ZNIEFF 730002961
Tourbière d'Escala

(n° régional : Z2PZ0015)

Commentaires généraux

La tourbière d’Escala est disposée à 550 m d’altitude, dans la partie sud du plateau de Lannemezan. Elle occupe une cuvette allongée formée par la source du ruisseau de Hamèze. Le climat est ici bien humide avec une position sommitale du site qui le soumet aux précipitations et à l’ensoleillement.

Les sols sont constitués de cailloutis du plateau de Lannemezan, galets disposés dans une masse argileuse. Ils sont très imperméables et permettent une forte résilience des eaux de précipitations.

Les habitats sont organisés en ceintures concentriques :

- boisement de tourbière dégradée, surtout de bouleaux, saules cendrés et bourdaines longeant les fossés de drainage qui reprennent vraisemblablement le cours de l’ancien ruisseau, incluant une ceinture de hautes herbes des milieux humides et de fougères (Eupatoire chanvrine [Eupatorium cannabinum], Dryoptéris des chartreux [Dryopteris carthusiana], et Osmonde royale [Osmunda regalis], déterminante...) ;

- vastes plages de roseaux (tourbière neutro-alcaline) développées surtout à l’ouest et au sud ;

- complexe de tourbière acide ayant en plus des espèces des bas-marais, des buttes de sphaignes assez isolées (Sphagnum subnitens) et plus ponctuellement du Rossolis intermédiaire (Drosera intermedia), de la Grassette du Portugal (Pinguicula lusitanica) et quelques massifs de Trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata), qui témoignent d’une évolution plus avancée de la tourbière (dépression sur substrat tourbeux, tremblant, tendance ponctuelle ? ou dégradée ? au développement de haut marais).

L’intérêt des groupements de tourbières est important, d’autant plus que les effets du drainage sont compensés par l’absence de relief et la forme compacte du site. Ils ont donc conservé à l’intérieur d’une ceinture périphérique dégradée un état acceptable. Le site est connu de longue date, et la plupart des espèces signalées dans les années 1980 (G. Dupias, com. pers.) y ont été retrouvées ou complétées.

On notera la juxtaposition dans la zone humide d’une partie à tendance neutro-alcaline, peuplée de Phragmite (Phragmites australis) et de Choin noirâtre (Schoenus nigricans, en progression) et d’une partie acide formant un complexe d’habitats tourbeux imbriqués, plutôt vers le centre et le nord du site.

La tourbière d’Escala est intéressante par la présence d’un cortège assez complet d’espèces végétales liées aux milieux tourbeux, avec notamment la Petite scutellaire (Scutellaria minor), l’Osmonde royale (Osmunda regalis), la Gentiane pneumonanthe (Gentiana pneumonanthe), bien représentée, la Bruyère à quatre angles (Erica tetralix), la Grassette du Portugal (Pinguicula lusitanica), protégée en région Midi-Pyrénées, la Parnassie des marais (Parnassia palustris), le Genêt d’Angleterre (Genista anglica) et le Cirse tubéreux (Cirsium tuberosum).

Sur le plan faunistique, on note la présence du Lézard vivipare. Une observation de Hibou des marais, faite lors de l’inventaire de la tourbière en 2006, est à confirmer. Les milieux présents constituent en outre des habitats potentiels pour une faune associée typique (papillons, oiseaux de la roselière), qui mériterait d’être étudiée plus en détail.

Les dégradations du site, fossés périphériques et boisements ou mises en culture du bassin versant remontent aux années 1970 ou au début des années 1980. Certains effets de ces altérations se sont estompés. Elles n’ont pas empêché, malgré la diminution de sa surface et de la qualité de son état général, le maintien de la forte richesse patrimoniale de la tourbière d’Escala.

Ce site présente un attrait supplémentaire du fait de son potentiel pour les études palynologiques et pour les vestiges qu’il est susceptible de contenir. En plus des habituelles fonctions de régulation hydraulique de ces milieux, la tourbière d’Escala s’insère dans un réseau de tourbières assez dense favorisant des échanges d’individus entre diverses populations, et contribue au maintien d’une biodiversité élevée sur le plateau de Lannemezan.

Commentaires sur la délimitation

La délimitation du site a été réalisée sur la base de l’agencement des zones humides persistant malgré la régression de la surface de tourbière. Leur limite est matérialisée par les fossés de drainage formant des ruisseaux périphériques, par les plantations de pins et également par un début d’urbanisation des abords du site à l’ouest.