce secteur, l'érosion récente du cordon dunaire a entraîné la formation de falaises sableuses, avec apparition de résurgences et d'habitats humides (scirpaie maritime pionnière, etc.) proches de certains habitats de lettes dunaires.

Au sud, l'extension cible des secteurs de dunes encore assez vastes, incluant des milieux humides et des stations d'espèces très rares comme la Linaire des sables ou l'Oseille des rochers (à confirmer). La limite proposée correspond à la limite communale entre Grayan-et-l'Hôpital et Vensac ; au-delà, la présence de la RD102E1 favorise la fréquentation et la dégradation du massif dunaire, avec un appauvrissement des peuplements.

A l'est (côté intérieur), l'extension permet d'inclure les fourrés pré-forestiers et les premières lignes arborées anémomorphosées, donc l'ensemble de la série de végétation du système dunaire. Dans certains cas (notamment au nord) la limite a également été décalée en partie dans le boisement, afin d'anticiper le recul probable du trait de côte dans les prochaines années.