ZNIEFF 730003013
Tourbière basse alcaline du Pradal de Montsalès et Villeneuve

(n° régional : Z1PZ0767)

Commentaires généraux

Cette ZNIEFF se trouve à l’extrémité ouest du département, dans le secteur géographique du causse de Villeneuve. Elle se situe dans une dépression marneuse liasique à l’aval du vallon aveugle du ruisseau du Rey. En effet, dans ce secteur, le ruisseau du Rey ainsi que des sources périphériques alimentent une zone marécageuse dont les eaux s’infiltrent progressivement plus au nord. Ces pertes s’expliquent par la présence d’une faille (camouflée par des formations superficielles) en bordure ouest de la dépression et mettant en contact cette dernière avec le compartiment calcaire du jurassique moyen. La saturation en eau de cette zone humide dépend donc de deux facteurs fluctuants qui sont le débit du réseau hydrographique et la capacité de drainage du réseau karstique adjacent. Des témoignages font état de la formation d’un lac temporaire de 1 000 m sur 800 m et d’une profondeur de 5 m lors d’années particulièrement pluvieuses ! Afin d’exploiter rationnellement ce marais, les agriculteurs ont creusé, dans le passé, un réseau de fossés de drainage pour emmener les eaux dans les zones d’infiltration. Rappelons qu’il était exploité pour l’empaillage des chaises et qu’une étude expérimentale sur la culture et la sélection des plantes de marais fut faite dans l’emplacement même de la ZNIEFF en 1908-1909 (Gèze, 1911). La ZNIEFF longe un versant en pente douce sur son bord ouest principalement occupé par des prés pâturés et des lambeaux de bois. Le bord opposé est surtout cultivé avec une dominante céréalière.

La zone correspondant à ce qu’il reste de l’emprise de l’ancien marécage concerne une des rares tourbières basses alcalines de l’Aveyron. Elle est caractérisée par une phragmitaie plutôt sèche à Phragmites australis mélangée à des Phalaris faux roseau (Phalaris arundinacea), et par une cariçaie, de plus faible étendue, à grandes laîches comme la Laîche des rives (Carex riparia) et celle du groupe elata (nigra et/ou elata) mêlées à de l’Iris des marais (Iris pseudacorus) ; des saules et la Viorne obier (Viburnum opulus) y sont disséminés. Cette zone humide représente un lieu d’hivernage pour l’avifaune, et abrite de nombreuses espèces de libellules. Bien que non déterminantes, la Laîche des rives (Carex riparia) et la Laîche élevée (Carex elata) sont considérées comme assez rares dans l’Aveyron.

Le réseau de canaux, les ruisseaux et un chapelet de petites pièces d’eau ont un intérêt particulier pour la flore aquatique (hydrophytes et hélophytes), et pour des populations de libellules (au moins 8 espèces) liées à ce type d’habitat et de végétation.

Des prés humides à cardamines dont certains sont balayés par des écoulements de sources sont favorables à une flore spécifique telle que Scutellaria galericulata, mais non déterminante.

Ce sont les cours d’eau et les prairies humides qui détiennent les espèces remarquables. Les prairies humides possèdent de belles stations de Fritillaire pintade (Fritillaria meleagris), assez rare dans l’Aveyron, associées à la Scille lis-jacinthe (Scilla lilio-hyacinthus) en lisière de bois. Les cours d’eau et surtout les canaux sont bordés de Massette à feuilles étroites (Typha angustifolia), assez rare en Aveyron. À la fois hydrophyte et hélophyte dans les canaux, le Plantain d’eau à feuilles lancéolées (Alisma lanceolatum) est très rare dans l’Aveyron (une station connue) ; aussi, à moins qu’il ne s’agisse d’une forme limite du Plantain d’eau commun (Alisma plantago-aquatica), cette donnée reste à suivre.

Les espèces recensées (citées plus haut) qui ne sont pas déterminantes au niveau régional restent tout de même assez rares dans l’Aveyron. Une libellule, l’Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), utilise les ruisseaux et les canaux pour sa reproduction. C’est une espèce typique de ces petits cours d’eau ensoleillés à débit modéré et pourvus d’un abondant tapis de végétation immergée, représentée ici par le Cresson des fontaines (Nasturtium officinale) ou la Renoncule à feuilles capillaires (Ranunculus trichophyllus). Cet agrion, peu commun en Midi-Pyrénées, reste encore bien présent dans ce département. Il est inscrit sur la liste rouge française en classe 5, et à l’annexe II de la directive « Habitats », et il est protégé au niveau national. À noter également l’importance de ce site pour l’hivernage des oiseaux (Bécassine des marais, Râle d’eau, Bruant des roseaux...). Des espèces rares en Aveyron y ont également été observées en halte migratoire : Chevalier arlequin, Râle des genêts, Bécassine sourde...

Commentaires sur la délimitation

Les limites linéaires suivent les cours d’eau, rus, canaux-fossés de drainage, en incluant de petites pièces d’eau (certains ne sont pas précisés sur carte IGN). Leur intérêt est d’ordre odonatologique et floristique. Elles se connectent au réseau inclus dans la partie principale de la ZNIEFF qui est une phragmitaie-cariçaie sur tourbière basse alcaline. Trois extensions (nord de la D248, les Bourriches et pointe 306 m) concernent des prairies humides à Fritillaria meleagris. La pointe sud-est est une prairie moins humide à cardamines et orchidées. Une petite zone défrichée de la phragmitaie est conservée en attendant son devenir…